Pascal Markowsky, représentant de la vieille garde du RN, entre au Palais-Bourbon

Élu en Haute Saintonge, Pascal Markowsky milite « sans jamais avoir eu honte » au FN puis au RN depuis quatre décennies. Ce 7 juillet 2024, l’Oléronais est devenu le premier député d’extrême droite de Charente-Maritime.

Pascal Markowsky a été élu député de la 4e circonscription de Charente-Maritime, ce dimanche 7 juillet 2024. C'est le premier député RN de Charente-Maritime. ©Julien Fleury/Radio France/Maxppp
Pascal Markowsky a été élu député de la 4e circonscription de Charente-Maritime, ce dimanche 7 juillet 2024. C'est le premier député RN de Charente-Maritime. ©Julien Fleury/Radio France/Maxppp

    Les électeurs « n’ont jamais essayé » le Rassemblement national. Et pourtant, voilà quatre décennies que l’Oléronais Pascal Markowsky écume le territoire pour le compte de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine, tout en multipliant les mandats. Militant de la première heure, l’ex-imprimeur n’a jamais perdu la flamme et a décroché, ce dimanche 7 juillet 2024, à 69 ans, son premier siège de député au Palais-Bourbon. Une première : jamais la Charente-Maritime n’avait élu un parlementaire d’extrême droite.



    Après avoir échoué en 2022 avec 762 voix de moins que Raphaël Gérard, Pascal Markowsky vient ainsi de l’emporter avec 50,74 % des suffrages exprimés (et 909 voix d’avance) face à ce même adversaire et députant sortant. « Après toutes ces années, c’est un honneur. Je rentre à l’Assemblée nationale par la grande porte pour représenter la Charente-Maritime », assurait-il au soir de sa victoire.

    Si, au niveau national, le RN capitalise aujourd’hui plutôt sur la jeunesse, Pascal Markowsky figure au rang des vieux de la vieille et parmi les caciques du parti. « J’avais 18 ans quand j’ai voté pour lui pour la première fois. J’en ai 58. Je le connais un peu », confirme Richard Guerit, « un ami » oléronais et conseiller régional RN de la Nouvelle-Aquitaine.

    Conseiller régional à 28 ans

    Pascal Markowsky a siégé au conseil régional de l’ex-région Poitou-Charentes, après avoir été élu à 28 ans. L’intéressé figure toujours sur les bancs de l’opposition de la région Nouvelle-Aquitaine – son troisième mandat. « Il est présent, mais on l’entend peu. Il ne prend que deux types de positions : contre les missions locales qui aident les jeunes en matière d’insertion professionnelle et sociale, et contre le grand remplacement des personnes trans et LGBT », persifle Rémi Justinien, conseiller régional socialiste. Un positionnement anti-LGBT que Pascal Markowsky conteste fermement : « C’est un combat que je respecte, mais qui n’est peut-être pas une priorité en milieu rural ». Aurait-il embrassé la constitutionnalisation de l’IVG ? « J’aurais voté pour », promet le nouveau député.



    Pascal Markowsky est aussi conseiller municipal d’opposition à Saint-Georges-d’Oléron, commune où il réside avec son épouse Sandrine Werbrouck, la déléguée départementale du RN en Charente-Maritime. « Il est discret, courtois, mais vote systématiquement contre le budget et me dit que les communes gérées par le RN font mieux que nous », détaille la maire, Dominique Rabelle, qui pointe ses « erreurs d’interprétation » et « ses tribunes parlant surtout de politique nationale ».

    Pascal Markowsky s’est pourtant fait élire en Haute Saintonge, dans la quatrième circonscription du département, bien loin de l’île d’Oléron. Mais son travail d’implantation – dicté par la répartition des circonscriptions – a fini par payer. « J’ai déjà un pied-à-terre, et ma belle-famille est d’ici », insiste-t-il. Ces dernières semaines, l’ancien imprimeur était d’ailleurs l’un des rares candidats du RN à arborer son visage sur ses affiches électorales. Lui était prêt et déjà en campagne. « Je suis persuadé qu’il fera le job », plaide le conseiller régional RN Richard Guerit, qui décrit Pascal Markowsky comme une personne « fidèle, franche et intègre, capable de mettre les formes ».

    Fidèle à la ligne du parti

    Ses opposants épinglent surtout ses positions anti-éoliennes jugées caricaturales. Mais Pascal Markowsky défend également les pêcheurs oléronais, parle d’agriculture et rappelle à qui veut l’entendre qu’il siège dans cette commission du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. « Proche » de Jean-Marie Le Pen et encarté vers l’âge de 26 ans, l’ex-frontiste a participé à la scission de 1999 et milité pour Bruno Mégret, avant de passer brièvement chez Philippe de Villiers. « On ne voulait pas seulement s’opposer, mais aussi être dans la place, ce que Marine a très bien réussi », plaide-t-il. Revenu dans le giron familial lepéniste, Pascal Markowsky colle depuis à la ligne évolutive du RN, sans se départir de ses fondamentaux : « L’immigration et la sécurité sont notre principal problème. »

    Né à Valenciennes (Nord), Pascal Markowsky indique avoir été élevé par son grand-père polonais, ancien militaire et mineur de fond. Il s’engagera volontairement à 17 ans dans l’armée de terre. « Sous-officier avant [ses] 18 ans », il quittera le treillis suite à un grave accident. Pourquoi ce choix militaire ? « C’est que j’avais déjà le pays chevillé au corps. Je m’appelle Markowsky. Même mon nom avait une dette envers la France », affirme celui qui rêvait alors d’opérations extérieures. L’île d’Oléron, découverte lors de simples vacances, sera finalement son champ de manœuvres. Un terrain qu’il laboure depuis 40 ans, « sans jamais avoir eu honte de militer » pour le FN comme pour le RN.