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Trafic de drogue : l’essor des « call centers », points de deal virtuels

Les applications avec standardistes et livreurs fleurissent, offrant un service rapide et surtout très discret, pour les trafiquants et les consommateurs. Au premier trimestre 2024, quinze réseaux du ressort de la Préfecture de Paris ont été démantelés.

Par  et

Publié le 02 août 2024 à 05h30, modifié le 02 août 2024 à 15h48

Temps de Lecture 6 min.

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Comme son nom le promet, la plate-forme de livraison Speed Delivery n’avait pas coutume de faire languir ses clients. A la manière d’une jeune pousse de l’ubérisation des services, cette petite structure opérant depuis le nord de Paris savait instantanément envoyer ses livreurs motorisés après avoir reçu ses commandes par une application chiffrée. Mais Speed Delivery ne versait pas dans la restauration rapide. Son menu était d’une autre nature. Les investigations policières menées au fil de l’année 2022 ont révélé que figuraient à son catalogue cocaïne, cannabis, 3MMC, Tina (une méthamphétamine), GBL, mais aussi du Kamagra, un médicament indien favorisant l’érection.

Lire aussi (2022) | Article réservé à nos abonnés Une nouvelle substance par semaine : le redoutable essor des drogues de synthèse

En coulisse, les écoutes policières dévoilent une organisation calibrée, où chacun accomplit une mission précise, derrière son pseudonyme – « Big Pharma », « Kadhafi », « Maître Yoda » ou encore « Tahiti ». Au total, quatorze individus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Paris, du 24 mai au 4 juin, pour « trafic de stupéfiants », mais aussi « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de dix ans d’emprisonnement ». Des peines graduelles, allant du simple sursis jusqu’à sept ans ferme, selon la position dans le réseau, ont été prononcées.

Ce réseau de trafic de stupéfiants dématérialisé s’appuyait sur un cloisonnement des tâches et des relations entre clients et livreurs. Les coursiers, à scooter ou en voiture, pouvaient faire jusqu’à quarante livraisons par jour pour les plus actifs – des missions réparties entre Speed Delivery et deux autres plates-formes annexes, baptisées « Mister Delivery » et « Shay ». Le travail était rémunéré environ 700 euros par semaine, voire plus de 1 200 euros selon le nombre de déplacements.

Standardiste, coordinateur, livreur

Au rythme des réapprovisionnements effectués en Belgique et aux Pays-Bas, des conditionnements de la marchandise réalisés depuis un appartement des Lilas (Seine-Saint-Denis), et des courses incessantes des livreurs, la start-up aura perduré même au-delà de l’interpellation de l’un des livreurs présumés, signalée par le message « Tahiti s’est fait péter », échangé par ses complices au printemps 2022.

Le procès de Speed Delivery n’est pas simplement celui d’une combine isolée. Il raconte un modèle économique en croissance : celui des « call centers » (« centres d’appels ») des trafics de « stups », véritables plates-formes d’appels en ligne pour la commande de produits stupéfiants, qui permettent un « service » rapide, efficace et, surtout, très discret.

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