Le réchauffement climatique en France s’annonce pire que prévu, alertent les chercheurs

Le dernier rapport du Giec a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2°C depuis l’ère préindustrielle en raison des gaz à effet de serre générés par les activités humaines.

Selon l'ONU, le réchauffement de l'ensemble de la Terre pourrait, si rien n'est fait, atteindre les +2,7 degrés à la fin du siècle. (Illustration) LP/Arnaud Dumontier
Selon l'ONU, le réchauffement de l'ensemble de la Terre pourrait, si rien n'est fait, atteindre les +2,7 degrés à la fin du siècle. (Illustration) LP/Arnaud Dumontier

    Le changement climatique en France pourrait être pire que prévu. Selon une étude, les températures dans l’Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle, si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement.

    « Cela représente une hausse jusqu’à 50 % plus élevée que les précédentes prévisions », indique l’un des auteurs de l’étude Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique (CNRM). Dans le pire des scénarios, celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés, avertit l’étude parue début octobre dans la revue « Earth Systems Dynamics ». Dans le meilleur des cas, l’augmentation de la température serait de 2,3 °C.

    « Chaque tonne de CO2 compte »

    Mais, dans l’ensemble, « la France se réchaufferait davantage (environ + 20 %) que la moyenne planétaire », indique l’auteur de l’étude, avec une hausse moyenne de 0,36 degré par décennie. Selon l’ONU, le réchauffement de l’ensemble de la Terre pourrait, si rien n’est fait, atteindre les 2,7 degrés à la fin du siècle.

    Ces données ont montré que la température moyenne de la France actuelle était de 1,66 degré supérieure à la période 1900-1930. « Dont la quasi-totalité (1,63 degré) sont dues uniquement aux activités humaines », souligne Aurélien Ribes. « Chaque tonne de CO2 compte dans la mesure où le réchauffement dépend du niveau d’émission cumulé », ajoute-t-il, ajoutant que « pour 2023, on atteindrait déjà + 1,8 degré ».

    Le dernier rapport des experts climat de l’ONU (Giec) a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle en raison des gaz à effet de serre générés par ces activités humaines. Mais attention, la hausse de 3,8 degrés en 2100 en France n’est qu’une moyenne, avertissent les chercheurs : certaines régions notamment autour de l’arc méditerranéen ou en montagne, pourraient connaître des températures encore plus élevées.



    Et le réchauffement varierait fortement selon les saisons. Si en hiver, la hausse des températures serait de 3,2 °C (2,3 à 4,2 °C selon les régions), en été, le thermomètre pourrait s’affoler, avec une hausse moyenne de 5,1 degrés (3,6 à 6,6 °C selon les régions).

    Sécheresses et inondations plus fréquentes

    « Cela voudrait dire qu’on aurait des phénomènes extrêmes (chaleur, sécheresse, inondations…) largement plus forts que ceux qu’on a connus à l’été 2022, où le réchauffement n’était que de 4 degrés en moyenne », souligne Julien Boé, chercheur en climatologie au CNRS. Ils seront aussi plus fréquents et surtout plus intenses, note le chercheur.

    Selon Météo France, dans un scénario à 4° de réchauffement, les vagues de chaleur en Île-de-France par exemple s’étendraient de 21 à 94 jours selon les régions contre sept aujourd’hui en moyenne nationale et la fréquence de ces événements devrait doubler d’ici 2050.