Emmanuel Macron ne tarit pas d’éloges sur la délégation paralympique française, ce 13 septembre 2021. « Rien ne vous a déstabilisés, vous avez été au rendez-vous », « une magnifique réussite collective », « une performance que nous n’avions pas connue depuis 2004 à Athènes et qui était au-delà des objectifs fixés », lance le président de la République aux sportifs tout juste revenus des Jeux de Tokyo, avec 55 médailles. A côté, sous les ors de l’Elysée, les athlètes olympiques et leurs 33 podiums obtenus au Japon font profil bas. « Le sport paralympique vous a écrasés », ironise le chef de l’Etat, dans un discours aux accents de causerie de vestiaire.
Près de trois ans plus tard, les responsables du sport assurent que la dynamique de Tokyo ne s’est pas essoufflée. D’autant que les moyens ont été engagés pour que, justement, elle ne retombe pas en vue du rendez-vous à Paris cet été (du 28 août au 8 septembre) : jamais le mouvement paralympique français n’a bénéficié d’autant d’argent, avancent-ils, à cent jours du début des compétitions.
En 2024, les 14 fédérations sportives concernées ont reçu quelque 16 millions d’euros de l’Etat, dont 12 millions de l’Agence nationale du sport (ANS), l’organe public chargé notamment du haut niveau. En 2018, les 28 disciplines paralympiques d’été et d’hiver vivotaient avec 3,2 millions d’euros par an.
« La France figurait parmi les derniers de la classe en Europe, au même niveau que le Portugal, qui n’est pas une nation majeure du parasport, se souvient Arnaud Litou, manageur de la performance paralympique au sein de l’ANS. C’est ce qui explique qu’on perdait 12 à 15 médailles à chaque édition des Jeux depuis Sydney, en 2000. »
Le fiasco de Rio en 2016 (28 médailles) a agi comme un électrochoc. La France décide alors de se doter d’une stratégie. Après dix-huit années passées dans le mouvement parasportif canadien, Arnaud Litou est missionné, début 2019, au sein de l’ANS nouvellement créée, pour en définir les grands principes.
L’ère de l’amateurisme
Première priorité : la professionnalisation des sportifs de haut niveau identifiés par les différentes fédérations. Les aides personnalisées aux athlètes sont portées à 1,1 million d’euros, contre 110 000 euros en 2018. L’accompagnement socioprofessionnel (contrats d’image, contrats d’insertion, etc.) a bénéficié de 1,3 million d’euros supplémentaires en 2023. A cela s’ajoutent 700 000 euros pour l’achat de matériels spécifiques (fauteuils sur mesure, orthèses, prothèses…) pour les sportifs à fort potentiel.
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