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Comment les soignants de pédiatrie s’adaptent à l’afflux d’adolescents en souffrance : « On se sent parfois démunis »

Rempli pour moitié de jeunes en détresse psychique, âgés de 12 à 15 ans, souvent faute de place en psychiatrie, le service de pédiatrie générale de l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, voit ses soignants s’interroger sur leur rôle et leur pratique.

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Publié le 12 juin 2024 à 06h13, modifié le 12 juin 2024 à 08h46

Temps de Lecture 7 min.

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« La Malade » (« Das Kranke Mädchen »), lithographie d’Edvard Munch, 1896.

Quelle attitude adopter ? Que dire, ou ne pas dire ? Ce sont des questions simples pour des situations qui ne le sont pas, que se posent les soignants de pédiatrie, depuis l’arrivée en nombre dans leur service de jeunes adolescents – des filles en grande majorité – en grande souffrance psychique, le plus souvent après une tentative de suicide, raconte Catherine (qui a souhaité rester anonyme), infirmière à l’hôpital Antoine-Béclère (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), à Clamart (Hauts-de-Seine).

Au quatrième étage de l’une des grandes barres de ce mastodonte hospitalier, les dix-sept lits de pédiatrie générale sont, pour moitié au moins, désormais occupés en permanence par des jeunes en détresse mentale. Une vingtaine d’autres lits du service accueillent, dans le reste du bâtiment, les plus petits. Cela fait vingt ans que Catherine exerce dans cet hôpital, et, si elle a du mal à dater précisément cette « vague », elle – comme d’autres – évoque un « avant » et un « après » Covid-19, tout en soulignant que l’augmentation du nombre d’adolescents à Antoine-Béclère a démarré « plus tôt ». Un phénomène auxquels de nombreux services de pédiatrie sont confrontés, alors que les places en pédopsychiatrie manquent.

« IMV » pour intoxication médicamenteuse volontaire ; « IS » pour idées suicidaires… Sur la liste des quinze patients hospitalisés, en cette journée de mai pluvieuse, les acronymes s’alignent et laissent deviner les alertes sur la santé mentale, qui résonnent depuis des mois. Sept adolescents sont pris en charge pour ces motifs, le jour de notre présence dans l’hôpital : six filles, un garçon. La majorité d’entre eux ont 14 ans, un seul en a 15, deux ont seulement 12 ans. Certains en sont à leur quatrième « tentative », d’autres sont revenus à l’hôpital avant le « passage à l’acte », dès que les idées noires sont remontées. Une petite victoire.

« Situations à risque »

Dans l’équipe de pédiatrie, le chamboulement est majeur. « On n’est pas préparés à ça, on a choisi de soigner des enfants, de faire des prises de sang en réussissant à chanter les petites marionnettes. Je schématise un peu, mais vous voyez l’idée, dit Catherine. Alors, faire des contentions pour des ados, qui représentent un danger pour elles-mêmes ou pour les autres… ça reste ultra-choquant. »

Au quotidien, c’est un état d’extrême vigilance qui est nécessaire : « Ce sont des situations à risque, tout le temps », résume l’infirmière, encore marquée par ces moments de crise, auxquels le service est confronté désormais plusieurs fois par an. Comme ce jour où il a fallu une dizaine de soignants pour contenir une jeune fille. Ou cette matinée où, en plein branle-bas de combat, après qu’une jeune fille a avoué avoir caché pendant des jours son traitement et a avalé tous ces médicaments d’un coup, sa voisine s’est, elle, enfermée dans la salle de bains et a serré tellement fort un lien autour de son cou qu’il a fallu d’interminables secondes pour réussir à la sauver.

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