A l’approche de l’inauguration du village des athlètes, l’heure est aux travaux finis. Derrière les barrières du chantier, tout un petit monde s’affaire dans une atmosphère de sérénité apparente. Les géomètres procèdent aux derniers relevés, les peintres font les ultimes retouches, les jardiniers enfouissent les tuyaux des arrosages automatiques… Quant aux architectes, ils profitent des derniers moments avant la remise des clés – le 1er mars, au lendemain de l’inauguration – à Paris 2024, le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, pour présenter leurs ouvrages aux journalistes.
Nous sommes en Seine-Saint-Denis, sur un territoire de 52 hectares à cheval sur Saint-Ouen, Saint-Denis et L’Ile-Saint-Denis, agrégat d’anciennes friches industrielles au cœur duquel trône la Cité du cinéma. En six ans à peine, un nouveau morceau de ville s’y est développé. Quelque 330 000 mètres carrés de plancher aménagés au total. Des bâtiments massifs alignés perpendiculairement à la Seine que Dominique Perrault, urbaniste en chef de l’opération et architecte de la Bibliothèque François-Mitterrand à Paris, a imaginés comme de grands bateaux mouillant à quai.
Quatorze mille personnes vont loger là pendant les Jeux. Mais l’événement – du 26 juillet au 11 août pour les JO et du 28 août au 8 septembre pour les Jeux paralympiques –, s’il est la raison d’être de ce projet urbain, ne sera qu’un petit prologue dans son existence. Une nouvelle phase de travaux commencera à l’automne.
Les cloisons des chambres vont être démontées, les blocs de salles de bains déposés, les peintures refaites, des parquets installés… Et un nouveau quartier se révélera, prêt à l’emploi : plus de 2 800 logements (privés à 70 %), 80 000 mètres carrés de bureaux, des commerces, des espaces publics végétalisés… Environ 6 000 habitants et autant de salariés sont attendus. Ils profiteront de nouvelles pistes cyclables, d’une nouvelle promenade sur les coteaux en bord de Seine, d’une nouvelle passerelle de mobilités douces reliant L’Ile-Saint-Denis au reste de la zone, d’un nouveau parc, d’un mur antibruit érigé le long de l’A86.
Une vaste entreprise de promotion immobilière
Une idée neuve de la Seine-Saint-Denis, qui contraste avec l’urbanisme fatigué des rues alentour (petits bâtiments d’activité, logements défraîchis, commerces de proximité…), prend forme ici et rebondit quelques centaines de mètres plus loin, sur la rutilante façade blanche de la tour Pleyel, vestige des années 1970 qu’on termine de réhabiliter ces jours-ci pour en faire un hôtel de luxe.
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