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#metoo des armées : au tribunal de Paris, prison ferme requise contre un sergent-chef accusé de harcèlement sexuel

Une jeune recrue de la marine a subi, sans répit, les propos d’un de ses collègues au secrétariat du cabinet de la ministre des armées. L’institution militaire n’avait sanctionné cet homme que de quinze jours d’arrêt.

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Publié le 17 mai 2024 à 09h03, modifié le 20 juin 2024 à 17h46

Temps de Lecture 3 min.

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Léa (qui requiert l’anonymat) est entrée dans la marine à 18 ans, elle en avait 21 lorsqu’elle a été affectée, en septembre 2021, au secrétariat du cabinet de la ministre des armées – Florence Parly à l’époque. « Un moment magique, un tremplin dans ma carrière. » Dans son bureau de l’hôtel de Brienne (dans le 7earrondissement de Paris), elle rencontre Julien M., son binôme, de dix-huit ans son aîné. Le harcèlement a commencé « dès le premier jour ».

Le président de la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris lit, jeudi 16 mai, de longs extraits de la plainte que Léa a fini par déposer après plusieurs mois de calvaire, une série de propos prononcés devant les collègues : « T’es mignonne dans ce pull » ; « J’aime bien les bottes montantes, ça m’excite » ; « Quand est-ce qu’on baise ? » ; « Toi, si tu ne fais pas bien ton boulot, je vais te baiser » ; « Tu rigoleras moins quand tu te seras fait sodomiser » ; « Tu marcheras moins droit après, les “marinettes”, ça encaisse mal, elles sont fragiles. » Assis en face de Léa, l’air contrit au possible, Julien M. fixe le sol de la salle d’audience.

Le président poursuit la lecture des griefs de la jeune femme envers cet ancien collègue, qui demande « tu ne me remercies pas ? » face à son silence, juste après lui avoir dit qu’elle avait « un beau cul » ; imagine qu’elle « mouille à en faire une flaque » quand elle s’adresse à un haut gradé ; vient coller sa joue contre la sienne pour regarder son écran d’ordinateur ; mime des gestes obscènes quand elle se savonne les mains ou se met du gel hydroalcoolique ; la suit dans les vestiaires et reste à la porte tandis qu’elle se change.

Complicité rigolarde des collègues

Julien M. se ratatine sur son strapontin au fil de cette lecture accablante. Le président l’invite à la barre. « C’est une honte, ce que j’ai dit est une honte, ce que j’ai fait une honte. » Julien M. « regrette profondément », n’aurait « jamais, jamais, jamais » dû avoir ce comportement, « ne [sait] pas comment l’expliquer », et tente de le faire en invoquant « la pression », « une surcharge de travail incommensurable », un moyen « d’évacuer [son] stress ». Bavard et maladroit, le prévenu promet que ses « bêtises » et son « comportement léger » relevaient de l’humour : « Je pensais que je pouvais sortir ce genre de blague, qu’elle comprenait que c’était de l’absurde. »

Léa lui succède à la barre. « Au début, je répondais en souriant puis je me suis mise à dire que ça ne me faisait pas rire, et comme ça ne cessait pas, j’en suis arrivée au point où je ne disais plus rien et j’acquiesçais bêtement. »

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