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« La lutte contre le narcotrafic doit être une priorité nationale »

Jérôme Durain et Etienne Blanc, président et rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue, appellent dans « Le Monde » à une prise de conscience de l’ampleur du phénomène, qui impose de trouver des réponses adaptées.

Propos recueillis par  et

Publié le 14 mai 2024 à 10h06, modifié le 14 mai 2024 à 12h06

Temps de Lecture 4 min.

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Les sénateurs Etienne Blanc (Les Républicains) et Jérôme Durain (Parti socialiste) au Sénat, à Paris, le 13 mai 2024.

Jérôme Durain (Parti socialiste) et Etienne Blanc (Les Républicains), respectivement président et rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic, qui rend ses conclusions mardi 14 mai, pointent « la faiblesse de notre réaction publique » sur le trafic de drogue.

Que retenez-vous de ces six mois d’auditions, marquées par des interventions parfois préoccupantes sur l’état de la menace et les difficultés d’y faire face ?

Jérôme Durain : Avant d’entrer dans le fond de nos travaux, j’avais sans doute le sentiment confus que la drogue était l’affaire de certaines catégories sociales, de certains territoires. En réalité, c’est vraiment un sujet d’ordre public. On a un défi collectif à relever avec le narcotrafic. Son ampleur nous donne le sentiment qu’il y a un rapport du faible au fort dans lequel le fort, ce sont les organisations criminelles et le faible, c’est l’Etat. D’une certaine manière, on a un peu tous intériorisé l’idée de cette asymétrie.

Etienne Blanc : Ce qui m’a frappé, c’est la transformation de ce trafic, qui s’inscrit désormais dans des entreprises gigantesques d’une complexité extrême, pilotées par des têtes de réseau souvent basées à l’étranger. Ce qui marque aussi est l’utilisation de la violence au service de ces entreprises : une violence sans limite et qui touche tous les étages.

De ces 603 pages de rapport particulièrement dense, quelles recommandations sont pour vous les plus fondamentales ?

J. D. : Le chef-de-filât. Il y a un vrai problème de coordination dans la lutte contre le narcotrafic. Il faut donc qu’on ait cette DEA [Drug Enforcement Administration, Agence fédérale de contrôle des stupéfiants] à la française, qui devra être équilibrée avec le côté magistrature, en faisant un parallèle avec ce qu’on a réussi à construire du côté du terrorisme. Le deuxième sujet, c’est la question de l’argent. Nous devons être beaucoup plus performants sur ce sujet. L’obsession de la traque des avoirs criminels, de la saisie, de la confiscation, est indispensable. Et puis il y a un sujet transversal de moyens : on ne peut pas taper au portefeuille si on n’a pas des gens spécialisés pour le faire.

A propos de la corruption, vous dites que la France se trouve à un « point de bascule ». Quel degré de menace y associez-vous ?

J. D. : On est entre le signal faible et le signal d’alerte. Evidemment, ce problème concerne une toute petite minorité d’acteurs publics comme privés. Pourquoi est-ce inquiétant ? Parce que c’est à ce moment-là que la chaîne de la confiance dans nos institutions se corrode, quand certains maillons sont faibles. Il peut s’agir de choses apparemment anodines comme la consultation de fichiers, rémunérée à hauteur de 25 ou 50 euros – loin des 50 000 ou 100 000 euros pour déplacer un conteneur au Havre… Et pour autant, ça fait tomber des enquêtes, ça permet d’entraver l’action de la police et de la justice. C’est le moment de réagir parce que sinon on risque de se retrouver dans la situation de certains Etats où la puissance publique et les institutions sont affaiblies.

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