« Je voyais dans les yeux du directeur de l’incubateur qu’il croyait vraiment à mon projet » : sur les bancs de l’école, ils se voyaient déjà patrons

Et si la période des études était le moment idéal pour lancer son entreprise ? Certes, on manque encore d’expérience. Mais jeunesse rime aussi avec audace et liberté.

Émilie, Maxence et Clémence, de gauche à droite, ont tous les trois lancé leur entreprise alors qu'ils étaient encore à l'école. DR
Émilie, Maxence et Clémence, de gauche à droite, ont tous les trois lancé leur entreprise alors qu'ils étaient encore à l'école. DR

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    Attendre d’avoir plus de bouteille avant de se lancer ? Ce n’est pas ce qu’ont choisi ces trois entrepreneurs, qui ont fait de leur formation le berceau de leur projet. C’est un peu à cause de son école que Maxence Ghintran a décidé de créer son entreprise.

    Trustoo, un inspecteur de véhicules d’occasion

    « J’étudiais à Paris, puis j’ai été admis à l’Emlyon Business School à Lyon. Mais pour déménager, il me fallait ache­ter une voiture d’occasion pas trop chère », se souvient­-il. Problème, il n’y connaît rien et n’aimerait pas qu’un prix bas soit synonyme de réparations coûteuses dans six mois.

    « Alors j’ai cherché un service qui pourrait inspecter les véhicules et me conseiller. » Mais Maxence ne trouve rien, sinon un ami qui aime les voitures et accepte de l’aider. « Cela a été la révélation. Pourquoi des gens comme lui ne pourraient-ils pas être payés pour rendre ce service ? » Il crée Trustoo sur un principe simple. Lorsqu’un particulier cherche à faire inspecter un véhicule d’occasion, l’entre­prise envoie sur place un professionnel de l’automobile (garagiste, technicien, etc.). Le client paie ce conseil entre 199 et 299 euros selon le type de voiture.

    Ce fils, petit-fils et neveu d’entrepreneurs arrive donc à l’Emlyon avec son idée, un premier site internet et des conditions générales de vente rédigées pendant l’été. « Là, vous vous rendez compte qu’il va falloir faire pas mal de concessions sur la vie associative, les soirées, etc. Cela vous place dans une position étrange vis-à-vis des autres », concède le jeune entrepreneur. Mais après avoir investi du temps et de l’argent, il faut foncer. L’année suivante, Trustoo est acceptée dans l’incubateur d’Emlyon, un lieu parfait pour accompagner ses premiers pas. « Vous profitez de locaux mis à disposition, de conseils, de la possibilité de recruter un stagiaire », détaille­-t-il. Mais il y a plus précieux encore. « Je voyais dans les yeux du directeur de l’incubateur qu’il croyait vraiment à mon projet. »

    L’entreprise fait d’ailleurs son chemin plus rapidement que Maxence ses études. « Pas évident de gérer les deux facettes, avoue le jeune patron. J’ai dû plusieurs fois reporter des matières à l’année sui­vante. » En ce mois de mai, il sera enfin diplômé. De son côté, Trustoo n’a pas attendu la cérémonie pour cartonner. Avec plus de 60000 inspec­tions de véhicules par an, cinq salariés et plus de 1 000 prestataires dans sa communauté, l’entreprise vise un chiffre d’affaires de 2 mil­lions d’euros cette année.

    UMI, une plateforme dédiée aux femmes

    Le concept est né de l’expérience personnelle de sa fondatrice, atteinte d’endométriose. « J’ai été diagnostiquée durant mes études en école d’ingénieurs. S’en est suivie une longue galère », relate Clémence. Avec sept ans d’errance médicale en moyenne entre le diagnostic et la mise en place d’un traitement adapté, les femmes souffrant de cette pathologie font face à une réelle pénurie d’information et de spécialistes.

    « Cette expérience m’a sensibilisée à la santé gynécologique de manière plus large. Les problématiques rencontrées pour l’endométriose sont proches de celles constatées pour le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) ou même la ménopause. Tout est compliqué pour ces patientes », déplore Clémence.

    Souhaitant proposer un ser­vice vraiment utile, cette diplômée d’école d’ingénieurs se lance dans un nouveau cursus à l’Essec Business School. « Je le vois comme un outil pour nourrir ce projet. » La jeune femme participe, par exemple, à la chaire de recherche Innovation et Santé de l’école, quand UMI rejoint son incubateur. En parallèle, elle assiste à des cours sur l’entrepreneuriat afin de maîtriser les rouages d’une entreprise ou apprendre à lever des fonds, ou encore à des cours ciblés sur la santé pour mieux appréhender le secteur. « Puis, il y a le réseau de l’école et des anciens diplômés, qui est incroyable. J’ai pu passer des heures à discuter avec des experts. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils acceptent aussi facilement de prendre du temps pour moi », s’étonne encore Clémence.



    Créée en décembre 2023, la plate­forme umi­sante.fr abrite déjà quantité de ressources, dont près de 1000 soignants recommandés (par les patientes elles­-mêmes), un annuaire de professionnels, un blog d’information et une boutique en ligne proposant des produits de santé et bien-être. Mais quand on est aussi étudiant, il faut parfois savoir freiner. « Je dois jongler entre différentes priorités, l’entre­ prise, les examens… Il faut aussi se résoudre à mettre une partie de sa vie étudiante de côté », admet celle qui s’échappe parfois en plein cours pour recevoir un appel important.

    Detective Box, enquêtes à suivre

    « Intégrer l’incubateur m’a permis d’accueillir mon premier stagiaire autre part que dans ma cuisine », sourit Émilie. L’entrepreneuse a lancé Detective Box en terminant tout juste ses études à GEM (Grenoble École de management), en Isère. « Pendant mon cursus, j’étais concentrée sur l’objectif de rembourser mon prêt étu­diant. Je privilégiais les CDD plutôt que les stages et faisais tout ce que je pouvais pour être prête à lancer mon projet une fois mon diplôme en poche », relate cette ancienne boursière. Son idée d’alors est en lien avec les auberges de jeunesse. Lors d’un séjour aux États Unis, elle découvre une collection de jeux d’enquêtes à mener chez soi. « Le concept m’a tout de suite aspirée », se souvient Emilie.



    L’idée de Detective Box, expérience à mi­-chemin entre le jeu de société et la série policière, est née. Elle sera incubée comme il se doit à GEM, où Emilie rencontre des experts de la création d’entreprise et d’autres porteurs de projets. Fin 2022, elle réussit à lever 140 000 euros. « Cela a réellement été le début du business ! » L’année suivante, Detective Box réalise 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. À ce jour, elle propose à ses clients deux enquêtes, découpées en trois épisodes, qui mêlent investigation, escape game, et expériences immersives à 360°.

    L’ancienne étudiante origi­naire de Chambéry (Savoie) a encore des idées à revendre pour développer le concept. Demain, Detective Box gagnera le Royaume Uni, puis les États Unis, avant de rejoindre l’Allemagne et l’Espagne. De quoi nécessiter du renfort. « Aujourd’hui, nous sommes sept personnes. L’objectif est d’être dix cet été », annonce la cheffe d’entreprise.

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