Matthieu Delormeau : «Je ne serai pas dans TPMP à la rentrée»

Le chroniqueur annonce au Parisien qu’il quitte l’émission de Cyril Hanouna sur C8, dont il était l’un des piliers depuis 2015.

 « J’ai envie de vivre de nouvelles aventures, déclare Matthieu Delormeau. A la télévision, à la radio, sur scène ou sur un plateau de cinéma… »
« J’ai envie de vivre de nouvelles aventures, déclare Matthieu Delormeau. A la télévision, à la radio, sur scène ou sur un plateau de cinéma… » C8/Cyrille George Jerusalmi

    Après cinq saisons comme chroniqueur dans « Touche pas à mon poste » sur C8, Matthieu Delormeau annonce au « Parisien » qu'il quitte l'émission de Cyril Hanouna. A 46 ans, l'animateur souhaite vivre d'autres aventures. Et pas forcément à la télévision.

    « Touche pas à mon poste » (« TPMP ») a officiellement clos sa saison hier soir. Serez-vous de retour à la rentrée ?

    MATTHIEU DELORMEAU. Non, tout a une fin et il faut savoir passer à autre chose. Je l'ai annoncé à Cyril Hanouna il y a quelques jours. J'ai envie de vivre de nouvelles aventures, à la télévision, à la radio, sur scène ou sur un plateau de cinéma… Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Je ne cherche pas un travail, je cherche un projet où je puisse apprendre des choses que je ne sais pas faire.

    Vous n'avez rien de prévu pour la rentrée ?

    Non. Je ne sais pas ce que je vais faire en septembre. Je n'ai aucune discussion avec personne, pas de salaire qui m'attend ailleurs. On est très bien payé à « TPMP ». Donc c'est un risque, surtout au moment où beaucoup de médias licencient ! Je n'ai pas de famille à nourrir, donc c'est plus facile pour moi de prendre ce genre de décision.

    Comment a réagi Cyril Hanouna ?

    Très bien ! Il m'a fait des propositions pour que je reste mais il a compris ma démarche. Il m'a dit un truc qui m'a touché : « Sache que ta chambre est toujours là. » Alors qu'il aurait pu me répondre : « C'est gentil mais adieu. »

    Il y a trois ans, en évoquant le départ d'Enora Malagré, autre chroniqueuse emblématique de l'émission, vous disiez : « Elle rigolait moins et elle a pensé qu'elle avait fait le tour. » C'est votre cas ?

    Non, au contraire ! Je m'amuse toujours autant à « TPMP ». On a beaucoup ri cette saison. C'est pour cela que j'ai hésité. Mais je préfère partir en me disant que tout va bien, plutôt que de me dire, un jour, comme Enora, que je ne m'amuse plus. Au fond, je suis content de partir après une saison joyeuse.

    Votre décision est-elle liée au fait que votre émission du vendredi « TPMP people » s'arrête ?

    Pas du tout. Tout cela est devenu clair dans ma tête avant la crise du coronavirus. Et l'arrêt de « TPMP people » a été décidé quand C8 a dû s'adapter aux conséquences économiques. Pour être honnête, j'aurais aimé que l'émission continue, reprise par Valérie Bénaïm, Benjamin Castaldi ou Jean-Michel Maire.

    Vous vous imaginez comédien ?

    Je me suis trouvé pas mauvais dans les caméras cachées (rires). Plus sérieusement, je veux apprendre à devenir comédien, travailler, faire mes preuves… Tout faire pour ne pas décevoir les gens qui me feront confiance.

    Vous parlez de cinéma, théâtre, radio. La télé, c'est fini ?

    Non. Non, rien n'est fini. Je marche au coup de cœur. J'ai déjà eu plusieurs vies, je faisais de la finance avant d'être animateur puis producteur. Cyril et C8 ont changé ma vie. Ils m'ont pris sous leurs ailes il y a cinq ans, quand j'ai été viré de NRJ. Cyril m'a dit : « Si tu veux que ça marche, sois toi-même. » Et, effectivement, j'ai commencé à plaire le jour où j'ai arrêté de jouer à l'animateur hétérosexuel, au gendre idéal de 35 ans. Aujourd'hui, ce célibataire, homosexuel qui fait du sport et qui pousse parfois des coups de gueule me ressemble beaucoup.

    Votre parcours à « TPMP » n'a pas été un long fleuve tranquille. Il y a eu des moments difficiles, comme cette caméra cachée de 2016, où Cyril Hanouna vous a demandé d'endosser un meurtre. Ou la séquence des « nouilles dans le slip ». Vous avez des regrets ?

    Non. « TPMP », c'est trois heures de show en direct. Si tu n'en sors pas lessivé, c'est que tu as fait une mauvaise émission. Tu te prends des tartes à la crème ou des nouilles dans le slip. J'ai fait ça pendant cinq ans, car cela m'a amusé. Parfois, je n'avais pas envie de faire la fête, mais je ne me suis jamais senti humilié. Mon seul regret, c'est que, à la télévision, il n'y a pas de place pour la nuance. Les débats sont souvent binaires. Tu es Gilets jaune ou un salaud de riche, tu es raciste ou anti-police. C'est compliqué d'expliquer que tu es à la fois anti-raciste et que tu soutiens la police… Surtout qu'on n'a jamais plus de cinq minutes pour exposer son avis. Il faut des arguments chocs. J'ai pu tomber dans de la critique facile et des mots ont dépassé ma pensée. Avec du recul, j'ai été caricatural en critiquant Arthur, alors qu'au fond, c'est un sacré animateur. Idem pour Sophie Davant, à qui j'ai présenté mes excuses.

    Vous n'avez pas fait vos adieux à l'antenne !

    Jeudi soir, ce n'était pas le moment. La dernière de la saison était très festive. Je dis donc au revoir à travers votre titre. Et je remercie pour les milliers de messages très sympathiques que j'ai reçus. Je suis sûr que je reviendrai comme invité. Car j'ai conscience d'avoir été dans l'émission où cela se passait au moment où cela se passait. Un peu comme ceux qui ont travaillé à « Coucou, c'est nous » ou à « Nulle part ailleurs ».