A l’heure où le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop) est en quête d’économies pour essayer de maintenir l’équilibre de son budget (4,4 milliards d’euros), quitte à solliciter certains de ses partenaires publics (région Ile-de-France, Ville de Paris) pour qu’ils prennent en charge certaines dépenses, la divulgation de hausses de salaires au sein de la direction de l’entité, réalisées à la fin de l’année 2023, fait un peu tache.
La députée (Parti socialiste) Claudia Rouaux, citée par l’émission « Complément d’enquête » sur France 2 qui doit être diffusée jeudi 28 mars en soirée, rapporte ainsi que des augmentations, qui « concernent une dizaine de cadres dirigeants », ont été validées en novembre 2023 par le comité des rémunérations de Paris 2024.
« Pour la majorité, c’est entre 7 % et 10 %. Mais certains d’entre eux font des bonds de 15 000 euros sur un an. D’autres se voient augmenter de 32 000 euros. Il y a même une directrice de la communication qui voit son salaire passer de 150 000 à 195 000 euros annuels », détaille l’élue, membre du comité des rémunérations depuis septembre 2023.
Elle a confirmé une partie de ces chiffres, mercredi matin, lors de l’audition par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale de Tony Estanguet, le président du Cojop, et de Michel Cadot, le délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques (Dijop).
« Comment expliquez-vous la dérive budgétaire de la masse salariale, qui pourrait dépasser 100 millions d’euros pour une dépense totale avoisinant 600 millions d’euros, et d’autre part justifier que cette dernière année, l’année des Jeux [il] ait [été] décidé des augmentations aussi sidérantes que celle de 45 000 euros sur un salaire annuel de base de 155 000 euros ? », a-t-elle lancé.
Décisions « validées à l’unanimité en conseil d’administration »
« Les salaires du groupe de direction n’ont pas été réévalués à la hausse », a répondu Tony Estanguet, avant de préciser que cela avait été le cas toutefois pour des « cas exceptionnels de certaines personnes » : « on s’est rendu compte qu’il y avait un écart de rémunération sur quelques cas et cela a été réajusté récemment », a-t-il expliqué, citant en particulier « des raisons d’égalité salariale entre les femmes et les hommes ».
Un peu plus tard dans l’après-midi de mercredi, Michaël Aloïsio, le directeur général délégué du Cojop a précisé que sur la dizaine d’augmentations de cadres dirigeants évoquée par Mme Rouaux, les corrections d’écarts avaient concerné « quatre » personnes de la direction, dont « trois directrices ». « Notre directrice de la communication n’avait notamment pas le salaire associé au fait qu’elle siège depuis des années au comité exécutif. Nous avons corrigé la situation », a ajouté M. Aloïsio.
« Tout cela est très suivi », a assuré M. Estanguet, citant le rôle du comité des rémunérations indépendant, qui « rend compte directement au conseil d’administration ». « Toutes les décisions sur les rémunérations sont validées, notamment pour les cadres dirigeants, à l’unanimité en conseil d’administration du Cojop », où siège notamment l’Etat, a relevé pour sa part Michel Cadot. « Cela a été le cas », a-t-il ajouté en ce qui concerne les augmentations évoquées de la fin d’année 2022.
« Des arbitrages budgétaires pour en tenir compte »
Reste que la divulgation de ces augmentations au sein de la direction du Cojop survient alors que celle-ci est à la recherche permanente d’économies afin de maintenir l’équilibre de son budget, tout particulièrement dans cette dernière ligne droite avant les Jeux, moment propice à quelques dérapages des coûts. Interrogé sur cette « collision », Fabrice Lacroix, le directeur financier de Paris 2024, a assuré que le comité ne procède à « aucune libéralité en matière salariale ». « Ces augmentations, ce n’était pas une libéralité. Il y avait une justification et nous avons fait des arbitrages budgétaires pour en tenir compte, en prélevant sur d’autres choses », a-t-il souligné.
M. Estanguet a par ailleurs justifié la progression de la masse salariale globale de Paris 2024, dont le montant est désormais évalué à 584 millions d’euros, contre 470 millions prévus initialement, par la nécessité de pouvoir capter des « savoir-faire d’experts internationaux », par « l’évolution du périmètre de l’organisation » et par « une inflation forte qui a nécessité de revaloriser des salaires ».
« Sur trois de nos sept années d’existence, l’inflation a eu un impact compris entre 15 % et 25 %, mais nous avons limité les mesures générales d’augmentation sur les bas et les moyens salaires », a précisé M. Lacroix. Tout en tenant à souligner que la masse salariale représente 13 % du budget, « ce qui est plus faible que la moyenne des entreprises d’événementiel et d’événementiel sportif en particulier où c’est plutôt 15 % à 20 % ».
Tony Estanguet a déclaré, mercredi devant les députés de la commission des affaires culturelles, que « 97 % des besoins » en sécurité privée ont été contractualisés et « sécurisés », que ce soit par le Comité d’organisation des Jeux (Cojop) de Paris 2024 ou par les opérateurs a qui a été confiée la gestion de certains sites (Roland-Garros par exemple). Les besoins en agents de sécurité privée du Cojop sont évalués à 17 000 en moyenne par jour, et 22 000 au pic. Paris 2024 doit désormais s’assurer que les entreprises retenues disposent bien des ressources humaines. Il a été décidé de recruter « 20 % à 30 % » de personnes supplémentaires pour pallier d’éventuelles absences le jour J, a déclaré le délégué interministériel aux JO, Michel Cadot. Ce dernier a ajouté qu’un bilan sur les ressources humaines disponibles sera établi à la fin du mois d’avril. « Il y a quelques ajustements qui devront être opérés à partir de début mai. C’est un délai raisonnable », a-til précisé, faisant référence à un recours à l’armée en cas d’effectifs manquants.
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