Paris 2024 : les premiers porteurs de la flamme olympique dévoilés

 « Etre à la hauteur du défi ». C’est ce qu’espère Pascal Blaise Ondzie, pionnier de la discipline breaking (style de danse urbaine), sélectionné pour incarner l’un des 69 capitaines des relais collectifs de la flamme olympique, entre le 8 mai et le 26 juillet. « Ça représente beaucoup de responsabilité et ça me met beaucoup de pression. Et en même temps, c’est quelque part une confiance qu’on me donne », se réjouit-il.

Porter la flamme en collectif est un dispositif inédit dans l’histoire des Jeux. Durant huit minutes, les capitaines – dont certains sont des grands noms du sport français, comme le nageur Camille Lacourt et l’escrimeuse Laura Flessel – seront les garants de la flamme et évolueront en groupe.

« Ces relais collectifs sont des équipes de 24 personnes, composées de champions et championnes, de sportifs, de gens qui font le sport au quotidien, de bénévoles, d’arbitres, de coachs qui sont sélectionnés par les fédérations et qui sont tous licenciés de ces fédérations, détaille Delphine Moulin, directrice des célébrations de Paris 2024. Pour nous, c’était important de dire que tous ceux qui sont engagés dans le sport à travers la France peuvent participer au relais. »

Sur les 11 000 personnes qui vivront l’expérience de porter la torche, 3 000 participeront en relais collectif. La flamme paralympique, dont le parcours se déroulera du 25 au 28 août, est également concernée par ce type de relais. Six seront organisés par le comité paralympique et sportif français afin de représenter l’écosystème parasportif.

Soixante-neuf relais

Soixante-neuf relais en équipe sont organisés par 34 fédérations sportives olympiques et paralympiques représentées aux Jeux d’été, lesquelles auront deux relais chacune, auquel s’ajoute un relais de la fédération tahitienne de surf.

« En ayant eu ce projet, on a rassemblé nos fédérations. C’est une vraie opportunité pour participer autrement aux Jeux et ramener le monde fédéral sur une vision très positive », estime Marie-Françoise Potereau, vice-présidente de la fédération française de cyclisme, alors que la gouvernance du mouvement sportif français a traversé lors des dernières années de nombreuses crises.

Entre le 8 mai, son arrivée à Marseille après une traversée de la Méditerranée à bord du Belem venu d’Olympie, en Grèce, où elle sera allumée, et jusqu’au 26 juillet, la flamme olympique traversera plus de quatre cents villes françaises. Soixante-cinq villes étapes baliseront son parcours.

La flamme traversera des sites emblématiques

« Les gens peuvent voir les Jeux de Paris 2024 de très loin. Mais là, à travers ce relais de la flamme, ce sont les Jeux qui vont venir à eux », avance Yohan Penel, président de la fédération française de badminton, dont les relais collectifs auront lieu en Seine-Maritime et en Haute-Garonne. « Ce ne sont pas les Jeux d’Ile-de-France mais les Jeux de toute la France », souligne-t-il.

Des sites emblématiques nationaux accueilleront la flamme olympique. Cette dernière éclairera les grottes de Lascaux lors du relais organisé par la fédération d’escrime. Mais aussi le Mont-Saint-Michel, avec le collectif de cyclisme.

Certains territoires ont été choisis par les fédérations en raison de la symbolique qu’ils représentent pour leur discipline. A l’instar du deuxième relais collectif de la fédération de cyclisme, qui aura lieu dans le Vaucluse. « La région est connue dans le monde entier grâce au mont Ventoux, qui est vraiment mythique pour le vélo », explique Anne-Caroline Chausson.

La championne olympique de BMX a été sélectionnée pour être la capitaine de ce relais qui gravira le mont à vélo. Tombée sous le charme d’une région propice à la pratique sportive en extérieur durant sa préparation olympique pour Pékin 2008, elle y est aujourd’hui installée.

« Le Vaucluse accueille des événements internationaux et abrite de nombreux clubs de BMX. C’est une région très impliquée dans le développement du vélo et de ses infrastructures, détaille Anne-Caroline Chausson. Ce qui est bien, parce que ça crée des champions. » A l’image des Vauclusiens Romain Mahieu et Tessa Martinez, sur la première marche du podium, respectivement dans les catégories « élite » et « espoirs », lors des derniers championnats du monde à Glasgow, en août 2023.

« Une façon de passer le relais aux plus jeunes »

La Seine-Saint-Denis, berceau du breaking, accueillera le jeudi 25 juillet le relais de la fédération de danse. « On compte présenter sur l’esplanade de la mairie de Bagnolet un spectacle qui retracerait les quarante ans du breakdance français, depuis 1984 », énonce le capitaine du relais, Pascal Blaise Ondzie.

Ce dernier a été un pionnier de la discipline, passée de l’underground à l’artistique. « Et maintenant on rentre dans cette nouvelle voie qu’est le sport », considère-t-il, avec l’intégration pour la première fois des épreuves de breaking aux JO 2024.

Si, par inquiétude de voir sa discipline se dénaturer, il était tout d’abord sceptique, celui qui est également référent Ile-de-France pour l’organisation des JO 2024 se dit aujourd’hui satisfait de cet ajout au programme de l’événement, « parce que ça permet de mettre en lumière notre discipline au niveau international, et d’ouvrir la discipline au plus grand nombre », estime-t-il.

Transmission et partage, c’est également sous cet angle qu’Anne-Caroline Chausson, capitaine d’un des deux groupes de cyclisme, se représente le relais. « C’est une façon pour moi, en tant qu’ancienne sportive, de passer le relais aux plus jeunes, que les Jeux les fassent rêver comme moi ça m’avait fait rêver. » En rémission d’un cancer diagnostiqué en 2015 qui a récidivé, sa participation au relais olympique à une saveur de « victoire sur la vie ».

« Je peux revivre normalement, participer de nouveau à des événements importants. C’est énorme, je n’y croyais plus, s’enthousiasme la cycliste. Il y a des moments qui ont été très difficiles ; donc, pouvoir oublier ces moments-là, grâce aux Jeux, grâce au relais de la flamme, c’est important pour moi. C’est très symbolique, et je suis très fière. »