Qui est Huguette Bello, la candidate du PCF plébiscitée par une partie de la gauche pour le poste de Première ministre ?

Le nom de la présidente du conseil régional de La Réunion Huguette Bello a été proposé par le leader du PCF Fabien Roussel. Les Insoumis y sont favorables, pas le PS.

Le Parti communiste (PCF) souhaite présenter la candidature de la présidente du Conseil régional de La Réunion Huguette Bello au poste de Premier ministre. LP / Olivier Corsan
Le Parti communiste (PCF) souhaite présenter la candidature de la présidente du Conseil régional de La Réunion Huguette Bello au poste de Premier ministre. LP / Olivier Corsan

    Près d’une semaine après le résultat des élections législatives, la gauche n’a toujours pas décidé qui la représentera pour briguer le poste de Premier ministre. Un nom tourne néanmoins depuis plusieurs jours : celui d’Huguette Bello, l’actuelle présidente du conseil régional de La Réunion. Proche des communistes et de Jean-Luc Mélenchon, la Réunionnaise plaît à la fois au PCF et aux Insoumis.

    Invité sur BFMTV ce vendredi après-midi, Fabien Roussel a même espéré qu’Huguette Bello « puisse être une solution » pour sortir du blocage de la gauche.

    Apprécié par LFI… et la macronie

    Peu connue du grand public, cette candidate semble être vue d’un bon œil par la France insoumise (LFI). Huguette Bello est « un très bon nom » pour Matignon, a estimé ce vendredi le député LFI Antoine Léaument sur BFMTV.

    Vidéo"Personne" au sein du NFP "n'a été appelé pour former un gouvernement" déclare Mélenchon

    Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a aussi loué vendredi soir une « femme racisée et féministe antiraciste ». « Elle est à la tête d’une collectivité territoriale dans laquelle elle gouverne une majorité assez proche du Nouveau Front populaire », a également relevé le coordinateur de LFI Manuel Bompard.



    La Réunionnaise est aussi appréciée du camp Macron. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale l’avait qualifiée en 2023 de « grande républicaine », et Aurore Bergé, en avril, a salué une « combattante de la dignité humaine et des droits des femmes ».

    Plus de quarante ans de carrière politique

    Méconnue du grand public, Huguette Bello est présidente de la région Réunion depuis juin 2021, à la tête d’une coalition des partis de gauche et de représentants de la société civile, qui lui a permis de battre Didier Robert (divers droite), en poste depuis 2010.

    Fille d’une mère au foyer et d’un père agriculteur à la Ravine des Cabris, un quartier de Saint-Pierre dans le sud de l’île, Huguette Bello commence sa carrière politique dans les rangs du parti communiste réunionnais (PCR).

    Elle obtient son premier mandat en 1982 au conseil régional sur la liste de Paul Vergès, fondateur du PCR.

    En 1988, elle est élue conseillère générale à Saint-Pierre. Cette année-là, au côté de Paul Vergès, elle dénonce le versement minoré à La Réunion des prestations sociales et du smic, revendiquant leur alignement sur les montants versés dans l’Hexagone.

    Elle devient députée de La Réunion à partir de 1997, où elle siège jusqu’en 2020 au sein du groupe communiste (GDR). À cette date, elle est élue maire de Saint-Paul, une commune de l’ouest bastion de la droite locale, fonction qu’elle avait déjà occupée en 2008.

    Un franc-parler

    Cette adepte du franc-parler, peu encline à suivre sans discuter une ligne politique qu’elle ne partage pas, a quitté le PCR en 2012, et fondé son propre parti, Pour La Réunion (PLR).

    Sans s’encarter à LFI, elle se rapproche du parti de Jean-Luc Mélenchon, à qui elle accorde en 2017, puis en 2022, son parrainage à la présidentielle, avant de figurer en dernière position de la liste de la candidate Manon Aubry, aux dernières européennes.

    Mariée et mère de deux enfants, Huguette Bello milite depuis 1978 dans les rangs de l’union des femmes réunionnaises (UFR) et multiplie les actions en faveur des droits des femmes.

    Antiraciste convaincue, elle a souvent été à la tête des manifestations contre l’apartheid en Afrique du Sud, jusqu’à la libération de Nelson Mandela. Toujours très élégamment vêtue et implacablement coiffée, cette directrice d’école à la retraite a la réputation d’être aussi à l’aise dans les kaz (maisons en créole réunionnais) des familles socialement défavorisées qu’à la tribune de l’Assemblée nationale.

    Le PS pas favorable

    La candidature d’Huguette Bello pourrait peut-être permettre de contourner la pluie de motions de censure qui menace le Nouveau Front populaire s’il pousse un Premier ministre insoumis. Mais cette hypothèse reste encore très incertaine.

    Les écologistes ne se sont pas opposés au nom d’Huguette Bello. « C’est un nom intéressant, a commenté Sandrine Rousseau sur franceinfo. Ce nom a été proposé mais si ça se trouve ce soir, un deuxième sera proposé. »

    Les socialistes, qui lui préfèrent leur premier secrétaire Olivier Faure, avancent eux des arguments en sa défaveur. En 2013, la députée n’avait pas participé au vote de la loi pour le mariage pour tous. Même si, une fois le texte adopté, elle sera la première maire à célébrer un mariage homosexuel à La Réunion, et signera en 2018 une tribune contre l’homophobie. Le PS réunit son conseil national ce samedi à 17 heures pour évoquer le sujet.

    Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a estimé ce samedi à la sortie d’une réunion du conseil national du parti que le nom d’Huguette Bello « ne faisait « consensus ni chez les socialistes ni chez les écologistes » et appelé ses partenaires de gauche à « continuer à travailler, élargir et trouver une candidature qui porte avec force notre projet commun ».