![Nick Mayhugh après la finale du 200 m (T37) lors des Jeux paralympiques de Tokyo, le 4 septembre 2021.](https://img.lemde.fr/2024/05/17/0/0/4000/2667/664/0/75/0/450d880_1715939267462-000-9m83l2.jpg)
Torse nu sous le soleil printanier de Clermont (Floride), Nicholas « Nick » Mayhugh enchaîne les lignes droites sur la piste d’athlétisme du Pure Athletics Track Club. L’Américain est à la lutte avec une poignée de sprinteurs d’élite préparant les Jeux olympiques de Paris, dont son compatriote Noah Lyles, champion du monde en titre des 100 m, 200 m et 4×100 m.
Invariablement dernier sur la ligne d’arrivée, l’athlète de 28 ans, couvert de tatouages figurant, entre autres, sa grand-mère paternelle adorée – « un ancien mannequin » – et « les légendes du football » Ronaldinho et Thierry Henry, se réjouit de cette infériorité chronométrique. « Je suis le plus lent sur cette piste, mais mes partenaires d’entraînement me permettront d’être le plus rapide aux Jeux paralympiques de Paris », explique-t-il, radieux, au Monde.
Atteint d’une forme légère d’infirmité motrice cérébrale, Nick Mayhugh – engagé sur 100 m et 400 m aux championnats du monde de para-athlétisme, du 17 au 25 mai à Kobé (Japon) – n’est pas peu fier de son surnom de « Usain Bolt paralympique », en référence au sprinteur jamaïcain octuple champion olympique et recordman du monde des 100 m et 200 m.
Il le doit au carton plein réalisé lors de sa première sélection aux Jeux paralympiques, à Tokyo en 2021, après seulement dix-huit mois de pratique. Avec trois médailles d’or (100 m, 200 m, relais universel 4×100 m), une d’argent (400 m), et les records du monde du 100 m (10 s 95) et 200 m (21 s 91) dans la catégorie T37 (une des classifications pour les athlètes atteints de paralysie cérébrale), Mayhugh a pris sa revanche sur un handicap quasi indécelable, qu’il a longtemps peiné à faire reconnaître.
« Mais non, tu n’as rien »
« Je suis né avec une faiblesse physique qui affecte tout le côté gauche de mon corps, une sensation d’engourdissement ou de picotement permanent, comparable à ce qu’on ressent quand on cogne son nerf ulnaire [au niveau du coude] ; ça n’est pas vraiment douloureux puisque je vis avec depuis toujours, mais quand j’étais jeune, je n’arrivais pas à expliquer cette différence aux adultes », développe le sprinteur au crâne quasi rasé, qu’il teint de couleurs vives au gré des compétitions.
Enfant, sa main gauche à la traîne sur les touches des instruments de musique et le clavier d’ordinateur lui vaut de mauvaises notes. Il est incapable de serrer le poing. Au soccer – sport qu’il vénère et qu’il a commencé à l’âge de 4 ans –, il peine à lacer ses crampons et à tenir en équilibre sur une jambe. « J’essayais désespérément d’attirer l’attention sur le fait que ma norme n’était pas celle des autres, mais on me répondait “mais non, tu n’as rien” ou “aucune importance puisque tu es droitier” ; comme je rêvais de devenir footballeur professionnel, je m’enfermais dans ma chambre pour m’entraîner à marcher et à courir comme les autres », dit-il.
Il vous reste 62.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.