« Il a fallu digérer la déception… » Les footballeurs de Troyes reprennent l’entraînement sous le signe de l’incertitude
L’Estac a débuté sa préparation estivale avec un groupe qui pourrait être profondément remanié dans les prochaines semaines. Le club troyen, relégué en National après une saison cauchemardesque, surveille d’un coin de l’œil la situation de clubs de Ligue 2 en difficulté financière en vue d’un possible repêchage.
« J’espère qu’on va se maintenir » Ginette, 78 ans, a les mots qui trahissent la pensée de beaucoup de supporters de l’ESTAC. Ils croient encore à un repêchage en Ligue 2 selon l’évolution des dossiers d’Ajaccio, Bordeaux ou Martigues devant la DNCG, la commission chargée de surveiller les comptes des clubs français de football. « De toute façon, je suis toujours venue, même lorsqu’on a déjà été relégué en National. Je ne quitte pas mon club comme ça » !
Gigi est la plus ancienne abonnée du club. Elle suit depuis l’âge de 10 ans l’évolution du foot troyen. En février 2023, l’ESTAC lui a d’ailleurs rendu hommage en l’invitant, en VIP, à donner le coup d’envoi d’un match de Ligue 1 contre Montpellier. Sa présence ce mercredi au 1er entraînement public de la saison était une évidence. « Il n’y a que lorsque je serai sous 4 planches que je ne viendrais plus ! », lance-t-elle amusée.
Une bonne soixantaine de fidèles supporters ont assisté à cette 1re journée de ballon du groupe troyen, après deux journées de tests physiques. Des suiveurs forcément peinés par les deux saisons écoulées, avec une double rétrogradation sportive de l’ESTAC de Ligue 1 jusqu’en National. « On continuera de les suivre même s’ils sont à ce niveau, ils ont besoin de nous », soutient Stéphanie. « La ligue 2, ce serait quand même mieux, j’espère que l’effectif sera meilleur que l’année dernière et que les ultras vont se calmer », souhaite Aymeric, après les lancers de fumigènes entre supporters et joueurs contre Valenciennes, des images qui ont fait le tour de la planète.
Un groupe de joueurs qui va profondément évoluer
Elsa, une jeune inconditionnelle de 16 ans, est venue voir son chouchou, l’attaquant Renaud Ripart « Je veux qu’il reste ! » lance-t-elle. Ce n’est pas gagné ! L’ancien Nîmois fait partie des nombreux joueurs susceptibles de quitter Troyes dans les prochaines semaines. « Il va y avoir beaucoup de mouvements, pas mal de départs et d’arrivées », confirme le coach David Guion. « Des garçons ont des ambitions sportives plus élevées, certains sont sollicités. Et pour d’autres, on pense que c’est mieux qu’ils aillent chercher un autre projet sportif ailleurs ». Le coach va tenter de convaincre certains cadres de rester malgré la relégation en mettant en avant les ambitions du City Football Group à moyen terme.
Après une demi-saison conclue par une relégation en National, David Guion affiche sa sérénité, même si certains joueurs manquent à l’appel. « Il y a des garçons qui ont encore besoin de faire des batteries de tests et de la réathlétisation comme le petit Dong. On verra dans les semaines à venir s’ils rejoignent le groupe sur le terrain car ce sont des garçons qui sont susceptibles de nous quitter très rapidement ».
Avec l’Euro et la reprise tardive des championnats pour cause de Jeux olympiques, la longue pause de 6 semaines a permis de tourner la page. « Il a fallu digérer cette déception », souffle l’entraîneur troyen. « Il fallait ensuite vite se pencher sur cette nouvelle saison et l’effectif, avec pas mal de travail sur les 3 dernières semaines ». L’incertitude de la division dans laquelle évolueront les Troyens va forcément peser sur le recrutement. Pour le moment, le coach fait comme si le club allait redémarrer en 3e division. « On verra bien ce qui va arriver. Inévitablement, on n’a pas les mêmes besoins en Ligue 2 qu’en National. ».
Antoine Sibierski bientôt directeur sportif
Pour l’instant, peu de nouveaux visages au club. Quelques revenants comme les jeunes Alexis Lefebvre et Derek Mazou-Sacko, l’attaquant et le milieu de terrain qui étaient prêtés à Nancy en National la saison passée. Autre retour, celui du gardien de but Zacharie Boucher pour 3 saisons en provenance de Bastia. Il sort d’un prêt de 6 mois à l’ESTAC en tant que doublure de Dogan Alemdar. « Il s’est vraiment intégré dans le club et a fait partie des leaders », souligne David Guion.
Boucher, 32 ans, sera le gardien numéro 1 tandis que Nicolas Lemaître a une porte de sortie pour trouver un autre projet sportif. L’ex défenseur central grenoblois Adrien Monfray, 33 ans, a quant à lui rejoint Troyes pour 2 saisons. « On sait très bien qu’en National, il nous faut de l’expérience », explique l’entraîneur troyen. « C’était le capitaine de Grenoble et l’un des meilleurs défenseurs de Ligue 2 la saison passée. C’est vraiment un très bon renfort qui nous rejoint ».
Avec l’objectif d’une remontée immédiate en Ligue 2, David Guion travaillera avec le nouveau directeur sportif troyen Antoine Sibierski, présent lors de cette reprise et tout comme lui ancien joueur formé à Lille. L’ancien joueur de Manchester City, mais aussi ex-directeur sportif de Lens, coche de nombreuses cases pour s’imposer dans cette fonction. « Il sort de National (Il était auparavant entraîneur de Châteauroux) et c’est une bonne chose pour nous car il a une très bonne connaissance de ce niveau de championnat. J’espère qu’on va faire du bon boulot », s’enthousiasme David Guion. « Antoine va filtrer les profils susceptibles de nous rejoindre, et on prendra la décision finale ensemble, en essayant de convaincre les garçons de venir jouer avec nous car il faut que l’on renforce notre groupe ».
