La préparation d’un événement de l’ampleur des Jeux olympiques et paralympiques peut être source de coups de chaud. Souvent inattendus. Mais s’il y en a bien que les organisateurs de Paris 2024 savent qu’ils vont probablement devoir affronter et gérer, ce sont les pics de chaleur importants qui pourraient accompagner les compétitions, fin juillet début août.
« La chaleur et les conditions météorologiques en général font partie des risques bien identifiés et ce depuis la phase de candidature », confirme Lambis Konstantinidis, directeur exécutif de la planification et de la coordination au sein du Cojop. Dans le pire des scénarios, les températures en région parisienne pourraient dépasser d’environ 4 °C le record de 2003 (35 °C pendant neuf jours d’affilée), a prévenu une étude publiée en novembre 2023 par la revue NPJ Climate and Atmospheric Science.
Face au risque de potentiel « stress thermique » – pour reprendre le terme utilisé par les auteurs de cette étude –, le Cojop a travaillé à l’élaboration de différents scénarios et de différentes mesures. Il l’a fait avec les différentes parties prenantes au plan national (Météo France, notamment) comme international (Comité international olympique, comités olympiques nationaux et fédérations sportives).
Deux réunions par jour avec Météo France
Cet été, Paris 2024 s’appuiera sur une collaboration étroite avec Météo France, dont les équipes seront présentes à partir de juillet à son siège, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Des réunions auront lieu deux fois par jour et cela permettra d’avoir, dix jours avant une épreuve, des éléments crédibles de prévision et donc d’anticiper d’éventuelles modifications », détaille Lambis Konstantinidis.
Pour ce dernier, il n’y aurait « pas d’inquiétudes particulières à avoir sur la tenue des épreuves ». Que ce soit lors des Jeux à Rio de Janeiro en 2016 ou de ceux de Tokyo en 2021, pour lesquels cette question de la chaleur s’était déjà posée, il ajoute qu’« il n’y a eu aucune annulation complète d’épreuve mais [qu’]on a dû anticiper ou retarder certaines épreuves ». A Tokyo, le marathon femmes avait par exemple été avancé en raison des fortes chaleurs.
C’est aussi ce qu’il pourrait se passer cet été. Le Cojop a établi avec chaque fédération sportive internationale des seuils de température – certaines toutefois ont considéré qu’elles feraient sans. Il a aussi réfléchi avec elles aux impacts que les conditions climatiques pourraient avoir sur les compétitions. Cela a conduit par exemple à programmer les courses sur route le matin ou les épreuves prévues dans le Grand Palais le matin ou en soirée pour réduire l’effet serre de la verrière de l’édifice.
Des ajustements seront susceptibles d’intervenir en fonction des prévisions établies quelques jours avant les compétitions. « Sport par sport, on se demandera si l’on continue comme prévu, si l’on doit modifier les horaires ou si le risque de chaleur est élevé, s’il faut trouver un autre créneau », explique Lambis Konstantinidis.
Notifications envoyées aux spectateurs
En ce qui concerne les spectateurs, le dispositif prévu par Paris 2024 reposera à la fois sur une information en amont et la mise en place de moyens spécifiques sur les sites. Chaque détenteur de billet se verra communiquer un « guide des bonnes pratiques », en fonction du site où se rendre.
« Chaque spectateur recevra, en fonction des prévisions météorologiques, une notification de Paris 2024 avec un rappel de ce qu’il faut faire (penser à l’hydratation, à la crème solaire…) et, en fonction du site où il ira, une information sur les températures attendues si elles risquent d’être élevées », détaille M. Konstantinidis. La rédaction de ces messages est en cours de préparation avec les différentes parties prenantes qui seront aussi amenées à communiquer sur le sujet (comme les transports) afin de s’assurer de leur cohérence.
Pour ce qui concerne les transports, « nous allons ajouter des fontaines à eau dans 120 stations et gares et, en cas de très fortes chaleurs, nous ferons distribuer des bouteilles d’eau par les agents et les bénévoles », précise Valérie Pécresse, la présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France, qui ajoute que 53 % du parc de bus et 62 % du parc de métros, tramways et trains sont climatisés.
Sur les abords mêmes des sites, les organisateurs prévoient l’installation de « zones d’ombre » ainsi que des fontaines à eau (une pour 300 personnes). Ce dispositif pourra être étoffé en cas de hausse de température « afin de rendre l’attente plus confortable ». Lambis Konstantinidis explique également que le flux d’entrée des spectateurs pourra être adapté afin qu’« ils ne soient pas trop exposés ».
Si les épreuves en intérieur se dérouleront dans des enceintes climatisées, celles prévues en extérieur nécessiteront des moyens particuliers pour faire face à la chaleur. « Nous aurons des capacités d’hydratation, ainsi que des espaces rafraîchis, pour reprendre son souffle, se reposer, s’hydrater », avance M. Konstantinidis. Et d’ajouter : « Il y aura des réponses adaptées aux besoins et aux expositions de chacun. »
Au village olympique, Paris 2024, pour tenir ses engagements environnementaux, a fait le choix de ne pas installer de climatisation dans les appartements qu’occuperont les sportives et les sportifs. Les organisateurs assurent qu’il y fera 6 °C de moins qu’à l’extérieur. Pas de quoi rassurer certains athlètes et certaines délégations. Les plus inquiètes équiperont leurs chambres avec des climatiseurs mobiles, comme l’ont par exemple annoncé l’Australie ou la Grèce. D’autres devraient suivre. « Cela restera une minorité », assure toutefois Lambis Konstantinidis, directeur exécutif de la planification et de la coordination au sein du Cojop.
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