Le Monde raconte, depuis le mois de janvier, les Jeux olympiques et paralympiques depuis la commune située en Seine-Saint-Denis, département censé bénéficier à plein des Jeux. La Courneuve se situe dans un entre-deux, parcourue de tensions liées à des transformations urbaines majeures, exacerbées par les Jeux, et une situation sociale très dégradée. Comment vont-ils s’y dérouler, avec quels effets ? Municipalité, tissu associatif, clubs sportifs, travailleurs, athlètes de haut niveau témoignent.
- Premier épisode : A La Courneuve, on « aimerait voir arriver les Jeux avec des yeux d’enfant »
- Deuxième épisode : Rafik Arabat et Gwladys Epangue, deux athlètes de haut niveau habitant La Courneuve, ont envie de croire aux effets positifs des JO
- Troisième épisode : La Courneuve entre enthousiasme et inquiétude vis-à-vis de la transformation du parc Georges-Valbon
- Quatrième épisode : Au lycée professionnel Arthur-Rimbaud de La Courneuve, une « option JO » contre le décrochage scolaire
- Cinquième épisode : à La Courneuve, les associations ont du mal à se sentir à l’heure des Jeux
Une affiche éphémère est apparue dans les couloirs du métro parisien, dans le courant du mois de février. On y voit un grand parc et la densité urbaine à l’horizon, des pelouses agrémentées de dessins aux airs de science-fiction : ici une piste d’athlétisme, là une immense tour, des écrans géants, des canoës flottants à côté d’anneaux olympiques aux reflets rosés.
Un slogan situe la scène : « [En] 2024, la Seine-Saint-Denis est fière d’accueillir le monde ! » Nous sommes au parc départemental Georges-Valbon, anciennement parc de La Courneuve, parce que situé en grande majorité sur le territoire de la ville, mais qui s’étend aussi sur le territoire des communes de Stains, de Dugny, du Bourget (Seine-Saint-Denis) et de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).
Dans ces quelque 410 hectares de verdure, situés dans un département des plus urbanisés, le cacardement des oies sauvages se mêle à la rumeur des avions et des autoroutes environnantes. On y croise des cyclistes et des lapins sauvages, des brebis, quelques échassiers, dix-sept écogardes à cheval et une brigade équestre. De quoi voir la Seine-Saint-Denis autrement qu’en territoire macadamisé.
C’est en tout cas le pari du conseil départemental, qui aimerait faire de « Valbon » un lieu central pendant les Jeux olympiques et paralympiques (JOP), et après. Si l’affiche promotionnelle peut laisser perplexe, Stéphane Troussel, le président (Parti socialiste) du département, a à cœur d’éclaircir le message en déambulant dans les allées du parc : « C’est à la fois une invitation adressée aux locaux pour qu’ils participent ici à la grande fête des Jeux et une incitation à découvrir le parc pour ceux qui ne le connaissent pas. On accueille deux millions de visiteurs par an, ça pourrait être deux fois plus, d’autant plus que le parc va être de mieux en mieux desservi par les transports. »
Cinq mille personnes en journée, dix mille le soir
L’arrivée de la flamme olympique, le 25 juillet, signera le début des festivités à Valbon dans ce que les organisateurs appellent un « live site » – « une fan-zone » – qui se maintiendra jusqu’au 11 août, puis rouvrira trois jours pendant les Jeux paralympiques, à la fin d’août.
Cet espace coûtera 4 millions d’euros, en grande partie financé par le département, avec des aides diverses, dont celles du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques et de la Métropole du Grand Paris (500 000 euros chacun). Sa conception a été confiée à la société événementielle Eventeam.
Il s’agira d’un enclos de 8 hectares pouvant accueillir cinq mille personnes en journée et dix mille le soir. Y seront proposées des activités sportives, des buvettes, la possibilité de suivre les épreuves des Jeux en direct ou d’assister à des concerts.
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