Assis en salle des profs, Alexandre Menozzi, 29 ans, déplie des affiches d’athlètes olympiques. Elles doivent venir décorer les couloirs du lycée professionnel Arthur-Rimbaud de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) pour la troisième année d’affilée, dans le cadre de la « semaine olympique et paralympique » organisée dans les écoles du pays à l’initiative du ministère de l’éducation nationale. Ces « goodies » sont à peu près les seules traces officielles de l’existence des Jeux olympiques de Paris 2024, qui se dérouleront pourtant autour de ce lycée orienté vers les métiers du secteur tertiaire, de la vente et des services à la personne, dans le nord-ouest du département. L’établissement se prévaut toutefois d’un label Génération 2024 , délivré par ce même ministère à ceux qui veulent « bénéficier de l’énergie unique des Jeux ».
« On a reçu un tote bag, deux affiches et un escape game, expliquent Alexandre Menozzi et son collègue Kevin Destouches, tous deux professeurs d’éducation physique et sportive (EPS). Peut-être qu’on a loupé un truc pour obtenir plus, cela dit. » Mais peu importe : avec leur classe de 2de « option JO », ces profs se distinguent et innovent, aux côtés d’une équipe pédagogique déterminée à combattre les clichés qui écornent l’image des lycées professionnels, a fortiori de quartier populaire, trop souvent caricaturés comme des écoles de second rang où l’on atterrit à défaut d’une place en lycée général.
Ici étudient 520 élèves originaires de La Courneuve et des villes mitoyennes de Stains, Dugny ou Le Bourget, en majorité des quartiers prioritaires de la politique de la ville. « On ne s’en sort pas si mal », tranche Athena David, proviseure charismatique qui partage ses fonctions entre Arthur-Rimbaud et le lycée technique Denis-Papin, de l’autre côté de la ville, citant le taux de réussite au bac de 81 %. Soit 8 points au-dessus du résultat « attendu » en raison des caractéristiques socio-économiques des élèves, tel que le calcule l’indicateur « IVAL » (indice de valeur ajoutée des lycées) afin de mesurer l’apport des établissements.
La situation n’en est pas moins « fragile », reconnaît-elle, entre les difficultés sociales, l’absentéisme et le décrochage scolaire, ou encore les tensions extérieures à l’établissement mais qui le traversent. Ce jour-là, il est ainsi beaucoup question de la mort de Wanys R., 18 ans, ancien élève du lycée tué à scooter lors d’une collision avec une voiture de police le 13 mars à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Il vous reste 67.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.