Assurance chômage : Macron renvoie les « modalités » de la réforme, « indispensable », après les élections législatives

Le décret actant l’application du tour de vis aux mesures d’indemnisation des demandeurs d’emploi pouvait en principe paraître d’ici le 1er juillet. Ce mercredi encore, la CFDT a appelé l’exécutif à ne pas mettre en œuvre la réforme.

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, lors de la manifestation du 1er mai 2023 avec son prédécesseur Laurent Berger. LP/Arnaud Journois
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, lors de la manifestation du 1er mai 2023 avec son prédécesseur Laurent Berger. LP/Arnaud Journois

    Si des projets de loi, sur la fin de vie notamment, en cours d’examen parlementaire, ont été stoppés net par la dissolution de l’Assemblée, la réforme de l’assurance chômage pourrait en principe entrer en vigueur malgré le chaos politique actuel. Le texte qui prévoit notamment de ramener la durée d’indemnisation de 18 à 15 mois, adopté en commission des affaires sociales la semaine dernière grâce à l’abstention des LR, est actuellement examiné par le Conseil d’État. Il est en outre toujours au menu de la commission consultative de la négociation collective, qui doit se réunir mercredi, assurait mardi à l’AFP une source syndicale.

    L’instauration de nouvelles règles - ou le maintien du cadre actuel - doit impérativement passer par la publication d’un décret avant le 1er juillet. Sans nouveau décret à cette date, quel qu’en soit son contenu, plus aucune règle n’encadrerait l’indemnisation des chômeurs.

    Emmanuel Macron a dit mercredi « assumer » cette réforme, qu’il a qualifiée « d’indispensable », mais souhaite en « construire les modalités » après les élections législatives, lors de sa conférence de presse, tout en restant flou sur sa mise en œuvre.

    Un décret indispensable, mais avec quel contenu ?

    Sur LCI, ce mercredi matin, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a réitéré son opposition au durcissement des règles. « C’est une coupe franche dans les droits des chômeurs et cette réforme n’aura aucun impact sur l’emploi. Ça va précariser encore plus les chômeurs qui ne sont pas des privilégiés », a-t-elle réaffirmé. Elle a donc « solennellement » demandé au gouvernement « de ne pas publier le décret », et de « prolonger les règles actuelles », comme elle l’a plaidé mardi lors d’une conférence de presse commune des dirigeants des cinq plus grands syndicats. Emmanuel Macron « décide d’un côté de dissoudre l’Assemblée nationale et de s’en remettre au peuple », mais pourrait en parallèle « maintenir cette réforme de l’assurance chômage par décret », qui « est un enjeu démocratique majeur », a alerté la numéro un de la CGT Sophie Binet. « Il faut arrêter de se moquer du monde. On ne peut pas dissoudre l’Assemblée nationale et en même temps continuer en catimini à casser les droits des salariés », tonnait-elle auprès du Parisien.

    Mardi, la ministre du Travail Catherine Vautrin et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’en sont remis à lui. Si la première n’a pas exprimé d’opinion sur la nécessité d’entériner la réforme, le second s’y est dit « favorable », et dès « maintenant ». Lors de sa conférence de presse ce mercredi à midi, le président de la République Emmanuel Macron a estimé qu’il s’agissait d’une « bonne » réforme et qu’il fallait « continuer sur ce chemin et ce cap ». Mais il est « indispensable » d’en « construire les modalités » après les élections législatives.

    La nouvelle réforme de l’assurance chômage, appelée à entrer en vigueur le 1er décembre, comprend notamment une durée d’indemnisation réduite de 18 à 15 mois, et la nécessité d’avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé (contre six mois au cours des 24 derniers mois actuellement). Le projet permettrait des économies comprises entre 4 et 5,4 milliards d’euros par an d’ici quatre à cinq ans, a estimé mardi l’Unédic. Le gouvernement avait affiché en mai un objectif de 3,6 milliards d’économies annuelles. Le directeur général Christophe Valentie a expliqué mardi que l’Unédic devrait dégager des excédents croissants jusqu’en 2027, en raison des effets des précédentes réformes de l’assurance chômage.