« Tu l’as fait ! » Dans la soirée du samedi 10 août, Sarra Lakhdari sera devant l’Hôtel de ville de Paris pour le départ du « marathon pour tous » : 42,195 km à avaler, sur un tracé identique à celui de la course officielle des Jeux olympiques de Paris 2024, ayant lieu le matin même pour les hommes, le lendemain pour les femmes. Elle figurera parmi les 20 024 participantes et participants à cette épreuve ouverte au grand public, autant étant attendus sur un parcours plus court, de 10 km.
La liste de ces 40 048 coureuses et coureurs est quasiment arrêtée. Près de 35 500 dossards ont été distribués par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) de Paris 2024, notamment au travers de challenges sportifs, points cumulés, jeux concours et tirages au sort organisés sur son application « Marathon pour tous ». L’organisateur est en phase d’ajustement et de réattribution des dossards des personnes qui ne seraient pas allés au bout de la démarche d’enregistrement. Orange, le partenaire de l’épreuve, a quant à lui fait remporter les 4 500 dossards restants, dont les cent derniers à la fin mai.
Pour Sarra Lakhdari, ce sera le premier marathon. Devant le mail, reçu fin janvier, l’informant de sa qualification, elle avait brièvement cru à une arnaque. Cette épreuve semblait si loin de portée pour cette communicante de 27 ans. Lorsqu’elle avait téléchargé, « pour rigoler », à l’été 2022 l’application « Marathon pour tous », elle ne pensait pas pouvoir atteindre à temps la barrière des 100 000 points nécessaires pour le grand tirage au sort final. « J’ai oublié que j’avais relié l’application à ma montre. A chaque fois que je courais, les points cumulés par kilomètres étaient directement comptabilisés », explique l’habitante de Bellegarde-sur-Valserine (Ain) qui court deux à trois fois par semaine.
C’est lors d’un marathon en relais organisé par Orange, en juillet 2023, qu’Elodie Marcuccilli a quant à elle obtenu son dossard des 10 km pour tous. Concourant avec des collègues, son équipe de « bras cassés », comme elle la décrit, n’avait pas atteint les places ouvrant droit aux dossards. Mais les membres de l’équipe ont été tirés au sort. Une sélection inattendue qui l’a plongée dans une euphorie totale : « Je le vis comme un privilège. Pour moi c’était un rêve, confie-t-elle. C’est la course de ma vie. »
« Toucher des personnes lambda »
Mais les « runners » habituels ne seront pas les seuls à pouvoir participer à la fête, les critères de sélection ont également permis aux grands débutants de décrocher un dossard. C’est le cas de Caroline Watteyne qui n’avait pas le marathon en ligne de mire en s’inscrivant sur l’application. Cette « très grande fan des JO », comme elle se présente, raconte avoir créé son compte sur la plate-forme de Paris 2024 avant tout pour participer à des rencontres avec des sportifs.
Quand cette professeure de tennis a appris, mi-avril, sa sélection au marathon pour tous, elle ne s’est pas vue refuser le précieux sésame. « Même si je n’aime pas la course et que je n’ai jamais fait de marathon, je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion », s’exclame la Belge de 37 ans qui a pourtant atteint le seuil des 100 000 points très vite grâce à ses compétitions de tennis. Depuis, elle essaie de s’entraîner selon un rythme de trois courses par semaine, malgré les difficultés liées à une blessure au genou apparue pendant sa préparation.
« L’objectif n’était pas de toucher que des runners, mais aussi des personnes lambda », précise Claude-Henri Duriez, responsable du partenariat Paris 2024 chez Orange. L’entreprise est passée par Instagram et ses influenceurs pour relayer ses jeux concours : « Ça a ouvert le marathon à d’autres personnes qui ne se pensaient pas forcément sportives. »
Une course connectée en simultané
D’après les chiffres du Cojop, plus de 400 000 personnes ont candidaté pour un dossard. Des déçus, il y en a donc inévitablement. Coureur d’une dizaine de marathons dont ceux de New York, Tokyo, Londres ou encore du Mont-Blanc, Benjamin en fait partie. « J’ai essayé tous les moyens possibles, que ce soit les challenges, les points collectés, les événements parrainés, énumère-t-il. J’ai même réactivé un ancien compte Instagram que je n’utilisais jamais pour suivre les représentants de la Team Orange, et je n’ai pas eu plus de succès. »
Amer, l’ingénieur lyonnais passionné de sport a décidé de ne pas se déplacer à Paris cet été pour assister comme il avait prévu aux épreuves olympiques de judo, d’athlétisme et de handball. « Je me console en me disant que c’est bien pour les débutants. J’espère que ça leur donnera envie de se mettre à la course à pied », concède-t-il.
« Il y avait la volonté de Paris 2024 d’ouvrir grand les Jeux », confirme Aurélien Hochart, responsable du marathon pour tous au sein du Cojop. Ce dernier défend un « système de gain et d’attribution des dossards qui voulait sortir d’un aspect élitiste pour l’ouvrir au plus grand nombre ».
Pour tenter de répondre à la forte demande, une course connectée sera organisée simultanément. En France ou à l’étranger, les sportifs pourront y prendre part depuis chez eux ou dans des salles de sport grâce à des applications d’entraînement interactives. La participation sera prise en compte dès trente minutes d’effort. Aurélien Hochart conclut : « L’objectif est d’en faire un événement mondial, regroupant le plus d’amoureux de course à pied dans le monde. »
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