![Au départ de la Transat Jacques Vabre, dimanche 29 octobre 2023, au Havre (Seine-Maritime).](https://img.lemde.fr/2023/10/30/0/0/4305/2870/664/0/75/0/7c3f3a7_5733604-01-06.jpg)
« On ne sent pas encore trop forts », a malicieusement lancé le skippeur italien Ambrogio Beccaria (Alla Grande-Pirelli) à l’adresse de son équipe technique, de quelques proches et d’une poignée de mouettes insomniaques réunis sur le ponton de Lorient La Base, mardi 31 octobre, peu après minuit, pour saluer sa victoire et celle de son binôme français, Nicolas Andrieu, en Class 40 (monocoque de 12 m), dans la première étape d’une Transat Jacques Vabre particulièrement mouvementée.
Vu l’heure tardive et l’humidité ambiante, un peu d’humour n’était pas superflu pour détendre et réchauffer l’atmosphère d’une course prévue pour relier d’une seule traite Le Havre à Fort-de-France, objectif dont l’ambition est contrariée. Depuis plusieurs jours, la plus prestigieuse des transats en double, dont cette 16e édition marque le 30e anniversaire de sa création (1993), ne cesse de tenter de protéger sa flotte de 95 bateaux en s’adaptant au violent phénomène météorologique que va connaître la France, dès mardi soir et jusqu’en fin de semaine. Les prévisions font état de vents de 80 nœuds (près de 150 km/h), de rafales à plus de 100 nœuds (plus de 185 km/h) et de creux de 12 mètres en mer.
Dimanche 29 octobre, à la mi-journée, seuls les cinq Ultims (des trimarans de 32 mètres) engagés – suffisamment véloces pour se placer en avant de la violente dépression en formation – ont été autorisés à faire route sur la Martinique depuis Le Havre. Les six Ocean Fifty et les quarante-quatre Class 40 qui composent la majorité de la flotte, ont bien pris le départ, sur leurs talons, mais avec l’obligation de faire relâche à Lorient. Soit une mise en jambes de moins de vingt-quatre heures pour les Ocean Fifty et de moins de trente-six heures pour Ambrogio Beccaria et Nicolas Andrieu.
« On s’est un peu fait violenter par le bateau »
« On n’était pas prêts à ça, du coup on a eu tous les deux un peu de mal à changer d’exercice », a avoué l’Italien de 32 ans, paré de son ciré, de bottes et d’un sourire radieux, heureux d’apprendre que son coskippeur et lui devancent d’une heure, une minute et quarante-huit secondes leurs premiers poursuivants, Xavier Macaire et Pierre Leboucher (Groupe-SNEF), suivis de Matthieu Perraut et Kevin Bloch (Inter-Invest), soit une avance non négligeable pour le deuxième départ vers Fort-de-France, qui sera donné, en flotte, à une date indéterminée.
« Le départ [au Havre] était incroyable avec 35 nœuds [près de 65 km/h], et tous les bateaux partis pleine balle, a relaté Nicolas Andrieu. La première nuit, les conditions étaient assez rudes, surtout après le passage du Cotentin, on s’est un peu fait violenter par le bateau donc on est super contents d’avoir réussi l’exercice. »
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