Législatives : en Essonne, le RN compte bien garder son siège dans la 2e circo et lorgne déjà sur la 3e
La députée sortante de la 2e circonscription doit faire face à sept candidats, dont Mathieu Hillaire (NFP), qui était arrivé en tête au premier tour en 2022. Le parti de Marine Le Pen espère transformer les bons scores obtenus lors des élections européennes, notamment dans la 3e jugée « gagnable ».
En Essonne, les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains représentent deux défis pour le Rassemblement national : conserver le fauteuil gagné à l’Assemblée nationale par Nathalie Da Conceiçao Carvalho en 2022, et pourquoi pas en décrocher d’autres. Pour les adversaires du parti de Marine Le Pen, notamment dans la 2e circonscription (les cantons de Mennecy, Méréville, La Ferté-Alais, Étampes et Milly-la-Forêt), l’objectif est de « reprendre » ce territoire au RN. Un challenge compte tenu des résultats des dernières européennes : la liste de Jordan Bardella a obtenu près de 26 % dans le département et s’est retrouvée en tête dans 167 communes sur 194.
« Nous nourrissons beaucoup d’espoir d’être présents dans de nombreux seconds tours, clame Stefan Milosevic, délégué départemental du RN en Essonne. Nous pensons faire de très bons scores, qui devraient nous permettre de conserver la 2e circonscription. La 3e (où il est lui-même candidat face, entre autres, au député sortant Renaissance Alexis Izard et au candidat du Nouveau Front populaire l’écologiste Steevy Gustave) nous paraît gagnable. Nous présentons des candidats dans neuf circonscriptions sur dix, et nous soutenons Nicolas Dupont-Aignan, le député sortant Debout la France de la 8e. »
Lors des élections européennes du 9 juin, le RN a atteint plus de 37 % dans la 2e circonscription. De quoi donner confiance à la députée sortante, candidate à sa réélection, qui se voyait déjà quelques jours après l’annonce de la dissolution « gagner dès le premier tour » des législatives anticipées. En fin de semaine dernière, en plein tractage sur le marché de Milly-la-Forêt, Nathalie Da Conceiçao Carvalho a revu ses ambitions à la baisse.
« Les gens me font part de leur ras-le-bol »
« Avec huit candidatures en lice, ce sera plus compliqué (dont celle de Carla Tarcy, Reconquête), nuance-t-elle. Mais je reste confiante pour une victoire finale. J’ai beaucoup plus de retours qu’il y a deux ans. Les gens, qui ont appris à me connaître et qui ont pu voir que je les défendais, me font part de leur ras-le-bol. »
Sur le marché de Milly-la-Forêt, où le RN est arrivé en tête aux européennes avec 35,5 %, certains électeurs sont directs, en réclamant « moins d’étrangers ». La députée sortante déroule la politique pour « stopper l’immigration de masse » dans le programme du parti de Marine Le Pen. Un peu plus loin, un groupe de jeunes militants est traité de « fachos » par un passant.
À quelques mètres de là, Naima Sifer, la candidate (Horizons) qui n’avait pas réussi à se hisser au second tour en 2022 est aussi en train de tracter. « On croise surtout des gens qui sont perdus », témoigne-t-elle. « Je ne suis pas la candidate de la majorité, tente-t-elle d’expliquer. Je suis la candidate de l’arc républicain. Toutes les personnes qui ne veulent pas des extrêmes ont la possibilité de choisir une voie modérée. »
« Elle n’a pas de bilan », tacle le candidat NFP
Mathieu Hillaire, le candidat (Nouveau Front populaire/LFI) est lui aussi à l’œuvre. En 2022, contre toute attente, ce conseiller municipal d’opposition à Étampes est arrivé en tête du premier tour des législatives avec 24,6 % et 749 voix de plus que sa rivale Nathalie Da Conceiçao Carvalho. « Ces législatives anticipées doivent nous permettre de réussir à finir devant cette fois-ci, exhorte Mathieu Hillaire. Opter pour nous, c’est-à-dire : ni Macron qui a saccagé le pays ni une politique raciste et xénophobe de l’extrême droite. »
Il pointe qu’au second tour des législatives il y a deux ans, plus de 10 % des électeurs de la 2e circonscription ont déposé un bulletin blanc au second tour. « Pendant cette campagne express, je vais de village en village, de ville en ville, pour démontrer qu’il n’y a pas de raison que notre circonscription soit représentée par quelqu’un qui ne représente pas le territoire. La députée sortante n’a pris que deux fois la parole dans l’hémicycle, elle n’a pas de bilan. Notre alliance naturelle des forces de la gauche, attachée à la République, se bat pour l’augmentation du smic, l’indexation des retraites sur l’inflation ou encore la garantie des prix planchers aux agriculteurs. »
Il n’est pas le seul à vouloir battre Nathalie Da Conceiçao Carvalho. « Cette circonscription, détenue par une députée du Rassemblement national, reste une tâche dans notre département, déplore Jacques Borie, candidat « écologiste de centre droit, républicain et laïque ». Je ne peux me résoudre à ce que notre beau pays tombe aux mains des extrêmes. La députée sortante est battable, je ne me lance pas dans cette élection pour perdre, même si je suis issu d’un tout petit mouvement (France écologie), que nous n’avons pas beaucoup de temps. »
À noter les candidatures d’Alexandre Lienhard (étiqueté écologiste) et Pierre Mayeur (DVD). Ainsi que celle de Mathilde Phan Hieu pour Lutte ouvrière, dont les électeurs ne pourront pas lire la profession de foi en raison de délais trop courts. « Je suis candidate pour dire que le Rassemblement national gouvernerait pour les capitalistes, comme l’ont fait avant lui les partis de gauche et de droite qu’il prétend remplacer. »
