Beach soccer, hockey sur gazon, basket, tennis, course en sac, volley, va’a (pirogue traditionnelle à balancier)…, à la fin de mars, 170 élèves d’écoles primaires et de collèges, de 7 à 11 ans, ont transpiré sous un soleil de plomb sur la plage de Temae, à Moorea, île située à une demi-heure de ferry de Papeete, la capitale de la Polynésie française.
A l’amorce de la semaine olympique et paralympique, il s’agissait de s’inscrire dans la perspective du rendez-vous de Paris 2024 pour promouvoir la pratique sportive et s’attaquer « à nos problématiques de santé publique en général, et de l’obésité infantile en particulier », comme le résumait Ernest Marchal, responsable de la circonscription pédagogique de Punaauia et Moorea-Maiao.
Car si la Polynésie sera au cœur de l’été olympique l’an prochain, avec la vague de Teahupoo (Tahiti), qui accueillera les épreuves de surf, c’est une autre vague qui la menace : selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2019, 79 % des adultes étaient en surpoids à cette date – contre 70 % en 2010, l’augmentation étant surtout observée chez les moins de 45 ans – et 48 % de la population adulte était obèse (contre 40 % en 2010). Quant aux enfants, les derniers chiffres, datant de 2020 et provenant de la médecine scolaire, montrent que 11,9 % des 5-6 ans souffrent d’obésité, et 27 %, de surpoids.
« C’est un problème majeur. Outre le fait que la Polynésie a un des taux d’obésité parmi les plus élevés au monde, ce qu’on voit venir, c’est un tsunami sanitaire, notamment au niveau cardiovasculaire », s’alarme Julien Rousseaux, médecin de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale. « Un enfant obèse va user son corps prématurément et à 25 ans à peine pourrait déjà être diabétique et hypertendu », ajoute-t-il. Conscient de ce problème sanitaire, le gouvernement local a mis la question au centre des débats à l’occasion de la 15e réunion des ministres de la santé du Pacifique, qui sera organisée par l’OMS aux îles Tonga du 20 au 22 septembre.
« Chez nous, bien manger, c’est manger beaucoup »
« Ici, tu ne mourras jamais de faim ! » : au stand de Temae, où des mamas tahitiennes servaient les repas, les assiettes grand format garnies à ras bord de viande et de poisson en sauce illustraient la tendance locale aux rations XXL à haute teneur calorique. De fait, les corpulences « bien en chair », signe d’importance sociale, sont valorisées. « Chez nous, bien manger, c’est manger beaucoup. Etre gros, c’est être costaud », confirme le surfeur Michel Bourez, qui s’implique dans la lutte contre le surpoids par le biais de son rôle d’ambassadeur Paris 2024 pour la jeunesse.
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