A quarante-neuf jours des Jeux olympiques, les championnats d’Europe d’athlétisme passent un peu inaperçus. Mais la compétition continentale, organisée au Stade olympique de Rome du 7 au 12 juin, n’est pas dépourvue d’intérêt pour les athlètes tricolores.
L’objectif est déjà de faire mieux qu’à Munich en 2022, où l’équipe de France n’avait remporté aucun titre européen (quatre médailles d’argent et cinq de bronze), et terminé au 23e rang du tableau des nations. Si Rénelle Lamote, médaillée d’argent sur 800 m en Allemagne, n’est pas présente en Italie, les Bleues espèrent voir briller l’hurdleuse Cyréna Samba-Mayela. Médaillée mondiale en salle à Glasgow, en mars, elle vient de battre le record de France du 100 m haies – en 12 s 52, à trois centièmes de l’Européenne la plus rapide, la Suissesse Ditaji Kambundji.
Pour plusieurs athlètes français, ces championnats d’Europe représentent une étape de la course à la qualification pour Paris 2024. Beaucoup des 99 sélectionnés « romains » rêvent de réaliser les minima olympiques – pour l’heure, seuls 46 athlètes tricolores, pas tous présents en Italie, les ont déjà réalisés. Et de grands noms de l’équipe de France ont choisi Rome pour tenter d’obtenir ce sésame, comme le décathlonien Kevin Mayer, vice-champion olympique à Rio (2016) et Tokyo (2021).
« Que du positif à aller chercher un bon résultat »
Handicapé par des petites blessures à répétition, le recordman du monde a finalement opté pour ce « week-end à Rome » pour tenter de réaliser les 8 460 points requis, une formalité en temps normal pour lui. Avant de penser à un troisième podium olympique consécutif, il devra prouver, lundi et mardi, qu’il est encore capable d’aller au bout d’un décathlon.
Sur les rives du Tibre, une autre figure de l’athlétisme français est en quête de sensations et de minima. Quatrième des Jeux de Tokyo en 2021, le lanceur de marteau Quentin Bigot a fait son retour cette saison après une longue blessure. Le 16 mai, pour sa reprise, il a lancé à 75,42 m, loin de son record personnel atteint en 2022 (80,55 m), et à bonne distance, encore, des minima, fixés à 78,20 m. S’il peut prétendre à une médaille continentale, le Lorrain pourrait voir son compatriote Yann Chaussinand lui passer devant. A 26 ans, le lanceur de marteau a validé son ticket pour les JO en janvier, et ne cesse d’améliorer ses performances (un jet de 79,88 m réalisé fin mai).
A 44 ans – elle en aura 45 lors de Paris 2024 –, Mélina Robert-Michon est bien partie pour disputer ses septièmes Jeux olympiques. La médaillée d’argent de Rio 2016 occupe la 13e place du « ranking » des lanceuses de disque, et espère dépasser à Rome les 64,50 m requis pour se qualifier, et se mêler de la lutter pour le podium continental.
Et si d’autres vétérans de l’athlétisme tricolore poursuivent leur quête olympique, tous ne sont pas à Rome. Ainsi, pour la première fois depuis 2006, à Göteborg (Suède), des championnats d’Europe se déroulent sans le perchiste Renaud Lavillenie, qui a choisi d’autres meetings pour obtenir son ticket olympique.
Certains qualifiés tricolores ont beau avoir fait l’impasse – à l’image des hurdlers Sasha Zhoya et Wilhem Belocian –, d’autres athlètes considèrent Rome comme un tremplin vers Paris. « Ces championnats d’Europe vont permettre de préparer au mieux les JO, a déclaré Romain Barras, directeur de la haute performance de la Fédération française d’athlétisme (FFA). Il n’y a que du positif à aller chercher un bon résultat, pour faire le plein de confiance. »
L’erreur administrative de la Fédération
Parmi les athlètes en forme, le lanceur de javelot, Teuraiterai Tupaia a battu à la mi-mai le record de France de sa discipline qui tenait depuis 1987. Le Tahitien espère confirmer son jet à 86,11 m, qui le classe au quatrième rang des meilleurs performeurs européens de la saison.
Parmi les candidats à un podium, le coureur de 800 m Gabriel Tual, comme les spécialistes du 3 000 m steeple Alice Finot et Alexis Miellet ou Louise Maraval, qui débarque à Rome forte du troisième chrono européen sur 400 m haies. Vice-champion d’Europe en titre de cette discipline, Wilfried Happio figure également parmi les favoris à la médaille chez les hommes.
Enfin, au sein d’un sprint français en plein marasme, le jeune Pablo Mateo est une bouffée d’air frais bienvenue, qui peut prétendre au titre sur 200 m. Comme d’habitude, les relais tricolores sur 100 et 400 mètres constituent de sérieux espoirs de médailles européennes. A Budapest, lors des derniers Mondiaux à l’été 2023, les relayeurs du 4 × 400 m avaient évité le zéro pointé à la délégation française, derrière l’équipe américaine mais devant les Britanniques.
Pour la fédération française, attendue au tournant lors des Jeux olympiques à domicile après une édition 2021 très difficile à Tokyo, ces championnats d’Europe ont mal commencé hors piste. « Une erreur de saisie administrative » a failli priver deux athlètes d’une participation méritée. Azeddine Habz (1 500 mètres) et Simon Bédard (10 000 m) ont finalement été repêchés, lundi, par la Fédération européenne qui s’est montrée clémente, non sans avoir tancé la FFA et ses « erreurs administratives majeures ». Romain Barras s’est excusé au nom de l’équipe fédérale devant la presse, « comme un enfant qui fait une bêtise ».
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