Quand Michel Audiard a fait dire à l’un des personnages d’Un taxi pour Tobrouk « deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche », le dialoguiste du film de Denys de La Patellière ne pensait certainement pas au volley assis. A même le sol, les athlètes de cette variante spectaculaire du volley vont loin.
A bout portant, le smash passe au-dessus du filet et atteint le réceptionneur adverse en plein visage. Ses lunettes tombent sous le choc. Un échange banal, au volley, sauf que ses acteurs, ce jour-là, jouent assis. En conséquence, le filet est positionné à une hauteur entre 1 m 05 et 1 m 15 et la dimension du terrain est plus restreinte (10 × 6 m). « Le ballon va moins vite que lors d’un match de volley debout, mais tu es plus près », observe Cyrille Chahboune, ancien commando amputé des deux jambes et joueur de volley assis.
En cette mi-février, l’équipe du Haillan (Gironde) s’entraîne au gymnase de Bel Air. En son sein, trois joueurs et deux joueuses s’apprêtent à disputer les Jeux paralympiques, à Paris d’ici quelques mois. En France, la discipline est partie de zéro en 2018, date à laquelle les équipes nationales ont été créées en vue des Jeux de Paris 2024, une obligation puisqu’elles étaient qualifiées d’office pour l’événement grâce au quota pays hôte.
Imaginé dès 1943 par un médecin militaire anglais pour aider les blessés de guerre, le volley assis a officiellement été « inventé » aux Pays-Bas dans les années 1950. C’est d’ailleurs aux Jeux d’Arnhem, en 1980, que la discipline a intégré le programme paralympique, chez les hommes – seulement en 2004, à Athènes, pour les femmes.
Les règles sont quasiment identiques au volley debout : chaque joueur peut toucher le ballon de n’importe quelle partie de son corps – tête et pieds inclus – et les touches de balle sont limitées à trois avant de la renvoyer dans le camp adverse. Singularité, chez les « assis », il est autorisé de contrer le service.
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Au niveau international, tous les joueurs doivent justifier d’un handicap, classifié en deux catégories. Les volleyeurs dont le handicap est le moins lourd – par exemple ceux dont une affection du nerf sciatique les empêche d’être mobiles à cent pour cent – sont limités à deux par équipe et un seul en même temps sur le terrain. Les autres sont en grande majorité des amputés des membres inférieurs, comme Cyrille Chahboune et son frère d’armes, Guillaume Ducrocq, blessé lors de la même opération militaire en Irak en 2016. Le second a perdu une jambe.
Des plongeons spectaculaires
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