Pendant la durée des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), un centre de santé – ou une polyclinique selon le terme officiel – temporaire sera opérationnel au cœur du village olympique, qui accueillera plus de 15 000 personnes (athlètes et membres des délégations), afin de prendre en charge les urgences et le premier recours à un médecin. C’est à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qu’il reviendra de créer et gérer ce centre, dont le fonctionnement et le financement seront encadrés par une convention conclue avec le Comité d’organisation des JOP (Cojop). Celle-ci vient d’être signée, a annoncé la ministre des sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castéra, mardi 21 mars, à l’occasion de l’examen par l’Assemblée nationale du projet de loi relatif aux JOP et portant diverses autres dispositions.
Cette convention prévoit, entre autres, « explicitement le principe d’une compensation à l’euro près » Paris 2024 des dépenses directes et indirectes engagées par l’AP-HP et liées au coût de fonctionnement (rémunération des personnels, coût des fournitures, équipements, médicaments), selon Christine Le Nabour (Rennaissance) ), la rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales.
L’AP-HP détachera un directeur administratif, un directeur médical, un cadre de santé, ainsi qu’une quinzaine de référents par discipline exercée. Au pic de l’activité, l’établissement public estime à un peu moins de 200 professionnels les forces vives nécessaires, toutes spécialités et métiers confondus, dont 35 médecins, une quinzaine d’infirmières et d’infirmiers, 28 kinés. Il ne s’agira pas que de personnels de l’AP-HP, même si cette dernière en aura la responsabilité. Et ce seront tous des volontaires, français principalement (environ 200), mais aussi internationaux.
L’AP-HP remboursée « 30 jours après l’émission des factures »
Le coût de fonctionnement est estimé « à ce jour à 3,8 millions d’euros », selon la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, qui précise que la convention ne porte pas sur la compensation, pour l’AP‑HP, de l’éventuelle prise en charge des athlètes et encadrants au sein des hôpitaux.
Ces coûts seront couverts par une assurance privée, contractée par Paris 2024, à hauteur d’au moins 200 000 euros, et c’est l’Etat qui prendra en charge les dépenses excédant le montant de cette couverture.
Les remboursements à l’AP-HP par le Comité d’organisation des Jeux se feront « à 30 jours après l’émission des factures. Cet engagement est pris noir sur blanc dans la convention », a précisé, mardi, Amélie Oudéa-Castéra. Au regard des besoins de santé lors des précédents JO, l’AP-HP estime qu’environ 700 consultations par jour devraient être réalisées.
La convention prévoit également « la création d’un comité qui suivra au jour le jour les dépenses », a précisé Christine Le Nabour.
En cas de soins plus lourds à opérer, trois hôpitaux référents de l’AP-HP prendront le relais : pour les athlètes, Bichat, pour les médias, Avicenne, pour les délégations, l’hôpital européen Georges-Pompidou.
Inquiétudes sur « la continuité du fonctionnement de l’AP-HP »
La création de ce centre de santé temporaire - votée mardi par les députés dans le cadre de l’examen du projet de loi olympique - et l’appel aux volontaires suscitent des inquiétudes sur un possible « siphonnage » des ressources humaines des hôpitaux, tout particulièrement en Ile-de-France, alors que ces établissements connaissent déjà habituellement en période estivale des tensions en matière de personnel.
« Les affectations des moyens pour le centre polyclinique ne doivent pas se faire au détriment de la continuité du fonctionnement de l’AP-HP, quand on sait qu’il y a 7 % à 8 % déjà des postes d’infirmiers qui ne sont pas pourvus », a ainsi lancé, mardi, Jérôme Guedj (Parti socialiste)
« L’été dernier, un service sur cinq était en danger de fermeture par manque de personnels dans notre pays », a relevé pour sa part Léo Walter (La France insoumise), estimant « urgent d’évaluer l’impact en termes d’accueil et de moyens nécessaires pour les hôpitaux et d’en tirer les conséquences ».
« On partage absolument tous cette importance accordée à la continuité de l’offre de soins », lui a répondu Amélie Oudéa-Castéra, ajoutant que « c’est quelque chose que nous travaillons et dont nous discutons beaucoup avec le ministre de la santé et le Cojop, y compris dans les modalités de sélection de ces volontaires médicaux, qui viendront le plus possible en complémentarité et en aucun cas dans une logique de retrait de forces médicales pour notre propre système hospitalier ».
Dans son rapport pour avis sur le projet de loi olympique, fait au nom de la commission des affaires sociales, la députée (Rennaissance) Christine Le Nabour a toutefois demandé que « toutes les hypothèses [soient] sérieusement anticipées et planifiées afin de ne pas générer, à la dernière minute, une tension excessive sur les personnels des hôpitaux de la région ».
A ce stade, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France considère que « neuf hôpitaux » seront « potentiellement très impactés » par les Jeux, selon la députée, qui appelle « à anticiper sans tarder » les possibles tensions et les renforts qui pourraient être nécessaires.
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