« Poisson volant hybride vrille 180° », « flamenco tour hybride », « queue de poisson cavalier vrille continue 1 080° » ou encore « fusée en grand écart jambes alternatives vrille 280° » : du lundi 5 au samedi 10 août, les épreuves de natation artistique – on ne dit plus « natation synchronisée » – seront l’occasion de réviser le glossaire mi-poétique mi-technique d’une discipline apparue aux Jeux olympiques (JO) de Los Angeles, en 1984.
Quarante ans après, la Fédération internationale de natation espérait la ripoliner à l’occasion des Jeux de Paris 2024, en mettant fin à une anomalie : les épreuves olympiques étaient jusque-là réservées aux femmes. En décembre 2022, World Aquatics a annoncé ouvrir sa compétition par équipes aux hommes – avec un maximum de deux par équipe. Depuis 2015, la fédération internationale avait déjà modifié son règlement pour les intégrer aux championnats du monde. Une manière de faire tomber les clichés d’une discipline – mélange de ballet, de natation et de gymnastique acrobatique – encore trop souvent étiquetée comme « sport féminin ».
Las, sur les quatre-vingts concurrents – huit pour chacune des dix nations en lice au Centre aquatique olympique, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont la France –, tous sont des femmes. Au grand désarroi de World Aquatics : « Cela aurait dû être un moment historique pour ce sport, a regretté l’instance dans un communiqué, en juin. Nous savions que cela allait être un défi pour les hommes de décrocher à temps leur place pour Paris 2024, sachant que leur éligibilité n’a été confirmée qu’il y a dix-huit mois, mais nous espérions que certains y parviendraient. »
Début juin, l’Américain Bill May, l’un des prétendants les mieux placés pour devenir le premier nageur artistique aux JO, a appris qu’il ne serait finalement pas du voyage en France. A 45 ans, ce pionnier de la discipline voulait « inspirer d’autres sportifs masculins ou d’autres athlètes qui veulent représenter la diversité dans n’importe quel sport », disait, début mai à l’Agence France-Presse, le premier champion du monde masculin, dans l’épreuve technique inaugurale du duo mixte, en 2015.
« Retard technique »
Or, contrairement aux Mondiaux, où il existe une épreuve pour chaque discipline – technique, libre et acrobatique –, aux Jeux, le classement du ballet est établi en additionnant les notes des trois disciplines. L’épreuve olympique en duo reste, elle, pour le moment exclusivement féminine.
« C’est une introduction qui n’en est pas vraiment une. Les équipes sont constituées depuis longtemps, donc presque aucune nation ne fera le pari de mettre un garçon moins préparé », anticipait, en janvier, dans Ouest-France le Français Quentin Rakotomalala, médaillé de bronze en 2022 à Rome, lors de la première apparition du solo masculin aux championnats d’Europe.
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