Les championnats de France d’athlétisme, qui se sont déroulés du 28 au 30 juin à Angers, ont démenti un lieu commun du sport : seule la victoire est belle. On vit des athlètes franchir la ligne d’arrivée en tête et exprimer leur immense déception. D’autres finir troisième et éructer de bonheur. Alors, l’important était-il de participer, dans le stade champêtre des bords de la Loire ? En quelque sorte, mais surtout de participer aux prochains Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août).
Le 30 juin étant la date butoir, ces championnats étaient, pour plusieurs athlètes, la dernière occasion de réaliser les minima de temps, de longueur ou de hauteur nécessaires pour se qualifier. Ou de gratter quelques places dans le classement mondial – le ranking – de leur discipline, autre porte d’entrée pour s’assurer un billet pour le Stade de France. Ces complexes calculs entre performance brute et place dans la hiérarchie mondiale ont occupé tous les esprits pendant ce long week-end sportif. Il fallait écouter les calculs alambiqués des athlètes, des entraîneurs et de tous les cadres, jonglant avec tous les « x » de cette complexe équation… L’athlétisme est affaire de maths autant que de physique. Qui comprend comment cela fonctionne peut envoyer une fusée sur la Lune.
Dans cette ambiance franchement jacobine, tous les esprits polarisés vers Paris, certains ont perdu leur dernière chance. Renaud Lavillenie, 37 ans, champion olympique à Londres en 2012, avec un record personnel à 6,16 m, tentait depuis des mois de franchir les 5,82 m qualificatifs, revenant à la compétition après une rupture d’un tendon en 2023. Il a échoué très loin de là, à 5,60 m.
L’espoir un peu fou de Teddy Tamgho
Le lanceur de marteau Quentin Bigot, vice-champion du monde en 2019, n’a pas non plus réussi à surmonter les séquelles d’une grave blessure et a échoué à se qualifier, samedi. « L’été va être long », constatait-il. Autre grand nom qui manquera à Paris, l’ancien champion d’Europe du 110 mètres haies, Pascal Martinot-Lagarde, n’a pas réussi à se qualifier. Même soupe à la grimace pour l’Angevine Amandine Brossier, championne de France du 400 mètres devant son public, qui ne pouvait dissimuler son désespoir de n’avoir réalisé, sous une pluie battante, le minima de sa distance pour espérer figurer dans l’épreuve individuelle. L’ovation de la foule et sa présence probable dans le relais français 4 × 400 m à Paris ne suffisaient à atténuer son chagrin.
Pour illustrer la complexité de ces qualifications olympiques, prenons le 800 m féminin. Charlotte Pizzo est devenue championne de France, mais dans un temps insuffisant et trouvait du coup son titre presque sans saveur. « Je suis frustrée de ne pas avoir ma place pour Paris », râlait-elle. La deuxième de l’épreuve, Anaïs Bourgoin, qui avait précédemment réalisé les minima et avait déjà en poche son billet pour Paris, était plus radieuse que celle qui l’avait battue. La quatrième de l’épreuve, Rénelle Lamote, aussi : elle avait réalisé auparavant les minima. Mais pas Clara Liberman, qui a terminé troisième à Angers, devant elle. Aspirine…
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