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Armand Duplantis, tout seul et tout en haut, est pour la troisième fois champion d’Europe du saut à la perche

Le Suédois, recordman du monde, a remporté sans réelle opposition un nouveau titre international, mercredi 12 juin. Le Français Thibaut Collet, 5ᵉ à Rome et espoir de médaille aux Jeux de Paris, ne cache pas son admiration pour le phénomène de la perche.

Par  (envoyé spécial à Rome)

Publié le 13 juin 2024 à 01h43, modifié le 13 juin 2024 à 12h43

Temps de Lecture 4 min.

Armand Duplantis après avoir décroché l’or au saut à la perche, lors des championnats d’Europe, au Stade olympique de Rome, le 12 juin 2024.

Le perchiste Armand Duplantis a remporté, mercredi 12 juin à Rome, un troisième titre européen. Le champion du monde et champion olympique en titre ne s’est pas contenté de la victoire, l’ordinaire pour lui. Le Suédois de 24 ans a tutoyé ses propres sommets, s’attaquant, comme à presque chacune de ses sorties, à son record du monde (6,24 m) et ratant d’un rien son deuxième essai à 6,25 m.

Loin de sa majesté, le Grec Emmanouil Karalis s’est emparé de la médaille d’argent (5,87 m) et le Turc Ersu Sasma, de la médaille de bronze (5,82 m). Le Français Thibaut Collet a dû, lui, se contenter de la 5e place, comme lors des précédents championnats d’Europe en 2022 et du monde en 2023. Rien ne lui a été donné au Stade olympique de Rome, mais il n’a rien lâché, bataillant pour franchir à son deuxième essai 5,50 m, 5,65 m et 5,82 m. Malheureusement, au nombre d’essais, cela ne lui a pas suffi pour monter sur son premier podium. Il a échoué de justesse à la barre suivante, qui lui aurait offert la médaille de bronze.

Pour Duplantis, en revanche, ces championnats d’Europe ont ressemblé à la promenade de santé annoncée. Quand les autres concurrents ont enchaîné les sauts, lui n’a sauté que quatre fois en 2 h 40 pour deux succès à 5,65 m et 5,82 m, avant d’effacer 5,97 m et 6,10 m pour assommer la finale et oublier une saison hivernale qu’il n’a pas appréciée.

Pensez donc, six mois sans battre de record du monde et un titre mondial en salle remporté de manière moins écrasante que prévu, il n’en fallait pas plus pour agacer au plus haut point Armand Duplantis. Le Suédois, élevé en pays cajun, n’est pas fait du même bois que les autres. Le Français Thibaut Collet, qui le voit évoluer toute l’année sur scène comme en coulisses, l’a constaté : « Il a agi comme un enfant qui boude, pendant la transition entre l’hiver et l’été. Il n’avait pas fait ce qu’il voulait cet hiver, raconte-t-il. J’en ai discuté avec ses parents [ses coachs Greg et Helena] et avec lui. Il est champion du monde en salle, il n’en avait rien à faire. Il avait les boules de ne pas avoir battu son record. »

Qu’a fait le premier des perchistes ? Il s’est entraîné de plus belle et est revenu comme un mort de faim, à la reprise de la saison en plein air. « Dès sa première compétition [à Xiamen, en Chine, le 20 avril], il franchit 6,24 m, record du monde. Son saut est incroyable, techniquement, c’est de l’art », constate Collet.

Avec celui que l’on surnomme « Mondo », l’inéluctable est dans l’air à chaque fois qu’il se saisit d’une perche et déboule sur la piste d’élan, avant de survoler les sautoirs. Thibaut Collet avait même prévu le déroulé de cette finale européenne : « Avec ce qu’il fait sur sa rentrée [trois autres concours à 6 m et proche de passer 6,25 m], il va sûrement encore battre son record. Il y aura sa compétition et celle des autres. »

N’allez pas croire que Thibaut Collet, fils de Philippe – qui l’entraîne et le devance toujours avec un record personnel à 5,94 m (contre 5,92 m) – manque d’ambition ni même de caractère. Ce blond de 24 ans, compact et musculeux, est tenace et nanti d’un caractère affirmé. Mais il n’a pas l’âme d’un platiste et seuls les fous ou les déraisonnables peuvent aller contre l’évidence « Mondo ».

Lorsque les journalistes lui demandent si le phénomène de l’athlétisme peut être battu, et comment, il a recours à l’humour. « Je ne vois qu’une jambe coupée, une bonne gastro le matin, s’amuse-t-il, gouailleur. Il est plus fort que Bubka à l’époque, bien plus fort. Ça va être l’un des plus grands athlètes de l’histoire. »

Le Français Thibaut Collet a terminé 5ᵉ des championnats d’europe, à Rome, le 12 juin 2024.

Pour un œil distrait, le champion olympique de 24 ans possède un physique plutôt passe-partout, associé à une démarche nonchalante. Mais sur la piste, il court le 100 mètres en 10 s 55, perche en mains, qui pèse souvent autour de 10 kg. Et il est régulièrement flashé sur la piste à 37 km/h. « Si demain, il n’est plus qu’à 35 km/h, il sera encore devant. Quand il se rate, il fait 5,90 m, le niveau des meilleurs du monde après lui », s’émerveille Thibaut Collet.

Thibaut Collet vise le podium à Paris 2024

Les perchistes contemporains de Duplantis savent déceler le beau dans ce tableau qui pourrait sembler sombre aux esprits pessimistes. « Si demain, je suis sur le podium à Paris derrière ce gars-là, ça serait encore plus fort que Kevin [Mayer] derrière Ashton Eaton aux JO 2016 [ex-recordman du monde du décathlon]. Je serais derrière le mec le plus fort de l’histoire, ça a une saveur de fou », lance-t-il.

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Mais Thibault Collet ne se laisse pas enfermer dans ce rôle d’admirateur. A Rome, il s’est montré parfaitement dans les temps pour Paris 2024, son véritable objectif de la saison. Chaque année, il progresse : en février, il a élevé son record personnel à 5,92 mètres. Ressentie mi-avril, la légère inflammation du tendon de son genou gauche n’est plus qu’un mauvais souvenir. Quelques jours avant Rome, il assumait son nouveau statut de prétendant au podium : « Je n’ai pas le choix, je suis obligé de dire le mot que vous allez aimer : médaille. »

Au Stade de France, le perchiste tricolore ne compte pas se présenter en victime expiatoire. Les autres sont prévenus. « Derrière “Mondo”, on se bagarre pour les deux places restantes sur le podium, assène-t-il. J’ai envie de dire aux autres : vous allez venir chez nous, ne pensez pas une seconde qu’on va vous laisser gagner. » Armand Duplantis n’a pas les mêmes préoccupations. La victoire acquise, il tente encore et encore de repousser les limites de son sport.

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