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Dans le centre-ville, la pharmacie entirement détruite a laissé la place à un terrain vide en attendant la construction d'un nouvel immeuble.
NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

A Montargis, un an après les émeutes, la ville a retrouvé ses atours, mais la blessure reste dans tous les esprits

Par  (Montargis (Loiret), envoyée spéciale)
Publié le 27 juin 2024 à 15h00, modifié le 27 juin 2024 à 19h36

Temps de Lecture 5 min.

Le propriétaire du magasin Alexander’s, Edouard Retamar, dans sa boutique provisoire, à Montargis (Loiret), le 22 juin 2024.

Edouard Retamar ne se fait pas prier pour montrer les photos de son futur comptoir, chiné à Lille, symbole de son nouveau départ. « Ça m’a pris un an, mais j’ai enfin trouvé celui que je voulais pour remeubler la boutique dans le même esprit ! », explique le commerçant dans le magasin où il a provisoirement repris son activité à l’automne 2023, en attendant la remise à neuf de son ancienne adresse. « Il y a des hauts et des bas, mais on avance. J’espère que les travaux vont bientôt commencer. » Le Monde l’avait rencontré il y a un an, sous le choc : Alexander’s, son élégante boutique de prêt-à-porter, venait de partir en fumée, emportée dans la folle descente de deux cents émeutiers dans la calme Montargis, sous-préfecture du Loiret.

Cette nuit du 29 au 30 juin 2023, deux jours après la mort de Nahel, tué par un policier, près d’une centaine de commerces y ont été vandalisés. Incendié, l’immeuble qui hébergeait la pharmacie de la rue Dorée s’est effondré. A sa place, un grand vide, partiellement comblé par les poutres de soutènement de l’immeuble voisin.

« C’est devenu un lieu de pèlerinage, quand les gens passent en ville », raconte une commerçante. « On était là quand la pharmacie s’est effondrée, ça nous a fait un coup au cœur », se remémore un couple avec effroi. « Un choc », confie un quinquagénaire. « J’ai pensé “c’est la honte que des jeunes d’ici aient osé faire ça” », témoigne une étudiante. « Depuis, la ville s’est un peu arrêtée », juge un électricien de 60 ans.

« Tourner la page »

Le maire, Benoît Digeon (Les Républicains, LR), constate une baisse de fréquentation de la ville « tout à fait notable », qu’il attribue autant aux émeutes qu’au prix élevé du carburant : « Notre zone de chalandise, ce sont les 135 000 habitants du Gâtinais. Avant, ils venaient trois fois par semaine, maintenant, ils ne viennent qu’une fois tous les dix jours. » Il est parvenu à ajouter in extremis au projet de redynamisation du centre-ville le remplacement de la pharmacie par un immeuble de boutiques et d’appartements destinés au personnel des usines voisines, Hutchinson et ICT.

Benoît Digeon, maire Les Républicains de Montargis (Loiret), le 22 juin 2024.

« Rebondir, vite », c’était le mantra local il y a un an. La plupart des commerces avaient ainsi rouvert moins d’une semaine après les faits. A Noël, le visiteur de passage ne remarquait guère les stigmates du saccage. Les Montargois, eux, n’ont rien oublié, mais voudraient « tourner la page ».

Les candidats aux législatives l’ont bien compris, qui n’évoquent quasiment pas l’événement dans les tracts qu’ils distribuent devant le marché en ce samedi 22 juin. « Il me semble qu’on l’a mis quelque part… », hésite le député Rassemblement national (RN) Thomas Ménagé, en parcourant son dépliant. Une allusion brève, au neuvième des onze paragraphes d’un texte mettant surtout en avant son « travail de terrain ». « Certains pensaient qu’on en ferait des caisses mais nous n’en faisons pas un événement majeur de la campagne. Les émeutes sont juste un révélateur d’une insécurité que les gens vivent au quotidien, explique le député élu largement (63,4 % des voix) devant le candidat Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), Bruno Nottin, en 2022. Et nous ne voulions pas insister sur des faits donnant une image négative du territoire. »

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