Maison de Jeanne d’Arc, Mont-Saint-Michel, montagne Pelée, mémorial de Verdun, vallée du Mont-Blanc, viaduc de Millau… Pendant trois mois, entre le 8 mai et le 26 juillet 2024, la flamme olympique sillonnera une bonne partie du territoire français, multipliant les arrêts dans des lieux emblématiques. Soixante-cinq villes étapes jalonneront ce relais et plus de quatre cents villes seront traversées.
Le cheminement de cette longue procession – soixante-huit jours effectifs –, qui « ouvrira la célébration des Jeux », a été officiellement dévoilé, vendredi 23 juin, par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).
Cette présentation d’un parcours, dont les grandes lignes avaient déjà filtré, survient alors que Paris 2024 est en pleine tourmente : dans le cadre de deux enquêtes conduites par le Parquet national financier visant les marchés passés pour les Jeux, des perquisitions ont eu lieu, mardi, au siège du Cojop – de même qu’à celui de la Solideo, la société chargée de la construction des sites olympiques. « Nous voulons des Jeux exemplaires et populaires, pour cette raison, nous resterons vigilants jusqu’au bout », a assuré, jeudi au journal Sud Ouest le président de Paris 2024, Tony Estanguet.
Dans l’immédiat, cette actualité judiciaire vient troubler la communication de Paris 2024, qui, avec la présentation du relais de la flamme, veut néanmoins se placer sous le signe de l’« épopée festive, mais aussi très sportive », pour reprendre les termes de Delphine Moulin, directrice des célébrations.
Des villes étapes pour « toucher un maximum de personnes »
Ce parcours est le fruit de deux cents jours de « travail de terrain », selon les organisateurs, qui mettent en avant une « coconstruction » menée, depuis octobre 2021, avec les départements qui se sont portés volontaires pour accueillir ce relais – et, surtout, le cofinancer. « Il était très important d’être sur place pour créer un lien fort avec eux. C’était un travail titanesque, mais nous sommes très heureux car il y a un engagement et une volonté de participer au relais », assure Grégory Murac, directeur délégué du relais de la flamme.
Pour les villes étapes, le choix a consisté à opter « en majorité pour les gros bassins de population afin de toucher un maximum de personnes », développe M. Murac, qui concède « quelques exceptions, pour des sites extraordinaires, comme le Mont-Saint-Michel ». En ce qui concerne les villes traversées, « nous avons demandé aux territoires quels sites ils voulaient retenir, et nous avons regardé ensuite de notre côté ce qu’il était possible de faire ».
Sans trop de surprise, le tracé aboutit à présenter la France sous son meilleur profil. Qu’il s’agisse de valoriser l’histoire du pays et ceux qui l’ont écrite (Verdun, Jeanne d’Arc, etc.), le patrimoine naturel (le Mont-Saint-Michel, la vallée du Mont-Blanc, l’île aux Moines, etc.), ou des lieux conduisant à mettre en exergue « le savoir-faire et l’inventivité » français (le Puy du Fou, le viaduc de Millau, etc.).
Paris 2024 a également souhaité mettre l’accent sur la vitalité du sport dans les territoires : pour cela, des relais auront lieu sur le court Simonne-Mathieu à Roland-Garros, ou encore au mont Ventoux, en Provence.
Un jour, un département, deux convois
Ce parcours de la flamme olympique, pour lequel « les discussions sont en cours avec les diffuseurs » télévisuels, ne sera pas un long défilé continu. Il sera en réalité constitué d’une succession de « segments » de quelques kilomètres, qui s’enchaîneront sur une journée, entre 8 h 30 et 19 h 30, sans liens entre eux.
Le rituel sera immuable : un département visité par jour avec un convoi principal qui traversera trois « grandes » villes avant de terminer dans la ville étape et, au moment du transfert entre ces agglomérations, un convoi différent, dit « agile », qui se rendra dans trois endroits du territoire à mettre en valeur (musée, patrimoine historique, sites sportifs, etc.).
La flamme olympique ne sera « visible » que lors des relais : soit dans les villes, soit dans les trois endroits traversés par le convoi « agile ». Pour éviter que deux lanternes ne soient allumées au même moment, le convoi principal devra ainsi attendre que la cérémonie du « petit » convoi soit terminée.
Une centaine de relayeurs différents par jour, sélectionnés en grande majorité par les partenaires de Paris 2024 (Coca-Cola et Banque populaire-Caisse d’épargne), assureront les passages du flambeau : un relais durera quatre minutes, pour une distance de 200 mètres. Par ailleurs, chaque soir, à chaque étape, des célébrations auront lieu, organisées par les sponsors de la flamme.
« Aller partout aurait été trop difficile »
Si le Cojop met en avant le fait que « la flamme va éclairer tous les territoires », force est de constater que de nombreuses régions françaises manqueront à l’appel : le relais passera dans soixante-quatre départements, dont cinq territoires ultramarins.
Il évitera tous ceux qui ont renoncé à accueillir la flamme en raison du prix exigé par Paris 2024 : il leur était demandé d’apporter 180 000 euros (toutes taxes confondues) pour accueillir le relais. L’idée, avancée par certains conseils départementaux, d’avoir un tarif variable, en fonction du nombre d’habitants par exemple, avait été écartée. C’est ainsi que les habitants de l’Orne, des Côtes-d’Armor, des Vosges ou de Mayotte, entre autres, ne verront pas la moindre étincelle de la flamme olympique.
« On ne peut pas choisir une mascotte inspirée par le bonnet phrygien, symbole d’égalité et de fraternité, et, pour des raisons d’argent, ne pas passer partout », déplorait, voici quelques mois, David Lazarus, maire (divers gauche) de Chambly (Oise) et coprésident de la commission sport et Jeux olympiques et paralympiques de l’Association des maires de France. « L’engagement c’était d’ouvrir à tous ceux qui le souhaitent. Ne pas construire le parcours dans notre coin. On aurait été bien embêtés si tous les territoires avaient été candidats, argumente Michaël Aloïso, directeur général délégué de Paris 2024. Aller partout aurait été trop difficile. »
Dans certains des départements, des agglomérations ont toutefois pris le relais : alors que l’Hérault et l’Aveyron avaient refusé de se porter candidats, Montpellier s’est par exemple associée à Sète et à Millau.
Si le dernier relais de la flamme aura lieu entre la Seine-Saint-Denis et Paris, conduisant à l’allumage de la vasque olympique lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, le Cojop se refuse, à ce stade, à dire par quel lieu elle passera – la tour Eiffel a été évoquée – et qui sera la ou le dernier relayeur. « Ce sera la surprise du 26 juillet 2024 et du dernier segment », se borne à déclarer M. Aloïsio.
Le parcours de la flamme paralympique ne sera dévoilé qu’à la rentrée (entre la fin d’août et le début d’octobre) par le Comité d’organisation des Jeux. Le concept de ce relais sera différent de celui qui prévaudra pour la flamme olympique. « Ce sera plus court mais très intense », résume Delphine Moulin, la directrice des célébrations au sein de Paris 2024 : plus court dans la durée, parce que ce relais aura lieu entre la fin des Jeux olympiques (11 août) et le début des Jeux paralympiques (28 août) ; intense, parce que l’objectif sera, malgré tout, de « couvrir l’ensemble du territoire » national, avec les mille porteurs qui se relaieront. Dans cette optique, les organisateurs ont privilégié « un concept multiflammes » – il pourra y en avoir plusieurs dans des lieux différents en même temps.
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