Peut-on (vraiment) faire un master après un BUT ?

En théorie, le BUT, de niveau bac + 3, est censé permettre l’accès à tous les bacs + 5. En pratique, alors que les tout premiers diplômés de BUT s’apprêtent à terminer leur formation, la poursuite d’études peut s’avérer compliquée.

Après un BUT, pas toujours si facile de se lancer dans un master. (Illustration) Freepik
Après un BUT, pas toujours si facile de se lancer dans un master. (Illustration) Freepik

    « Après le bac, le BUT était mon premier choix. Je savais déjà que je voulais continuer jusqu’au bac + 5, et aux portes ouvertes, les professeurs m’avaient dit qu’il n’y avait pas de problème pour aller en master après un BUT ». Jeanne, 21 ans, termine son BUT Techniques de commercialisation à Roubaix. Pourtant à partir de la deuxième année, dès les premières semaines, elle déchante : « C’est devenu plus flou, certains enseignants nous disaient que nous serions refusés, d’autres que nous serions forcément pris quelque part, on ne savait pas quoi en penser ».

    Sur Parcoursup, le BUT, pour bachelor universitaire de technologie, a remplacé en 2021 l’ancien DUT. Le cursus gagne au passage une année d’étude supplémentaire. Diplôme reconnu par l’État, doté du grade de licence et dispensé par les Instituts universitaires de technologie (IUT), le BUT a été présenté par le ministère de l’Enseignement supérieur comme un diplôme permettant aussi bien l’insertion professionnelle que la poursuite d’études. La toute première promotion de BUT, soit 37 500 étudiants toutes spécialités confondues, sera diplômée dans les toutes prochaines semaines, il n’existe donc pas encore de statistiques sur leur devenir post IUT.



    Mais les témoignages recueillis, comme celui de Jeanne, semblent indiquer que la poursuite d’études n’est pas toujours aussi accessible que l’avaient espéré les étudiants ayant choisi cette orientation après leur bac, notamment dans les deux filières stars des IUT, à savoir « Techniques de commercialisation » et « Gestion des entreprises et administration ».

    Tentée de se réorienter en fin de 2e année pour intégrer une 3e année de licence, Jeanne a finalement décidé de rester en IUT, dans l’espoir d’intégrer ensuite un master en IAE, école publique de management des universités, notamment grâce au semestre à l’étranger proposé en 3e année de BUT. En mars dernier, elle soumet donc quatre demandes d’admission dans des IAE sur Mon Master.

    Mais, bien que 5e de sa promo, avec 14 de moyenne, elle essuie 3 refus : « J’avais notamment repéré un IAE près de chez moi mais on m’y a expliqué que ça serait compliqué à moins d’avoir 18 de moyenne. J’ai trouvé ça un peu injuste car nous n’avions pas vraiment été prévenus ». Le seul IAE qui l’accepte étant trop loin de chez elle, Jeanne, son BUT en poche, poursuivra l’année prochaine ses études dans une école privée, l’INSEEC, où elle pourra se spécialiser en marketing. Tant pis pour l’IAE, qui lui aurait coûté moins cher.

    Des BUT recrutés « de manière exceptionnelle »

    De fait, dès 2021, les IAE ont été clairs sur le recrutement des étudiants issus de BUT, expliquant que ceux-ci ne pourraient intégrer des masters « que de manière exceptionnelle ». Mais l’information n’a pas forcément été diffusée jusqu’aux étudiants des BUT du secteur des services, qui sont nombreux à viser des masters universitaires.



    « Nous avons toujours prioritairement recruté des étudiants issus de licences générales en éco-gestion », souligne Éric Lamarque, président des IAE de France et directeur de l’IAE Paris Sorbonne. Il ajoute : « Les BUT sont des diplômes professionnalisants, tout comme les licences pros, ils sont destinés au monde du travail et pas à la poursuite des études. Cependant une demi-douzaine d’IAE se sont organisés avec des IUT pour faciliter le recrutement des BUT dans nos masters, en leur proposant, en 3e année des cours complémentaires ».

    La porte n’est donc pas totalement fermée. Fanny, 22 ans, termine en alternance sa 3e année de BUT GEA à l’IUT de Caen, et a décroché une place en master à l’IAE de Caen, en alternance également, à la rentrée prochaine : « Ce sont les profs de l’IAE qui lors des portes ouvertes m’ont conseillé de remplir un dossier de présélection, en parallèle de la procédure MonMaster, ce qui m’a permis d’avoir une réponse favorable dès la mi-mars. Ayant eu tous mes autres vœux sur MonMaster refusés, et voyant comme cela a pu être compliqué pour certains camarades, je suis donc très contente d’avoir eu cette place en master ! ».

    « Si leur projet est d’intégrer une grande école d’ingénieur ou une école de commerce du top 10, il vaut mieux passer par une classe prépa »

    Faut-il en conclure que la poursuite d’études après un BUT, toutes filières confondues, est réservée aux tout meilleurs dossiers et aux étudiants les plus obstinés, comme Fanny ? Martial Martin, président de l’Assemblée des directeurs d’IUT, et directeur de l’IUT de Troyes, n’est pas d’accord : « Nous n’aurons pas les chiffres des poursuites d’études de nos diplômés de BUT avant un an, mais, « au doigt mouillé », je peux déjà vous dire que 50 % d’entre eux ont trouvé des places en master cette année ».

    Ce qui dépasse l’objectif du ministère de l’Enseignement supérieur, à savoir 50 % des diplômés de BUT qui continuent leurs études, et 50 % qui s’insèrent dans le monde du travail.

    « Peut-être qu’il faut cependant rappeler quelques évidences aux étudiants qui choisissent les IUT, souligne Martial Martin : si leur projet est d’intégrer une grande école d’ingénieur ou une école de commerce du top 10, il vaut mieux passer par une classe prépa que par un IUT. De même si on est certain de vouloir aller vers un doctorat ou un master universitaire, il vaut mieux choisir une licence générale ».

    Mais pour ceux qui ont le goût du concret, du travail en groupe, qui souhaitent faire des stages et de l’alternance (60 % des 3e année de BUT sont en alternance), « le bachelor universitaire est un choix très intéressant, qui, contrairement aux bachelors des écoles privées, ne coûte rien aux étudiants boursiers, et seulement 170 euros par an à tous les autres ».



    Enfin pour les étudiants qui souhaitent malgré tout quitter l’IUT « en cours de route », il est possible d’en partir après deux années, son DUT en poche, pour intégrer une licence, notamment en IAE, ou en école d’ingénieurs pour les IUT de production, ou bien encore une école privée, voire l’entreprise. Mais cela devrait rester le fait d’une minorité, puisque tout comme après le DUT, 70 % des étudiants poursuivaient leurs études, le taux de poursuite des études en IUT a grimpé l’année dernière à 74,8 % pour les 2e année de BUT.

    D’où l’intérêt pour tous les étudiants qui visent un IUT à la rentrée prochaine de bien se renseigner sur la réalité des poursuites d’études qui s’offriront à eux après leur BUT, en contactant directement les écoles ou les filières universitaires qui les intéressent.

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