« Ça coûte que dalle », balaie Jean-Pierre Berger. Dans son vaste bureau de l’hôtel de ville de Saint-Etienne, le premier adjoint au maire évacue la question du budget alloué à l’accueil de la flamme olympique dans la ville, samedi 22 juin. Grâce à elle, dit-il, « on parle de Saint-Etienne, les gens participent, il y a du partage, alors c’est tellement de bonheur ! ».
S’il le pouvait, l’octogénaire dynamique chanterait peut-être Y’a d’la joie de Charles Trenet, en entraînant les Stéphanois dans la danse. « Les plus mauvais ambassadeurs de la ville sont les Stéphanois. Nous sommes chaleureux, solidaires. Mais on ne se montre pas, on se cache. On ne brille pas, ce n’est pas notre truc, on est des laborieux. » Plusieurs fois, il tape son poing gauche dans sa main droite. « Il y a du dynamisme en nous ! » Et il aimerait que cela se voit et que cela se sache.
Il faut dire que, ces derniers temps, Saint-Etienne n’a pas été épargnée. A commencer par la municipalité elle-même. Le maire Gaël Perdriau (ex-Les Républicains) a été mis en examen pour « chantage », « participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage » et « détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique », après la révélation par Mediapart en août 2022 d’une affaire de chantage à la sextape à l’encontre de son ancien premier adjoint, Gilles Artigues.
L’instruction est toujours en cours, alors que, dans la ville, des inscriptions au pochoir faisant allusion à cette affaire habillent le macadam de certaines rues : « Soupçonne-moi du pire… Signé Perdriau » ou encore « System Perdriau » entourant le symbole du nucléaire. Au Musée d’art et d’industrie de Saint-Etienne, qui présente l’exposition « D’Olympie à Saint-Etienne », une autre allusion à l’affaire a été griffonnée sur le livre d’or, quand, dans un pub proche de la mairie, le nom du maire a même été ajouté à la « Liste des allergènes » sur une carte proposée aux clients.
« Ces problèmes n’ont rien arrangé pour la réputation de la ville », reconnaît Jean-Pierre Berger, qui dit porter « beaucoup de choses en tant que premier adjoint ». Il se dit déterminé à ne pas lâcher : « La parade, c’est de faire son boulot pour éviter que tout le travail fait depuis notre arrivée soit foutu en l’air. »
« Un cataclysme »
Mais ce qui touche encore plus les cœurs stéphanois depuis des mois maintenant, c’est la fin de l’empire Casino. « Un cataclysme, considère Jean-Pierre Berger. Ici, soit on a fait un stage chez Casino, soit on a travaillé un moment dans le groupe, soit on a été client. Pour nous, c’est viscéral. » Lui-même a commencé manutentionnaire dans le groupe, avant d’en devenir le DRH jusqu’à son départ en 2003.
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