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« Aux Jeux olympiques de Paris, un état des lieux des rapports de force mondiaux »

Propos recueillis par 
Publié le 03 juin 2024 à 06h00, modifié le 07 juin 2024 à 15h33

Temps de Lecture 6 min.

Spécialistes en géopolitique du sport, Lukas Aubin et Jean-Baptiste Guégan sont respectivement directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, et enseignant à Sciences Po Paris. Ils viennent de publier La Guerre du sport. Une nouvelle géopolitique (Tallandier, 336 pages, 20,90 euros).

Vous écrivez que le sport est devenu un enjeu géopolitique majeur. N’était-ce pas déjà le cas pendant la guerre froide ?

Lukas Aubin : La géopolitique du sport n’est évidemment pas née il y a dix ans ou à la chute de l’Union soviétique. Déjà dans l’Antiquité, les cités grecques participaient aux Jeux panhelléniques pour mesurer leur puissance par le sport. Mais c’est bien plus tard, au début du XIXe siècle, que le sport moderne tel que nous le connaissons est né, en Grande-Bretagne. Pendant la guerre froide, c’est un instrument utilisé par les blocs de l’Est et de l’Ouest. Depuis la chute de l’URSS, les choses ont changé. Aujourd’hui, de nouveaux acteurs émergent : Qatar, Arabie saoudite, Chine, Russie (héritière de l’Union soviétique), Inde, Maroc, etc. Nous assistons à un équilibrage de la géopolitique du sport. D’un monde du sport unipolaire, plutôt occidental, nous sommes passés à un modèle multipolaire qui se désoccidentalise. Nous parlons d’une « nouvelle géopolitique » du sport, car ce dernier n’a jamais été si puissant qu’aujourd’hui. La preuve, tout le monde veut y participer.

Jean-Baptiste Guégan : Il faut rappeler que c’est l’URSS qui a gagné la guerre du sport, pas les Etats-Unis, quand on regarde factuellement les classements des médailles. La mise en récit, en revanche, a souvent été écrite par les Américains. Mais ils n’ont pas gagné et, quand ils gagnent, c’est l’exception.

Vous affirmez que le sport est une arme au service des Etats. Avez-vous des exemples récents de cette diplomatie sportive ?

J.-B. G. Lorsqu’un pays organise un événement sportif, il met en scène ses relations internationales. Voyez l’exemple du Qatar et de l’Arabie saoudite : trois ans avant le Mondial 2022 au Qatar, Riyad a tenté de renverser l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani. Et qui est l’invité d’honneur à l’ouverture du Mondial ? Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman. La réconciliation entre les deux hommes a été mise en scène. Autre exemple avec Xi Jinping et Vladimir Poutine. Aux Jeux d’hiver de Pékin, en 2022, la Russie est suspendue [sanctionnée pour dopage d’Etat]. Pourtant, Poutine est invité par le président chinois. Une manière pour Xi Jinping de dire : « C’est moi qui décide de l’ordre mondial. »

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