Les JO 2024 seront-ils pour les Bleues l’équivalent de l’Euro 1984 pour les Bleus ? Si elles veulent briser – à l’image de leurs prédécesseurs masculins il y a quarante ans en France – la malédiction d’un palmarès désespérément vide, le 10 août, au Parc des Princes, en finale olympique, les joueuses tricolores devront se débarrasser de la crème de la crème du football au féminin. A la différence du tournoi masculin, il n’y a aucune limite d’âge pour constituer les listes de sélectionnées.
Douze équipes, réparties en trois groupes, participent au tournoi qui se déroule dans sept villes (Lyon, Nantes, Marseille, Saint-Etienne, Paris, Nice et Bordeaux). Parmi elles, deux ne sont pas encore connues, elles le seront au début d’avril après les barrages Nigeria-Afrique du Sud et Maroc-Zambie.
Bénéficiaire d’un ticket attribué au pays hôte, la France a été placée d’office dans le groupe A. Mercredi 20 mars, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le tirage au sort – trois équipes réparties dans quatre pots, avec la consigne d’éviter autant que possible des matchs entre représentants de la même confédération au premier tour – a désigné les trois premiers adversaires de l’équipe de France cet été : le Canada, la Colombie et la Nouvelle-Zélande.
La bête noire canadienne
Il s’est tenu au siège de Paris 2024, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Deux intervenants ont procédé au tirage au sort : la championne olympique 2021 canadienne Stéphanie Labbé, et l’ex-footballeur ivoirien Didier Drogba.
Quand le présentateur de France 3 Fabien Lévêque parle à Hervé Renard d’un éventuel sacre olympique en introduction de la cérémonie, le sélectionneur des Bleues tempère : « Vous placez la barre très très haut. La meilleure place [JO et Coupe du monde], c’est quatrième dans le foot féminin, a-t-il rappelé. Aux JO, on représente l’équipe de France dans sa globalité. Il faut aller chercher cette médaille pour l’ensemble de la délégation. »
Les coéquipières de la capitaine, Wendie Renard, joueront donc leur premier match le 25 juillet, à Décines-Charpieu (Rhône), face à la Colombie. Elles enchaîneront le 28 juillet, à Saint-Etienne, contre les Canadiennes. Et elles termineront la phase finale, à nouveau dans la banlieue lyonnaise, le 31 juillet, face aux Néo-Zélandaises.
Les Bleues, qui s’apprêtent à disputer leur troisième tournoi olympique, retrouvent leur bête noire canadienne. Pour leur première participation, elles avaient atteint les demi-finales, à Londres, en 2012, s’inclinant pour la médaille de bronze face au Canada. En 2016, à Rio, l’aventure s’était arrêtée en quarts de finale, également contre le Canada.
Quant à la Colombie, c’est une équipe en pleine progression, qualifiée pour les quarts de finale de la dernière Coupe du monde 2023, en première position de son groupe, devant le Maroc et l’Allemagne. Tout d’abord menées 2-0 en match de préparation en avril 2023, les Françaises avaient renversé le score pour s’imposer 5-2 face aux Colombiennes.
« Du très haut niveau »
La France et la Nouvelle-Zélande s’étaient déjà affrontées lors des JO 2016. Les Françaises s’étaient imposées 3-0 en match de groupe. Les Néo-Zélandaises avaient été éliminées en quarts de finale des JO 2012. « C’est du très haut niveau quand on voit toutes les équipes qualifiées, a réagi Hervé Renard. On connaît bien la Colombie pour l’avoir jouée en amical lors de mon premier match. Le Canada est championne olympique en titre. La Nouvelle-Zélande a créé la surprise en battant la Norvège lors du premier tour de la Coupe du monde. »
« On souhaite a minima être sur le podium, affirme Philippe Diallo, le président de la Fédération française de football, mais comme on est chez nous, cent ans après les derniers JO en France, et que l’on a deux équipes très compétitives, nous devons être ambitieux, et si possible aller décrocher l’or comme il y a quarante ans. »
Les deux premières équipes des trois groupes rejoindront directement les quarts de finale, tout comme les deux meilleures troisièmes, deux tiers des engagées franchiront donc le premier tour. Dans le pot numéro 1 avec la France, les deux favorites de la compétition – les Etats-Uniennes et les Espagnoles, qui ont remporté les deux derniers titres de championnes du monde –, figureront respectivement dans le groupe B (avec l’Allemagne, l’Australie et le Maroc ou la Zambie) et le groupe C (avec le Japon, le Brésil et le Nigeria ou l’Afrique du Sud).
Le football au féminin a été intégré au programme olympique aux JO d’Atlanta (Etats-Unis), en 1996. Et les Américaines en ont longtemps fait leur chasse gardée – quatre médailles d’or en sept éditions –, même si elles n’ont plus été sacrées depuis 2012. Les tenantes du titre sont les Canadiennes, vainqueures au Japon des Suédoises, non présentes en France.
Consultante de France Télévisions, Louisa Necib, internationale entre 2005 et 2016, a vécu les deux premiers tournois olympiques avec les Tricolores : « Sans succès. Je souhaite tout l’inverse à cette équipe de France, qu’elle nous ramène la plus belle des médailles. »
« Chez les femmes, c’est un peu la Coupe du monde »
Directeur du développement mondial du football, Arsène Wenger a rappelé la difficulté du tournoi féminin : « Chez les femmes, c’est un peu la Coupe du monde. Il y aura toutes les meilleures équipes. On a vu une très bonne compétition et une magnifique finale l’an passé [en Australie, Coupe du monde 2023]. » Par exemple, championne d’Europe et vice-championne du monde en titre, l’Angleterre ne s’est pas qualifiée.
Depuis l’intronisation d’Hervé Renard au début de l’année dernière, l’équipe de France a atteint les quarts de finale de la Coupe du monde 2023, éliminée par le pays hôte australien. Puis elle a disputé la finale de la Ligue des nations, où elle a reçu une leçon par la redoutable Espagne, le 28 février, à Séville (2-0).
« J’ai aussi de la compassion pour les deux compères. Ce n’est pas facile de jouer à domicile en étant favoris », a lancé Arsène Wenger à l’adresse de Thierry Henry, le sélectionneur des Bleus, et d’Hervé Renard. Ce dernier espère surmonter cet écueil pour ce qui constituera la dernière aventure de son court mandat à la tête des Bleues, comme il l’a confirmé : « Je suis en fin de contrat le 31 août, j’ai annoncé à la fédération que je ne continuerai pas. »
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