« Moins vous sortirez votre poubelle, moins vous paierez » : dans l’Eure, plusieurs communes passent à un système à puce

La Communauté de communes Roumois Seine a fait installer des puces sur les poubelles pour inciter aux tris. Il y aura un forfait annuel avec une part variable qui pourra aller jusqu’à 30 %.

Pour la Communauté de communes Roumois Seine, l'objectif est de réduire l'enfouissement. #PRESSE30
Pour la Communauté de communes Roumois Seine, l'objectif est de réduire l'enfouissement. #PRESSE30

    La gestion des déchets est un véritable enjeu en milieu rural. La Communauté de communes Roumois Seine a d’abord mis à disposition de ses habitants plusieurs dispositifs de tris : « Je ramasse gratuitement les déchets recyclables et c’est mon problème de les revendre ensuite », annonce Bertrand Pecot, vice-président en charge de l’environnement, de la qualité de l’air, de l’assainissement et des déchets. Maintenant, c’est au tour des ordures ménagères résiduelles d’être chassées. Et cela passera par la fiscalité.

    Le territoire du Roumois Seine compte 41000 habitants pour 40 communes. Il faut en faire des kilomètres en camion pour ramasser, cinq jours par semaine, les poubelles en porte-à-porte. « L’impact carbone et les coûts sont importants pour le contribuable », souligne Bertrand Pecot. Il faut ensuite apporter les collectes dans les déchetteries ou au Cetraval (Centre de traitement et de valorisation des déchets) à Malleville-sur-le-Bec. Sur ce site géré par la société Sdomode, les déchets ultimes sont enfouis dans des casiers afin de produire du gaz transformé en électricité.



    « Nous trions depuis les années 1990, ajoute Bertrand Pecot. D’abord, avec le ramassage au porte-à-porte des poubelles jaunes et par les apports volontaires du verre et des fibreux dans des bacs placés dans chaque commune. Ensuite, grâce à un maillage qui fait que les habitants ont une déchèterie (gratuite pour les particuliers et payante pour les professionnels) à moins de dix kilomètres de chez eux où ils peuvent déposer leurs déchets verts et spéciaux, encombrants, gravats, etc. Nous avons aussi monté une filière pour les papiers de bureau, les archives obligatoires et le placoplâtre. Le tout est de trier afin de valoriser au maximum les matières grâce à des partenaires ou des clients comme pour les branchages qui alimentent des chaudières industrielles. »

    Faire attention au moment des courses

    Pour le vice-président de la Communauté de communes Roumois Seine, « le but est de responsabiliser les habitants afin qu’ils ne portent plus un regard sur le détritus, mais sur le recyclage. Nous y consacrons des investissements conséquents. » Seulement, la collectivité doit toujours faire face aux « déchets résiduels que nous devons traiter et détruire. Nous sommes extrêmement taxés par l’État au tonnage à travers la TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes). Cela pose en plus de vrais problèmes sur les services et un impact environnemental. Alors, il n’y a pas de solution miracle. Il faut trier encore plus ! »

    Pour commencer, au 1er janvier 2024, les biodéchets devront être triés à part par les particuliers. Ce sera la loi. Certains se lanceront dans le compostage pour produire de l’humus tandis que les autres devront les mettre dans des contenants différents : « Pour le moment, nous n’avons pas encore pris de décision. Nous collecterons les collèges, les EHPAD et les restaurants. Pour les particuliers, nous regardons pour de l’apport volontaire dans des papiers kraft », lance comme piste Bertrand Pecot.

    Ce qui est sûr, c’est que le contribuable continuera à payer ce service à travers ses impôts fonciers : « Aujourd’hui, lorsque vous recevez votre feuille d’impôts, il y a la Taxe d’ordures ménagères (TOM). C’est un volet solidaire en fonction des m2 au sol de votre logement. Alors, comme nous avons toujours refusé le principe de la pesée, car elle est propice aux déviances, l’idée est de partir sur un nombre de levées annuelles. On garde la taxe qui est connue de tous – qui sera d’ailleurs la même sur tout le territoire à partir de cette année – et, pour les bons élèves, on ajoute une part variable qui pourra aller jusqu’à 30 %. Moins vous sortirez votre poubelle, moins vous paierez. Une puce comptera le nombre de levées par an. Il y aura un forfait annuel et nous jouerons sur les plus et les moins », annonce le vice-président.

    Des actions auprès des commerçants

    Pour cela, des actions sont menées en parallèle chez les commerçants et auprès des grandes surfaces locales, « pour les inciter à avoir une approche responsable sur les emballages. Certains comprennent bien et réfléchissent déjà à implanter un rayon vrac, travaillent sur les volumes et les produits frais et aussi sur la typologie des emballages. En amont, il faut aussi que les consommateurs fassent attention à ce qu’ils mettent dans leurs caddies. Car, finalement, la taxe ne baissera certainement pas. C’est un dispositif de protection du contribuable contre l’explosion du coût de l’enlèvement et du traitement. Cela pourrait être une hémorragie », prévient Bertrand Pecot. 2023 est une année test. Les choses sérieuses débuteront au 1er janvier 2024 pour une facturation en 2025.