Des mots, il y en a eu depuis une semaine. C’est un peu plus que des mots qu’il va falloir dans les semaines à venir. Si, depuis le 28 octobre, la page Coupe du monde de rugby a été tournée avec moult satisfecit de la part des pouvoirs publics – à juste titre sur certains points, moins sur d’autres –, c’est désormais la page des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) que ces derniers doivent ouvrir pleinement. Surtout, il va leur falloir noircir cette page d’un récit susceptible d’embarquer une large partie de la population, s’ils veulent que leur mantra, « ce sont les Jeux de tous les Français », ne reste pas un simple slogan et se concrétise. Ce qui est loin d’être gagné.
Cela fait certes un petit moment que cette page Paris 2024 est entrouverte. Que l’on y a inscrit des éléments de l’histoire en cours. Mais ces composantes du récit ont surtout eu une dimension « technique ». Il a été question d’avancées de chantiers, de construction de budgets, d’élaboration de dispositifs de sécurité ou de plans de transports, d’actions pour favoriser la pratique du sport, notamment dans le cadre de l’école…
Aussi essentiels soient-ils pour la réussite de l’événement de l’été 2024, tous ces éléments ont été égrenés séparément. Leur addition ne constitue pas une mise en perspective de ce que le projet Paris 2024, aux yeux des pouvoirs publics, peut représenter pour le pays et lui apporter, à l’heure où celui-ci apparaît singulièrement fracturé.
Exercice à risques
Donner du sens : l’exercice sera politique. Pour cette raison, il pourrait être tout sauf simple. Si la ministre des sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castéra, aux avant-postes depuis un an et demi, la porte déjà pour partie, cette vision politique des Jeux ne saurait être développée qu’au plus haut sommet de l’Etat.
Le président de la République, Emmanuel Macron, ne devra cependant pas donner le sentiment qu’il essaie de tirer la couverture à lui, mais jouer collectif. Les Jeux de Paris 2024, ce sont en l’occurrence d’abord ceux de… Paris, et donc de la maire de la capitale, la socialiste Anne Hidalgo. Ceux aussi du département de la Seine-Saint-Denis (présidé par le socialiste Stéphane Troussel) et plus largement de la région Ile-de-France (présidée par Valérie Pécresse, Les Républicains).
S’il devra être vecteur de cohésion, le récit sur les Jeux pourrait être rattrapé par l’hostilité que le chef de l’Etat suscite chez une partie des Français, ainsi qu’en ont témoigné les sifflets qui l’ont accueilli lors de l’ouverture de la Coupe du monde de rugby. Avec pour conséquence une association anti Macron-anti JOP – à laquelle s’ajoute d’ailleurs un anti Hidalgo-anti JOP – alors que l’adhésion à l’organisation des Jeux s’est déjà dégradée, comme l’ont montré des sondages en milieu d’année.
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