L’image est magnifique. Et symboliquement très forte. La flamme olympique a emprunté, jeudi 27 juin, le pont de l’Europe, qui enjambe la Moselle pour relier l’Allemagne au Luxembourg, où elle n’était plus apparue depuis 1948. Une relayeuse française, Marion Le Manach, l’a transmise à la Luxembourgeoise Anne Kremer, l’une des ex-sportives de haut niveau les plus célèbres du Grand-Duché.
La tenniswoman a participé à trois éditions des Jeux olympiques (1996, 2000 et 2004). Amputée d’une jambe après un accident de la route, en 2020, elle a ramené d’un bon pas la flamme dans son pays, sous les applaudissements d’une tribune remplie d’officiels, et dans laquelle se trouvaient, entre autres, le couple grand-ducal, leur fils, le prince Louis, les ministres luxembourgeois Xavier Bettel et Georges Mischo, la ministre des sports française, Amélie Oudéa-Castéra, la présidente du Land de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, le président de la région Grand Est, Franck Leroy.
Le relais de la flamme olympique a ainsi pris une dimension très européenne et vécu l’un de ses segments les plus atypiques à ce qu’on appelle un tripoint, ces lieux rarissimes où trois frontières se rejoignent. Prouesse géographique, en l’espace de seulement 1 200 mètres, il a donc traversé trois pays.
La flamme est partie d’Apach, dernière commune mosellane de 1 200 habitants en bordure de la frontière, dont la particularité est de posséder une réplique de la tour Eiffel, haute de quatre mètres. Elle a rejoint au bout d’une centaine de mètres Perl, dans le Land de Sarre. Pour terminer au Luxembourg dans un lieu connu de tous les Européens : Schengen.
Là où, trente-neuf ans plus tôt, a été signé l’accord de libre circulation marquant la première étape de la création de l’Espace Schengen. C’était le 14 juin 1985, sur un bateau ancré en plein milieu de la Moselle, le Princesse-Marie-Astrid, entre cinq membres de la Communauté européenne : l’Allemagne de l’Ouest, la France et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg).
« Notre singularité, c’est l’Europe »
Depuis, dans ce secteur, l’Europe n’est pas qu’un vague concept. Elle se vit au quotidien. C’est ce qu’a voulu démontrer le département de Moselle en imaginant cette étape. « Nous nous considérons comme un eurodépartement, explique son président, Patrick Weiten. Tous les jours, 150 000 Mosellans traversent la frontière pour aller travailler au Luxembourg ou en Allemagne. C’est cette image que nous voulons renvoyer avec ce parcours. Schengen, c’est un nom qui parle au monde entier ».
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