C’est le genre d’affaires dont la police judiciaire parisienne aime à s’enorgueillir, une enquête rapide qui n’est cependant pas encore tout à fait terminée. Jeudi 16 mai, aux alentours de 16 h 30, la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la Préfecture de police a conclu le travail entamé par la brigade criminelle en interpellant Mohamed B., 49 ans, fortement soupçonné d’être lié à un double assassinat commis non loin de la Cité basse, à Sevran (Seine-Saint-Denis), le 5 mai.
Les victimes étaient âgées de 33 et 35 ans et connues pour des faits de violences et de trafic de stupéfiants. L’homme a été appréhendé à Bobigny, une autre ville du même département – « à la décarrade », comme les policiers désignent les interpellations sur la voie publique.
« Il a été placé en garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle au 36 rue du Bastion [à Paris, 17e], mais ne s’est pas exprimé pour le moment », indiquait son avocat, Me Denis Giraud, vendredi soir 17 mai. D’après nos informations, outre le double assassinat de Sevran, Mohamed B. serait également entendu dans le cadre de l’enquête pour une tentative d’homicide commise fin 2023 en Seine-Saint-Denis.
Défavorablement connu des services de police, selon l’expression consacrée, Mohamed B., surnommé « Cauchemar », avait déjà été condamné en 2007 pour un homicide commis le 4 novembre 2004, au pied de la cité Gaston-Roulaud à Drancy (Seine-Saint-Denis). La victime, Rabah Messaoudi, 29 ans, était l’une de ses anciennes relations d’affaires dans le business de la drogue, à qui il reprochait de lui avoir « carotté » (dérobé) quelque 30 kilos de cannabis. Alors défendu par Me Denis Rigaud et son confrère Eric Dupond-Moretti, actuel garde des sceaux, Mohamed B. avait été condamné à dix-huit ans de prison.
L’arrestation de « Cauchemar » survient alors qu’une série d’homicides et de tentatives d’homicide liés au trafic de stupéfiants ensanglante la Seine-Saint-Denis depuis une dizaine de jours. Outre le dossier judiciaire dans le cadre duquel a été interpellé Mohamed B., un homme de 28 ans a été assassiné – et sept autres blessés – dans le quartier des Beaudottes, à Sevran, le 3 mai ; la veille, le 2 mai, un homme de 33 ans avait également trouvé la mort après avoir reçu une balle dans la nuque au cours de ce qui était apparu comme un règlement de comptes exécuté par un professionnel, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Si ces faits ne sont pas nécessairement liés, ils illustrent cependant la recrudescence des violences dans ce département situé au nord de Paris, le plus criminogène de France métropolitaine et l’une des places fortes du deal de drogue en région parisienne.
Il vous reste 60.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.