Recrutement : et si pour votre prochain emploi, c’était l’IA qui vous sélectionnait ?

L’intelligence artificielle pourrait devenir le nouvel assistant des ressources humaines. De la rédaction des annonces d’emploi au ciblage précis des candidats, cette technologie repense le recrutement.

Des entreprises n'hésitent plus à utiliser l’intelligence artificielle pour embaucher leurs futurs managers et collaborateurs. (Illustration) Hippolyte.AI
Des entreprises n'hésitent plus à utiliser l’intelligence artificielle pour embaucher leurs futurs managers et collaborateurs. (Illustration) Hippolyte.AI

    Gauthier Bailleul, le fondateur de Hippolyte.ai, veut faciliter la tâche des recruteurs. Avec sa start-up, il aide les entreprises à simplifier leur processus grâce à l’intelligence artificielle. Depuis 2022, sa société utilise l’IA afin d’assister les ressources humaines dans la gestion des annonces et l’analyse des candidatures. « L’objectif, c’est de faire gagner du temps aux recruteurs et leur permettre de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée », argumente Gauthier Bailleul.

    « L’IA pourrait augmenter la productivité des directions RH de 30 % à 40 % », indique une étude du cabinet de conseil Ermeton, publiée en mars 2024. En France, un nombre croissant d’entreprises adoptent cette technologie. Pour sa part, Hippolyte.ai accompagne aujourd’hui plus de 600 d’entre elles, notamment dans le secteur du transport, de la téléphonie mobile et de la vente.

    L’IA comme assistante

    « Une des dimensions de notre travail c’est d’utiliser l’IA, explique Gauthier Bailleul, pour rédiger des annonces attrayantes et engageantes. » Cela passe par des vidéos adaptées à chaque réseau social, des contenus visuels faits sur mesure et l’utilisation d’émojis afin de rendre les annonces plus dynamiques. Le PDG ajoute qu’« actuellement, 97 % des candidats lisent les annonces avec leur smartphone ». L’IA adapte donc les offres aux petits écrans.

    Ensuite, l’intelligence artificielle définit un public cible. À partir des réseaux sociaux comme Instagram ou Tinder, elle constitue des catégories d’utilisateurs selon leur localisation, leur filière professionnelle ou leur activité sur ces plates-formes. Gauthier Bailleul rapporte : « Une fois que nous avons divisé nos audiences en groupes, nous transmettons ces informations aux régies publicitaires en leur indiquant le type de personnes que nous voulons atteindre. Nous leur demandons alors de diffuser nos annonces auprès d’un public similaire à celui que nous avons identifié ».

    « Le chatbot vous fait passer un questionnaire »

    Une fois que les candidats cliquent sur une annonce d’emploi, un assistant conversationnel engage la discussion. Pour le fondateur d’Hippolyte.ai : « Le chatbot présente l’offre et fait passer au candidat un questionnaire de préqualification calibré sur les attentes du poste. » Par exemple, pour un emploi nécessitant de travailler en 3 x 8, les personnes non disponibles pour ces horaires sont écartées d’emblée.

    Les candidats retenus passent un second entretien téléphonique via un assistant conversationnel. L’IA examine leurs parcours professionnels, formations, expériences et compétences. « Ces éléments sont mis en perspective avec les prérequis du poste en vue de collecter des données complémentaires et transmettre au recruteur un dossier exhaustif », explique Gauthier Bailleul.

    Le regard humain reste indispensable

    « Notre objectif principal est de faire de l’IA un assistant pour les recruteurs, assure-t-il. Elle n’a pas vocation à effectuer la sélection des candidats. » Un avis partagé par une experte en ressources humaines, à Toulouse (Haute-Garonne) : « Elle est utile pour les entreprises qui réalisent des campagnes de recrutement de masse. Celles-ci n’ont pas d’autre choix que de l’utiliser pour recruter sur la base de critères bien précis ».

    Cependant, certains chargés de recrutement insistent sur l’importance des entretiens avec les candidats pour évaluer leur personnalité, leur capacité à répondre ou leur esprit de synthèse. Pour eux, l’IA dans sa forme actuelle ne sait qu’exécuter des scénarios prédéfinis sans sortir de ce cadre. Le regard humain reste indispensable.