« Je ne peux pas m’associer à LFI » : Jérôme Guedj candidat aux législatives mais sans le Nouveau Front populaire

INFO LE PARISIEN. Le député socialiste de la 6e circonscription de l’Essonne indique qu’il ne se présentera pas sous la bannière Nouveau Front populaire en raison de « divergences profondes » avec la formation de Jean-Luc Mélenchon.

Paris (VIe), le 31 octobre 2023. Jérôme Guedj, député (PS) sortant se représente dans la 6e circonscription de l'Essonne, mais sans l'étiquette Front populaire, «en dépit de la beauté de ces mots». LP/Frédéric Dugit.
Paris (VIe), le 31 octobre 2023. Jérôme Guedj, député (PS) sortant se représente dans la 6e circonscription de l'Essonne, mais sans l'étiquette Front populaire, «en dépit de la beauté de ces mots». LP/Frédéric Dugit.

    « Jérôme Guedj fait le mort. » Depuis dimanche soir, le député socialiste sortant de la 6e circonscription de l’Essonne (Chilly-Mazarin, Igny, Massy, Morangis, Palaiseau et Wissous) est injoignable. En dehors des trois publications très succinctes et pas toujours claires diffusées sur ses réseaux sociaux depuis l’annonce de la dissolution, le parlementaire a disparu des radars médiatiques.

    Retrouvez sur nos pages dédiées les résultats du second tour des législatives à Paris, Lyon, Marseille.

    Ce vendredi soir, il sort de son silence pour confirmer au Parisien qu’il est candidat dans la 6e circonscription de l’Essonne « pour battre l’extrême droite » aux côtés de Rafika Rezgui, la maire (PS) de Chilly-Mazarin sa suppléante. « Soutenu par le Parti socialiste, j’ai décidé de ne pas me présenter sous l’étiquette Front populaire », annonce-t-il.

    « Par devoir de loyauté »

    Le parlementaire, qui avait ravi en 2022 la 6e circonscription à Amélie de Montchalin (alors ministre macroniste et députée sortante) en se présentant sous l’étiquette Nupes (53 %), se lance pour « battre l’extrême droite ». Si Jérôme Guedj reconnaît que pour cela, « le rassemblement de la gauche, des écologistes et de tous les progressistes est indispensable », il estime ne pas pouvoir s’allier au parti de Jean-Luc Mélenchon.

    « Par devoir de vérité et de loyauté envers les électeurs, je ne peux pas m’associer à l’investiture de LFI liée à l’accord du Front populaire, poursuit le candidat socialiste. En raison des divergences profondes avec la direction de cette formation relatives à la brutalisation du débat public. Je l’ai intimement et violemment subie. Mon combat historique contre l’extrême droite, contre l’antisémitisme et le racisme repose sur la défense de valeurs démocratiques et républicaines. C’est au nom de ces mêmes valeurs que je prends cette décision. »



    Fervent défenseur de la Nupes lors des législatives de 2022, Jérôme Guedj a depuis revu ses positions. Car depuis l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre, le député a été la cible de plusieurs élus de La France insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon qui l’a ramené à son identité juive.

    Pas question donc pour lui d’emprunter la même voie que Raphaël Glucksmann. L’eurodéputé PS-Place publique a estimé ce vendredi matin sur France Inter que le nouveau Front populaire était « la seule manière » d’empêcher la victoire du Rassemblement national aux élections législatives.

    Il refuse la main tendue d’Emmanuel Macron

    Lors de sa conférence de presse mercredi, le président de la République avait directement interpellé Jérôme Guedj en qualifiant d’« indécente » l’union de la gauche proposée par le Nouveau Front populaire. « Je connais des députés socialistes, sociaux-démocrates qui se sont exprimés, Monsieur Guedj ou d’autres, ils n’ont rien à faire avec LFI, je me mets à leur place », avait lancé Emmanuel Macron en guise de main tendue.

    Refusée par Jérôme Guedj, qui lui a répondu sur les réseaux sociaux dans une formule alambiquée : « comme socialiste, j’ai combattu les réformes injustes des gouvernements Macron. Je continuerai à le faire. Comme républicain, la ligne rouge franchie par trop de voix LFI m’a obligé à rompre avec eux depuis des mois. Face au RN, la gauche républicaine se mobilise dans la clarté. » Beaucoup d’Internautes n’avaient pas compris ce message. L’annonce de la candidature du député sortant devrait les éclairer.

    Reste à attendre dimanche soir et la clôture des dépôts de candidatures aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet pour voir si le Nouveau Front populaire présentera un candidat face à lui, ainsi que la majorité présidentielle. Le RN et Reconquête ont déjà annoncé envoyer chacun un représentant dans la 6e circonscription de l’Essonne.

    Lâché par sa suppléante

    Avant même que Jérôme Guedj n’officialise sa candidature, Hella Kribi-Romdhane, sa suppléante depuis 2022, élue (Génération. s) d’opposition à Massy et au conseil régional, a pris ses distances. « Le député sortant de notre circonscription ne souhaite pas être investi par le Front populaire, ni se revendiquer de cette coalition, déplore-t-elle dans un communiqué publié ce vendredi soir. J’ai refusé de continuer à être la suppléante de Jérôme Guedj aux prochaines élections législatives. Notre 6e circonscription doit rester à gauche, elle ne peut se passer d’un bulletin de vote avec la bannière de la Nouvelle Union populaire. »

    Jérôme Guedj, qui part pour ces nouvelles élections avec la maire socialiste de Chilly-Mazarin, conclut lui dans son communiqué : « avec ma suppléante Rafika Rezgui, nous serons combatifs face au RN, et nous porterons haut et fort la voix d’une gauche républicaine, écologiste et sociale, dans la circonscription, à l’Assemblée nationale et dans le pays. »