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JO 2024 : le coût pour accueillir la flamme olympique fait polémique

Plusieurs départements ont préféré renoncer à accueillir la flamme olympique en raison du prix exigé par le comité d’organisation. A l’inverse, d’autres veulent voir le relais passer par chez eux, espérant des retombées économiques.

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Publié le 22 février 2022 à 14h24, modifié le 26 mars 2024 à 10h43

Temps de Lecture 4 min.

Lors de la cérémonie d’allumage de la flamme olympique destinée aux Jeux de Pékin 2022. A Olympie, en Grèce, le 18 octobre 2021.

La flamme olympique ne passera pas par la Creuse. Pas non plus par la Haute-Vienne, la Loire-Atlantique, l’Indre-et-Loire, les Côtes-d’Armor, l’Orne, les Vosges ou encore le Lot-et-Garonne. Alors que Paris doit accueillir les prochains Jeux olympiques, en 2024, et que le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) rêvait d’un passage de la flamme olympique dans l’ensemble des départements français, ils sont déjà nombreux à avoir mis leur veto. En cause, le prix demandé : 150 000 euros par département.

« La flamme olympique ne viendra pas en Creuse, c’est un problème de coût », a simplement résumé Marie-Christine Bunlon, vice-présidente du département chargée des sports, auprès de La Montagne, le 10 février, rappelant que le coût a progressivement augmenté, passant de 80 000 euros au départ à 150 000 euros aujourd’hui.

La facture passe même à 180 000 euros une fois que toutes les taxes ont été comptabilisées, ajoute Jean-Claude Leblois, le président du conseil départemental de la Haute-Vienne. « Il s’agit de 180 000 euros pour une seule journée et, en plus, c’est compter sans le coût des animations. C’est exorbitant », regrette-t-il.

« Cette somme, c’est la moitié de mon budget pour financer des manifestations sportives à l’année », complète Ludovic Gouyette, vice-président du département des Côtes-d’Armor, interrogé par Ouest-France, qui va lui aussi faire l’impasse. Il note par ailleurs qu’il « faudrait ajouter les frais annexes, pour la sécurité, les animations… ». « Je suis tombée de ma chaise ! », se souvient, sur France Bleu, Sylvie Giner, vice-présidente du département d’Indre-et-Loire, chargée du sport et de la culture.

Le même prix pour tous ?

Ce chiffre est d’autant plus élevé pour certains départements qu’ils ne sont pas autorisés à s’associer au secteur privé pour amortir les coûts, puisque « le COJO a la volonté d’associer plusieurs de ses partenaires à l’événement à trois rangs distincts. Coca-Cola et Toyota, sponsors du CIO et partenaires du relais de la flamme des Jeux de Tokyo, seront prioritaires pour les Jeux parisiens », écrivait L’Equipe, dès le mois de décembre 2021. Ils peuvent, en revanche, « partager la facture avec des acteurs publics ».

Pour le vice-président du département de la Haute-Vienne, Thierry Miguel, le système proposé par le COJO pour l’accueil du relais est inéquitable, tous les départements ne disposant pas des mêmes budgets. C’est pour cela qu’il a émis l’hypothèse d’un prix différent selon les départements, arguant de « la différence de moyens qu’il peut exister entre les Hauts-de-Seine et la Creuse », par exemple.

Du côté de la Loire-Atlantique, au-delà du tarif, on regrette également de ne pas pouvoir choisir le jour du passage de la flamme : « Si c’est un jour de semaine où les 400 000 licenciés amateurs sont à l’école ou au travail, ce n’est pas la même chose que si c’est un samedi », souligne Louise Pahun, vice-présidente du conseil départemental, interrogée par Ouest-France.

« Une participation au coût »

« Cette somme paye une partie de ce que coûte chaque journée du passage de la flamme : c’est de la logistique, de la signalétique, des relayeurs, des animations… », a répondu Michaël Aloïsio, porte-parole du comité d’organisation Paris 2024, auprès de France Bleu. Selon Tony Estanguet, le président du COJO, le tarif demandé est « aussi le résultat d’un benchmark que l’on a réalisé auprès d’autres événements itinérants », se défend-il dans L’Equipe.

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A titre d’exemple, pour accueillir le Tour de France, une ville devait verser à l’organisateur (Amaury Sport Organisation) 65 000 euros pour accueillir le départ d’une étape, 110 000 euros pour l’arrivée et 160 000 pour les deux, en 2021. Mais, après ce versement, elle n’avait acquis que les droits d’accueillir la course, rappelle Patrick Clastres, historien du sport et professeur à l’université de Lausanne (Suisse) : « En plus, il faut payer les coûts afférents. Ça peut être des dizaines de milliers d’euros en plus. » La ville de Fougères, qui accueillait l’arrivée de la quatrième étape de l’édition 2021, avait ainsi prévu 60 000 euros de dépenses supplémentaires pour l’organisation de l’événement.

« On n’est pas dans une logique de gagner de l’argent, argue Tony Estanguet dans L’Equipe. C’est une participation au coût, car les coûts qui sont générés par ce parcours du relais de la flamme sur trois mois sont beaucoup plus importants que la contribution qui est demandée aux départements. (…) Le prix n’a pas été fixé par Paris 2024, mais on a associé les associations d’élus et ces derniers ont trouvé que c’était un prix accessible à l’ensemble des territoires. »

Tony Estanguet affirme d’ailleurs qu’« une très grande majorité de départements a déjà accueilli très positivement la démarche ».

L’espoir de retombées économiques

L’Aisne et le Nord se sont portés candidats, tout comme le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Deux-Sèvres, écrivait l’Agence France-Presse (AFP), le 15 février. Des départements auxquels on peut ajouter le Tarn, l’Aveyron, l’Aude et la Haute-Garonne, qui ont confirmé leur candidature auprès de La Dépêche du Midi. Vincent Saulnier, le vice-président du conseil départemental de Mayenne, a confirmé que la flamme olympique passera bien par le département, mettant en avant son taux de licenciés, et y voyant « un moyen de valoriser les territoires », pour un tarif « raisonnable » et « échelonnable sur trois ans ».

Stéphane Villain, vice-président de Charente-Maritime chargé du tourisme et des sports, s’est également dit prêt à accueillir la flamme olympique, soulignant le rôle bénéfique du passage du Tour de France 2020, au cours duquel le département avait accueilli la journée de repos, puis une étape entre l’île d’Oléron et l’île de Ré, avant d’organiser un nouveau départ à Châtelaillon-Plage. « Nous en touchons encore les retombées touristiques », a d’ailleurs assuré M. Villain à l’AFP.

Patrick Clastres semble cependant moins optimiste pour le passage de la flamme. Si l’historien du sport note que ce relais peut provoquer un certain engouement, notamment dans les pays asiatiques, dans la « vieille Europe », les sentiments sont plus contrastés, note-t-il, évoquant un certain « désenchantement ». « Je ne crois pas aux retombées économiques, assène-t-il. Ce n’est pas un événement qui a le même retentissement qu’accueillir un Tour de France. Vous avez une visibilité mondiale quand vous accueillez le Tour de France. Des touristes, des suiveurs, des passionnés se déplacent et génèrent une activité hôtelière et marchande. Pour la flamme olympique, les gens ne vont pas venir spécialement, et ne viendront pas porter la flamme dans un département qui n’est pas le leur. Le passage de la flamme, c’est un non-événement, sauf pour celles et ceux qui la portent. »

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