Législatives : comment le Nouveau Front populaire entend désigner son candidat à Matignon ?

Plusieurs représentants des partis au sein de l’alliance de gauche défendent une décision par « consensus », voire par vote pour proposer un nom de Premier ministre issu du NFP. Des discussions sont en cours.

    Le Nouveau Front populaire est prêt à « gouverner » ont déclaré dimanche soir les leaders des principales forces à gauche. En l’absence de majorité absolue, mais forte de son arrivée en première place après le second tour des élections législatives, la gauche met la pression et revendique Matignon. Emmanuel Macron doit « ou bien s’en aller ou nommer un Premier ministre » issu du Nouveau Front populaire, a lancé Jean-Luc Mélenchon, après l’annonce des résultats.

    Le NFP doit présenter « dans la semaine » une candidature pour le poste de Premier ministre, a assuré lundi le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Une annonce confirmée par Mathilde Panot, de La France insoumise, qui a ajouté que l’alliance de gauche proposerait également un gouvernement dans la semaine. Mais comment le possible locataire de Matignon va-t-il être désigné dans une union de la gauche qui reste fragile ?

    Un choix par consensus ?

    Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a estimé que le choix pouvait se faire « par consensus », c’est-à-dire dans le cadre d’un accord avec les différents représentants des forces de l’alliance de gauche. Il a souligné que « l’usage républicain » était que le Premier ministre appartienne « à la formation politique de la coalition qui dispose du plus grand nombre de députés ». En l’état, La France insoumise est la plus représentée au sein du NFP, avec 71 élus, devant le Parti socialiste (58), les Écologistes (31) et le Parti communiste (9).

    Mais « ça fait partie des éléments dont on va discuter dans les prochains jours » au sein du Nouveau Front populaire, a poursuivi le député, prudent. « Aujourd’hui, il y a des rencontres entre les responsables des différentes formations politiques de notre alliance. Demain à l’Assemblée nationale, les différents groupes vont se constituer. Il faut prendre les choses étape par étape », a-t-il ajouté.



    Dès dimanche soir, une première réunion a eu lieu entre les leaders politiques pour « analyser les résultats ». Les discussions doivent reprendre ce lundi. Manuel Bompard espère qu’il en sortira une « proposition » de nom qui fasse l’objet d’un « accord » auprès « de l’ensemble de tous les députés, pas forcément par vote ». « Ça peut être un consensus », a-t-il insisté.

    Olivier Faure, a également évoqué lundi un choix « soit par consensus », soit par « un vote » entre les différentes formations du Nouveau Front populaire.

    Vers un vote des députés ?

    Sandrine Rousseau, réélue députée de la 9e circonscription de Paris, imagine une désignation collective. Elle a appelé dimanche à une réunion de tous les députés du NFP dès lundi « pour qu’on puisse, en lien avec les chefs de parti, décider de qui nous proposons comme Premier ministre ». Une discussion qui pourrait être suivie d’un vote. « Ce sera démocratique évidemment », a souligné l’élue écologiste.

    Une prise de décision horizontale également défendue par Marine Tondelier, numéro 1 du parti Écologiste. « La logique du Nouveau Front populaire, c’est un travail en équipe, a-t-elle martelé. Les décisions se prendront entre nous de manière calme, déterminée et apaisé ». Elle pointe aussi l’importance des « forces de rappel », quand « certains ont eu la tentation » de s’écarter du consensus trouvé.

    Quel profil ?

    Mais un accord sur un nom est-il possible ? Parmi les profils évoqués, la possible désignation de Jean-Luc Mélenchon a été écartée avec force par de nombreux responsables de gauche, dont Fabien Roussel, Olivier Faure ou encore François Hollande. « Un bon Premier ministre doit apaiser le pays (et) fédérer dans son propre camp, par conséquent ce n’est pas parti pour être Jean-Luc Mélenchon », a indiqué Marine Tondelier.

    « Cela ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon, comme cela ne peut pas être François Hollande », a précisé Clémentine Autain, invitée de BFMTV ce lundi, qui a annoncé qu’elle ne siégerait pas avec LFI. Réélue dès le premier tour dans la 11e circonscription de la Seine-Saint-Denis, elle n’a pas exclu sa candidature, ni celle de Marine Tondelier. « Il faut trouver le barycentre de cette nouvelle construction politique. Je fais partie des noms qui sont cités et évidemment que je répondrais favorablement s’il y a cette possibilité ». Et d’ajouter : « La bonne personnalité sera celle qui sera choisie ».



    Jean-Luc Mélenchon « n’est absolument pas disqualifié » pour Matignon, a cependant rétorqué lundi sur RTL la députée LFI Mathilde Panot. « Il est celui qui a réappris à la gauche à gagner, celui qui a redonné de l’espoir à des millions de personnes en faisant 22 % à l’élection présidentielle, celui grâce à qui a pu exister non seulement la Nupes mais aujourd’hui le Nouveau Front populaire », a-t-elle ajouté.

    Le Premier ministre Gabriel Attal doit présenter sa démission lundi matin mais le nom de son remplaçant n’est pas attendu avant quelques jours. Emmanuel Macron n’a jusqu’ici pas dévoilé ses intentions concernant la nomination du Premier ministre. Il a déjà annoncé qu’il attendrait la « structuration » de la nouvelle Assemblée nationale avant d’appeler une personnalité à former un gouvernement.