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Une grève des pharmacies massivement suivie en France : 18 000 officines sur 20 000 ont fermé

La profession manifestait contre les pénuries persistantes de médicaments, une rémunération jugée insuffisante et un risque de dérégulation de la vente en ligne.

Le Monde avec AFP

Publié le 30 mai 2024 à 18h38, modifié le 31 mai 2024 à 11h21

Temps de Lecture 2 min.

Une pharmacie fermée pour cause de grève à Rennes, le 30 mai 2024.

L’appel à la grève des pharmacies a été massivement suivi en France. Plus de 18 000 officines sur les 20 000 présentes dans le pays ont baissé le rideau jeudi 30 mai pour exprimer la colère de la profession contre les pénuries persistantes de médicaments, une rémunération jugée insuffisante et un risque de dérégulation de la vente en ligne.

Au total, 30 000 personnes sont descendues dans la rue sur l’ensemble du territoire, selon l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). C’est six fois plus que lors de la dernière grande mobilisation de 2014 pour cette profession qui a exprimé largement sa lassitude face aux pénuries qui lui font perdre « beaucoup de temps » et diminuent leurs rémunérations.

Sur les pancartes du cortège parisien parti de la faculté de pharmacie pour rejoindre le ministère de l’économie, on pouvait lire « Médicaments en pénurie, patients à l’agonie » ou « Pour continuer à soigner votre crève, on fait grève ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Comment l’Etat veut enrayer la pénurie de médicaments

La mobilisation en province a aussi été très forte. « Il y a un mois, une pharmacie a encore fermé à Limoges. On atteint un point de non-retour, la situation de la profession est tout simplement dramatique », assure Marion Lemaire, coprésidente du syndicat des pharmaciens de la Haute-Vienne, qui a défilé avec quelque 400 personnes, à Limoges.

Réquisitions sur ordre préfectoral

Dans les Bouches-du-Rhône, 650 pharmacies sont restées portes closes, dont 330 rien qu’à Marseille, soit 95 % des établissements selon le président de l’ordre des pharmaciens du département, Stéphane Pichon. Le mouvement a rassemblé tous les représentants de la profession : syndicats, groupements de pharmaciens, étudiants.

Des pharmacies ont été réquisitionnées par décision préfectorale pour assurer la permanence pharmaceutique obligatoire. La plupart des officines ont prévenu leur clientèle par courriel, écran ou affiches collées dans les vitrines.

Les syndicats réclament une revalorisation de la rémunération dès 2025, faisant valoir l’inflation qui pèse sur les charges. Les dernières propositions de l’Assurance-maladie, dans le cadre des négociations conventionnelles entamées fin 2023, sont jugées « insuffisantes ». Les représentants des pharmaciens seront convoqués le 5 juin pour une « réunion conclusive » avec l’Assurance-maladie, selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Interrogé jeudi sur France 5, le premier ministre Gabriel Attal a évoqué négociations. « Il y a des propositions qui ont été faites, notamment une revalorisation des honoraires, je crois, de l’ordre de 10 %, une majoration des rémunérations pour le travail de nuit, d’autres mesures », a-t-il souligné. « Il faut que les discussions se poursuivent et qu’elles puissent aboutir. »

Lire aussi (2023) : Article réservé à nos abonnés Quand les pharmacies cherchent désespérément des repreneurs

La peur d’Amazon

Outre l’aspect financier, la profession s’inquiète aussi, comme en 2014, d’une possible volonté de simplifier la vente en ligne de médicaments sans ordonnance. « Tous les éléments sont là pour tuer le réseau » d’officines qui emploient 130 000 personnes au total, alerte Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.

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« Il faut raison garder », a déclaré de son côté à l’Agence France-Presse (AFP) le député Marc Ferracci (Renaissance, Français établis hors de France). Il y a bien « une réflexion pour savoir s’il est pertinent ou non d’assouplir » les règles de vente en ligne des médicaments sans ordonnance, confirme-t-il, mais sans « remettre en question le principe du monopole » des officines.

Plusieurs syndicats de pharmaciens refusent catégoriquement « les stocks déportés » à un endroit autre que l’officine. Ils craignent de voir le géant de la vente en ligne américain Amazon débarquer un jour sur ce terrain. « Il ne s’agit pas d’ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution ni de mettre des médicaments sur Amazon. Cela n’a aucun sens », assure M. Ferracci, qui veut mettre fin aux « spéculations » qui ont animé la presse spécialisée ces dernières semaines.

Le Monde avec AFP

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