C’est aussi cela les Jeux : un rapport intime différent d’un sportif à l’autre à l’événement. Pour beaucoup, il s’agit du projet d’une vie avec parfois les anneaux olympiques tatoués pour rappeler à l’épiderme l’importance de l’événement. Alexandre Lacazette, lui, est un « olympien » de la dernière minute. Début juin, l’attaquant de l’Olympique lyonnais est en vacances au moment de découvrir son nom, presque étonné, dans la liste du sélectionneur, Thierry Henry, pour le tournoi de football de Paris 2024.
Deux mois plus tard, il s’apprête à disputer une demi-finale contre l’Egypte, lundi 5 août à 21 heures, dans son jardin du stade de Lyon. Des regrets d’avoir bousculé son programme estival ? « Non, pas du tout », lâchait l’intéressé avec un sourire en coin après la qualification contre l’Argentine (1-0) au tour précédent. A 33 ans, Alexandre Lacazette est le capitaine d’une équipe à deux rencontres du second titre olympique du football français après celui de 1984 à Los Angeles.
Grâce au règlement olympique autorisant la présence de trois joueurs âgés de plus de 23 ans, le Lyonnais dispute enfin son premier grand tournoi international. Pour lui, le bleu a longtemps été une couleur froide comme ses relations avec Didier Deschamps. Le sélectionneur des « A » fait sans Alexandre Lacazette depuis le 14 novembre 2017. Une éternité. Ce soir-là, l’avant-centre d’Arsenal à l’époque inscrit un doublé en Allemagne (2-2). A la sortie, il pense « avoir marqué des points » mais Didier Deschamps doit avoir une autre grille de lecture. Les listes défilent, les concurrents d’Olivier Giroud en attaque aussi, mais le Lyonnais passe toujours après les Wissam Ben Yedder, Anthony Martial, Randal Kolo Muani, Marcus Thuram ou Karim Benzema lors son bref retour entre 2021 et 2022.
Thierry Henry saute sur l’occasion
Au fil des conférences de presse, Didier Deschamps avance une réponse toute faite à l’incontournable question Lacazette. Elle commence par « tant mieux pour lui s’il a marqué autant de buts » et se termine par « après, il y a une concurrence à ce poste ». Tout a été évoqué, mais jamais vraiment tranché sur ce malentendu entre les deux hommes. Alexandre Lacazette paierait encore une première mauvaise impression lors d’un tournoi à l’été 2013 en Amérique du Sud. Le bizuth aurait laissé le souvenir d’un joueur peu impliqué dans les séances.
Le péché originel ? Le joueur voit désormais dans sa disgrâce un choix de groupe plutôt que sportif. « Avant, Didier Deschamps prenait les vingt-trois meilleurs pour aller dans une compétition. Maintenant, c’est vingt-trois joueurs français qui cohabitent très bien ensemble et qui peuvent gagner », avance-t-il, en décembre 2023, dans un entretien avec le youtubeur Colinterview. Résigné, Alexandre Lacazette laisse le train du dernier Euro en Allemagne partir une nouvelle fois sans lui.
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