Une nouvelle dissolution ? Invité par BFM-TV, mercredi 19 juin, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé son intention de « proposer très bientôt » au président de la République de dissoudre au conseil des ministres le Groupe Union Défense (GUD), un groupuscule étudiant d’extrême droite régulièrement mis en cause pour ses actions et ses prises de position xénophobes. Davantage qu’un sigle, le GUD représente une véritable matrice historique de la contestation étudiante d’extrême droite, régulièrement mis en sommeil, puis réactivé.
La mouvance identitaire figure parmi les cibles fréquentes de M. Darmanin, qui assure travailler à cette dissolution depuis neuf mois – le site d’informations StreetPress avait fait état d’un tel projet dès janvier. Mais cette annonce, à onze jours du premier tour des élections législatives, est aussi destinée à embarrasser le Rassemblement national (RN), en rappelant les liens étroits entre certains « gudards » historiques et plusieurs dirigeants du parti, à commencer par Marine Le Pen.
Pour M. Darmanin, cette organisation, qui prône « une suprématie blanche » et tient « des propos antisémites extrêmement graves » témoignerait d’une grande proximité « avec beaucoup de gens du Rassemblement national », du moins en ce qui concerne ses « dirigeants » : « Tous les amis de madame Le Pen ne sont pas très démocrates. Ça, c’est certain », a-t-il ajouté, précisant que plusieurs faisaient l’objet d’une fiche « S ».
Encombrant compagnonnage
En mai 2023, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, autrefois intime d’Axel Loustau, et surtout de Frédéric Chatillon, deux figures du GUD avec lesquelles elle entretenait, par ailleurs, des relations commerciales par le biais de leurs entreprises de communication, assurait avoir pris de la distance avec les deux hommes, dont le premier avait participé à un défilé néofasciste dans les rues de Paris, le 6 mai – le second avait soutenu l’initiative. « Les liens se sont distendus, déclarait-elle alors au Monde. (…) J’ai Frédéric [Chatillon] au téléphone de temps en temps. On ne parle absolument jamais de politique. (…) La culpabilité par capillarité, c’est un fonctionnement totalitaire. »
A plusieurs reprises, mais sans faire publiquement état de cette démarche, Mme Le Pen avait tenté de couper les liens entre M. Chatillon et son parti, notamment en expédiant en Italie, où vit désormais l’ex-responsable du GUD, un émissaire ayant côtoyé les réseaux du groupe étudiant dans sa jeunesse – une initiative « diplomatique » avait été fort peu goûtée par Frédéric Chatillon.
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