Le Monde raconte, depuis le mois de janvier, les Jeux olympiques et paralympiques depuis la commune située en Seine-Saint-Denis, département censé bénéficier à plein des Jeux. La Courneuve se situe dans un entre-deux, parcourue de tensions liées à des transformations urbaines majeures, exacerbées par les Jeux, et une situation sociale très dégradée. Comment vont-ils s’y dérouler, avec quels effets ? Municipalité, tissu associatif, clubs sportifs, travailleurs, athlètes de haut niveau témoignent.
- Premier épisode : A La Courneuve, on « aimerait voir arriver les Jeux avec des yeux d’enfant »
- Deuxième épisode : Rafik Arabat et Gwladys Epangue, deux athlètes de haut niveau habitant La Courneuve, ont envie de croire aux effets positifs des JO
- Troisième épisode : La Courneuve entre enthousiasme et inquiétude vis-à-vis de la transformation du parc Georges-Valbon
- Quatrième épisode : Au lycée professionnel Arthur-Rimbaud de La Courneuve, une « option JO » contre le décrochage scolaire
- Cinquième épisode : à La Courneuve, les associations ont du mal à se sentir à l’heure des Jeux
Ils ont beau se construire tout près, tout autour, ils paraissent loin les Jeux olympiques. Ici et là, un petit panneau rappelle l’imminence de la manifestation, à peine visible dans un paysage surchargé de tours d’habitation, de chantiers et d’axes routiers d’envergure, entre l’A1, l’A86 et la D901.
![Un panneau présentant les JO comme un « accélérateur d’histoire(s) », à l’entrée du centre équestre du parc Georges-Valbon, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 8 janvier 2024.]( https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/1920/0/75/0/5c6ba04_1705335800148-9-dscf8987-millerand.jpg 1x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/3840/0/45/0/5c6ba04_1705335800148-9-dscf8987-millerand.jpg 2x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/5760/0/45/0/5c6ba04_1705335800148-9-dscf8987-millerand.jpg 3x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/7680/0/45/0/5c6ba04_1705335800148-9-dscf8987-millerand.jpg 4x)
Nous sommes à La Courneuve, dans le nord de la Seine-Saint-Denis, à 10 minutes du centre de Paris en RER B – quand il fonctionne. Une commune de 46 828 habitants, devenue ville emblème des problèmes qui minent « la banlieue », où Nicolas Sarkozy promettait, en 2005, de « nettoyer la cité des 4 000 au Kärcher », où l’on préfère se définir comme habitants d’une « ville-monde », forte d’une centaine de nationalités. Elle fut, entre autres, pendant plus de cinquante ans la terre d’accueil de la mythique Fête de L’Humanité, organisée au parc Georges-Valbon, un poumon vert de 417 hectares encore sous-exploité, car encerclé d’autoroutes.
C’est d’ailleurs ici qu’ont failli se tenir les épreuves de tir sportif des Jeux de Paris 2024, avant d’être finalement déplacées à Châteauroux (Indre), sur décision du comité d’organisation, en 2022. Gilles Poux, maire communiste de La Courneuve depuis 1996, l’a encore en travers de la gorge : « Je n’ai rien contre Châteauroux, mais, pour les athlètes, ça n’aura pas tout à fait la même saveur de faire la fiesta là-bas plutôt qu’à Paris. »
Sans rancune… Dans son bureau, en surplomb d’un énorme chantier de réaménagement du centre-ville, en lieu et place de l’ancienne usine de fabrication de plastique KDI, il raconte comment les Jeux traversent sa commune et suscitent, depuis 2017, un certain nombre de batailles politiques. « Au départ, c’était presque une candidature conjointe Paris - Seine-Saint-Denis qui était affichée », se souvient-il, générant l’enthousiasme dans tout le département.
Aucun site de compétition
A La Courneuve, on pense alors pouvoir miser, pour les épreuves de tir, sur le parc Georges-Valbon et le terrain des Essences le jouxtant, un site de 13 hectares qui servit de dépôt militaire d’hydrocarbures, nécessitant une coûteuse opération de dépollution. Le parc départemental des sports de Marville, collé à La Courneuve, est envisagé à la fois pour l’installation d’une piscine et de terrains d’entraînement. Et le village des médias devrait se trouver à proximité, à Dugny.
![Gilles Poux, maire communiste de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), dans son bureau, le 8 janvier 2024.]( https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2045/630/0/75/0/b469006_1705335808158-19-3-p03a6333-millerand-millerand.jpg 1x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2045/1260/0/45/0/b469006_1705335808158-19-3-p03a6333-millerand-millerand.jpg 2x)
![Le parc Georges-Valbon de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où devait se tenir l’épreuve de tir sportif des JO Paris 2024 ; le 8 janvier 2024.]( https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/1920/0/75/0/5f4ffcb_1705335812037-26-dscf8812-millerand.jpg 1x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/3840/0/45/0/5f4ffcb_1705335812037-26-dscf8812-millerand.jpg 2x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/5760/0/45/0/5f4ffcb_1705335812037-26-dscf8812-millerand.jpg 3x, https://img.lemde.fr/2024/01/15/0/0/3071/2047/7680/0/45/0/5f4ffcb_1705335812037-26-dscf8812-millerand.jpg 4x)
Au bout du compte, La Courneuve n’obtient aucun site de compétition ou d’hébergement, mais, en compensation, le terrain des Essences devient le point de départ du marathon paralympique et fait l’objet d’un financement permettant de le dépolluer. Une piscine départementale neuve sort de terre à Marville pour accueillir des entraînements de water-polo, accolée à des terrains d’entraînement pour le rugby à VII.
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