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#metoo des armées : un sergent-chef coupable de harcèlement sexuel condamné à deux ans de prison avec sursis

Pendant quatre mois, dès le jour de son arrivée au secrétariat du cabinet de la ministre des armées, une jeune collègue avait eu à subir quotidiennement ses commentaires sexistes.

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Publié le 20 juin 2024 à 19h24, modifié le 20 juin 2024 à 19h31

Temps de Lecture 3 min.

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C’est un jugement marquant, d’une sévérité rare dans les affaires militaires : Julien M., sergent-chef de 41 ans, a été condamné, jeudi 20 juin, à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, qui l’a reconnu coupable de « harcèlement sexuel » au préjudice de Léa (prénom modifié), une collègue de dix-huit ans sa cadette au sein du secrétariat du cabinet de la ministre des armées.

Cette peine est assortie d’une interdiction d’exercer la profession de militaire pour trois ans, de trois ans d’inéligibilité, ainsi que d’un stage de lutte contre le sexisme et de sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les hommes. La condamnation figurera au bulletin n° 2 du casier judiciaire de Julien M., dont la carrière militaire est désormais fortement compromise.

Pendant quatre mois, dès le jour de son arrivée à l’hôtel de Brienne (dans le 7earrondissement de Paris), Léa avait eu à subir quotidiennement les incessants commentaires sexistes de son collègue, longuement énumérés à l’audience : « Quand est-ce qu’on baise ? » ; « Si tu ne fais pas bien ton boulot, je vais te baiser » ; « Tu rigoleras moins quand tu te seras fait sodomiser », etc. Le président du tribunal avait également listé les comportements litigieux du sergent-chef, qui pouvait venir coller sa joue contre celle de la jeune femme pour regarder son écran d’ordinateur ou la suivre dans les vestiaires.

« Trois ans de souffrance et de peur »

Quatre mois ferme et vingt mois avec sursis avaient été requis par le parquet, le 17 mai, au terme d’une audience marquée par la contrition aussi bien appuyée que maladroite du prévenu. « C’est une honte, ce que j’ai dit est une honte, ce que j’ai fait une honte », avait alors déclaré Julien M. qui avait dit « regrette[r] profondément » son comportement, mis sur le compte de la « pression » liée à « une surcharge de travail incommensurable », tout en estimant qu’il relevait de l’humour : « Je pensais que je pouvais sortir ce genre de blague, qu’elle comprenait que c’était de l’absurde. »

Léa, elle, avait raconté sa « descente aux enfers », depuis sa « peur » de dénoncer les faits jusqu’à son internement en hôpital psychiatrique après une tentative de suicide, en passant par les réactions déplacées de sa hiérarchie et le « dégoût » qu’elle éprouve désormais vis-à-vis de l’institution militaire. La jeune femme, entrée dans la marine à 18 ans, et qui visait un poste à l’Elysée, avait soupiré : « Il a tout fracassé. »

C’est avec le sourire que Léa est sortie, jeudi, de la salle d’audience, où l’avaient accompagnée ses parents. « C’est un immense soulagement, tout ce que j’ai enduré a été reconnu par la justice, a-t-elle réagi. C’est l’aboutissement de trois ans de souffrance et de peur. » Trois années qui lui ont néanmoins « permis de reprendre conscience que l’être humain n’est pas mauvais, parce que j’avais un peu perdu la foi en tout ça, à cause du monde militaire ».

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