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Lilian Thuram : « Face au racisme, les présidents de club, les entraîneurs et les joueurs ont une responsabilité, être neutre, c’est être complice »

Plusieurs actes racistes ont été commis récemment dans des stades de football en France, au niveau amateur et professionnel. Le champion du monde 1998, engagé pour l’éducation contre ce fléau, insiste sur la « profondeur historique » du racisme anti-Noir.

Propos recueillis par 

Publié le 21 octobre 2023 à 15h00, modifié le 23 octobre 2023 à 10h00

Temps de Lecture 7 min.

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Lilian Thuram, dans les locaux de sa fondation, qui œuvre contre le racisme, à Paris, le 17 octobre 2023.

En 2023, le racisme sévit toujours dans le football français. A Vierzon (Cher), un joueur noir a été la cible d’invectives racistes lors d’un match de Coupe Gambardella, l’équivalent de la Coupe de France des moins de 18 ans, le 1er octobre. Dix jours plus tard, à Nancy, qui recevait le Red Star lors d’une rencontre de National (troisième division), des cris de singe ont été entendus en tribune, captés par les micros de Canal+.

Au même échelon, à Orléans, l’entraîneur Bernard Casoni est visé par une enquête préliminaire pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale et pour injures publiques à caractère raciste. « Ils ne sont pas plus cons que des Maghrébins, hein… », a-t-il déclaré au sujet de ses joueurs, en conférence de presse, comme l’a révélé France Bleu. Désormais suspendu de ses fonctions et convoqué, le 25 octobre, pour un entretien préalable au licenciement, le coach est également accusé d’avoir voulu « blanchir » son effectif.

Il y a aussi le cas de l’Olympique Lyon Sud (régional 1), où la majorité des membres du staff et des joueurs ont quitté l’équipe sur fond d’accusations de racisme. Quelques cas médiatisés en l’espace d’une dizaine de jours pour combien sur la durée d’une saison ?

Très engagé sur cette question, Lilian Thuram, champion du monde en 1998 avec les Bleus, préside la fondation Education contre le racisme. En 2020, l’ancien défenseur de la Juventus Turin a signé La Pensée blanche (Philippe Rey), un essai qui remonte aux racines du racisme. Le 7 octobre, il a également publié Mes étoiles noires en images (avec la collaboration de Pascal Blanchard, Editions de la Martinière, 296 p., 35 euros). Pour ses actions, M. Thuram a reçu deux fois le titre de docteur honoris causa – un titre honorifique – en sciences humaines de l’Université de Stockholm, en 2017, et de l’Université de Stirling (Ecosse), en 2019.

En 2008, l’année de votre retraite sportive, vous avez créé la fondation Education contre le racisme. Avec quels objectifs ?

On intervient dans des écoles, des collèges, des lycées. On fait des conférences dans des universités. On travaille aussi avec des musées. Mon but est que chacun de nous puisse réfléchir, questionner ses conditionnements, ses propres préjugés…

Dernièrement, plusieurs faits de racisme ont été médiatisés dans le football français, au niveau amateur et professionnel. Pourquoi ces comportements perdurent-ils ?

J’ai l’impression que l’on parle du racisme avec superficialité. Comme si c’était un phénomène individualisé, de personnes « pas gentilles ». Non, c’est une idéologie politique qui a une profondeur historique ! Aujourd’hui comme hier, l’espace public n’est pas vécu de la même façon, selon que l’on est noir ou blanc. Depuis des siècles, le monde s’est construit sur le suprémacisme blanc, et tout le monde en est conscient. Pour preuve, quand j’interviens publiquement, je pose une question simple : « Qui voudrait ici être traité comme on traite les Noirs dans la société ? » Personne ne lève la main.

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