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Village olympique de Paris 2024 : « A Barcelone et à Londres, la dynamique de gentrification était délibérée »

A l’occasion de l’inauguration du village des athlètes en Seine-Saint-Denis, jeudi 29 février, Jilly Traganou, qui enseigne l’architecture à New York, analyse, dans un entretien au « Monde », l’héritage des sites construits pour les précédents Jeux.

Propos recueillis par 

Publié le 29 février 2024 à 11h30, modifié le 29 février 2024 à 21h08

Temps de Lecture 5 min.

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Architecte de formation, Jilly Traganou enseigne l’architecture, le design et l’urbanisme à la Parsons School of Design, à New York. Elle est l’autrice de Designing the olympics (Routledge, 2016, non traduit), un livre consacré à l’architecture, l’urbanisme, la communication et la médiatisation des Jeux Olympiques, ainsi qu’aux effets que ces grands événements induisent sur la société et aux mouvements de protestation qu’ils engendrent.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le village olympique de Paris 2024 prend ses quartiers en Seine-Saint-Denis

Les villages olympiques ont vocation à devenir des quartiers de logement. Qu’est-ce qui distingue ces quartiers du reste des villes dans lesquelles ils surgissent ?

Les villages sont la partie la moins médiatisée des Jeux olympiques, et la moins étudiée. Pendant l’événement, l’attention est focalisée sur les grands équipements. Les villages ont vocation à rester privés, pour le confort et la sécurité des athlètes. Après l’événement, il faut convertir les petites chambres en appartements. Le village reste dissimulé derrière des barrières de chantier pendant une longue période, et puis ça devient un quartier résidentiel. Ça peut être du logement social, ou du logement privé. A Munich, le village des JO de 1972 est devenu du logement étudiant.

Comment choisit-on les implantations ?

Cela dépend. Certains villages sont situés à proximité des parcs olympiques. D’autres pas. A Athènes, par exemple, le village des JO de 2004 a été construit dans des zones non visibles de la ville. Il est comme caché. C’est un programme de logements sociaux, dans une ville qui en compte très peu. Il a été pensé comme un quartier à part entière, avec des magasins, des services de proximité… Mais, rapidement, tout a fermé, les logements se sont dégradés. On a très peu investi dans la maintenance… C’est devenu un petit ghetto. La crise grecque a joué, évidemment.

A Barcelone, la dynamique fut différente. Le village s’est construit sur une friche industrielle. Il a conduit à la création d’un quartier gentrifié de logements privés. Une nouvelle population s’est implantée. Ça a régénéré toute la zone. Commercialement, ce fut un grand succès. Mais une bonne partie des habitants, qui n’avaient pas les moyens de payer les loyers de ces nouveaux logements, ont été forcés de partir.

Le plus grand nombre de déplacés, ce fut à Pékin. Plus d’un million de personnes ont été délogées selon Cohre [une ONG spécialisée dans le droit au logement et les évictions]. On a détruit les « hutongs » [quartiers de ruelles du centre historique de la capitale chinoise] pour construire les installations olympiques, mais les déplacements de population ont été mieux anticipés. Les résidents ont été relogés dans des tours, dans des nouveaux quartiers.

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